Ventes aux enchères

Semi-échec pour la vente Barbier-Mueller

Par Armelle Malvoisin · lejournaldesarts.fr

Le 25 mars 2013 - 555 mots

PARIS [25.03.13] - Avec un chiffre d’affaires de 8,5 millions d’euros (hors frais) contre des estimations de 14 à 18 millions, la vente de la collection Barbier-Mueller n’a pas connu le succès escompté. Les réclamations du Pérou et du Mexique expliquent en partie cette contre-performance.

C’était la plus importante vente d’art précolombien jamais réalisée en ventes publiques. 14 à 18 millions d’euros étaient attendus pour les 313 pièces de la collection Barbier-Mueller, les 22 et 23 mars à Paris chez Sotheby’s. Le résultat n’est pas à la hauteur des attentes. Seulement 47% des lots ont trouvé preneurs pour 8,5 millions d’euros (10,3 millions d’euros avec frais). « Même s’il est inférieur à nos attentes initiales, ce résultat reste satisfaisant dans le contexte particulier qui s’est développé récemment autour de cette vente », a commenté Guillaume Cerutti, P-DG de Sotheby’s France.

Le contexte, ce sont les réclamations lancées successivement par le Pérou le 27 février, puis par le Mexique la veille de la vente, sur plusieurs pièces de la collection, par voie de presse, sans que soit enclenchée de procédure judiciaire. Même si aucune des pièces n’était litigieuse au regard de la législation internationale, l’effet d’annonce de ces pays sources a été préjudiciable à la vacation. Cela a eu pour effet l’annulation des ordres d’achat des musées américains dont le Musée de Dallas qui souhaitait enchérir sur plusieurs pièces majeures. Le « tapage » mexicain a probablement découragé aussi quelques acheteurs privés.

Mais ce n’est pas le seul problème de cette vente décrochée par Sotheby’s contre Christie’s, en spéculant sur des prix de vente hors marché. Grand classique mexicain du Veracruz, une statuette « Souriante » en céramique surestimée 30 000 à 35 000 euros a, par exemple, été ravalée. Quelques jours plus tôt, une autre « Souriante » d’aussi belle qualité était vendue au prix normal de 18 000 euros à Tefaf (Maastricht) sur le stand de la galerie parisienne 1492.

Le semi-naufrage de la collection Barbier-Mueller tient aussi à une trop grande quantité de pièces livrée sur un marché relativement étroit. Enfin, l’augmentation des frais acheteurs, rappelée oralement par Sotheby’s avant le coup d’envoi, a contribué à refroidir l’ambiance d’une salle morne.

Les lots les plus importants étaient regroupés dans la session du 22 mars au soir qui a totalisé à elle-seule 6,1 millions d’euros (7,3 millions d’euros avec frais), soit 71% de la vente en valeur. Le marteau est tombé à 1,7 million d’euros (2 millions d’euros avec frais) pour la grande Vénus Chupicuaro, devant son premier propriétaire Guy Joussemet qui avait rapporté la céramique de 71 cm du Mexique, dans ses bras, par avion au début des années 1960. La Chupicuaro a décroché le record mondial pour une céramique précolombienne, laissant le record absolu en art précolombien à une divinité Maya adjugée 2,9 millions d’euros (avec frais) en 2011 à Drouot (SVV Binoche & Giquello). Le canard tarasque est parti à 1,3 million d’euros (1,6 million d’euros avec frais), contre une estimation de 1,5 à 2 millions d’euros. Une sculpture en pierre du Costa Rica s’est envolée à 600 000 euros (721 500 euros avec frais), à trois fois l’estimation haute. Estimées 400 000 et 500 000 euros minimum chacune, deux sculptures aztèques en basalte représentant la déesse de l’eau n’ont pas été vendues. Mais elles ont immédiatement fait l’objet d’after sale.

Légendes photos

La collection Barbier-Mueller sur le site de Sotheby’s - source www.sothebys.com

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