Design

Pierre Jeanneret, ses meubles pour l’Inde

Par Marie Potard · Le Journal des Arts

Le 30 septembre 2020 - 427 mots

François Laffanour expose une valeur sûre : le mobilier du créateur réalisé pour la ville de Chandigarh en Inde entre 1955 et 1965.

Paris.À la suite de l’Indépendance de l’Inde en 1947, décision est prise de construire une nouvelle capitale : Chandigarh. En 1951, c’est l’architecte français Le Corbusier, reconnu internationalement, qui se voit confier cette mission. Véritable visionnaire en matière d’urbanisme, ses projets convainquent le gouvernement indien qui veut se tourner vers l’avenir. Tout naturellement, l’architecte fait appel à son cousin qui travaille à ses côtés, le designer suisse Pierre Jeanneret (1896-1967). Jeanneret est ainsi chargé, entre autres, d’imaginer le mobilier tant privé que public de la nouvelle cité.

Première exposition en galerie

« Cela fait une vingtaine d’années que je m’intéresse à ses meubles – mon premier voyage en Inde date de 1998-1999. Or je ne lui avais jamais consacré d’exposition en galerie, sauf sur les salons. Aujourd’hui, ces créations ont un succès fou, je trouvais alors intéressant de faire un point et de montrer ce que j’ai exposé depuis », explique François Laffanour. À la fin des années 1990, l’administration de Chandigarh commence à vendre aux enchères ce mobilier devenu vétuste et dont elle n’a pas conscience de la valeur patrimoniale. « Quand j’ai acquis ce mobilier, il était stocké sur les toits, au rebut. Tout était très abîmé, mais j’ai acheté sur une intuition », raconte le galeriste. Avant de le mettre sur le marché il y a une dizaine d’années, il prend le temps de l’observer et de mieux le connaître. Depuis, les prix n’ont fait que croître et il faut compter en moyenne entre 6 000 et 30 000 euros selon les pièces – aux enchères, une table de bibliothèque éclairante, vers 1966, s’est vendue 193 452 euros, un record. « Avec ces meubles – qui sont dans des fourchettes de prix plus abordables que Charlotte Perriand et Jean Prouvé –, il est plus aisé de débuter une collection », souligne François Laffanour, avant de préciser : « Ces meubles, exclusivement en teck, ont été très copiés ou restaurés de façon catastrophique. Dans cette exposition, je garantis provenance et authenticité ! »

Pour l’occasion, une trentaine de pièces ont été rassemblées, pour des prix allant de 8 000 à 150 000 euros. On peut y découvrir notamment une chaise écritoire en teck, pieds compas, assise et dossier cannés, provenant de l’université du Pendjab ou encore une table de salle en teck réalisée pour la cafétéria du PGI Hospital. Clin d’œil à Le Corbusier, le galeriste expose un exemplaire d’une des bornes lumineuses qui éclairaient les rues de la ville.

Jeanneret. Chandigarh, 1955-1965,
jusqu’au 31 octobre, Galerie Downtown-Laffanour, 18, rue de Seine, 75006 Paris.

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Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°552 du 2 octobre 2020, avec le titre suivant : Pierre Jeanneret, ses meubles pour l’Inde

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