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PHOTOGRAPHIE

Philip-Lorca Dicorcia chez David Zwirner 

Philip-Lorca diCorcia, la griffe d’un œil

Par Christine Coste · Le Journal des Arts

Le 3 juillet 2020 - 410 mots

PARIS

Le photographe américain a connu, au tournant du millénaire, une évolution de son art en collaborant avec un magazine de mode. Cette expérience est exposée à la Galerie David Zwirner.

Philip-Lorca diCorcia, W, September 2000, #6, 2000. © Philip-Lorca diCorcia / David Zwirner
Philip-Lorca diCorcia, W, September 2000, #6, 2000.
© Philip-Lorca diCorcia / David Zwirner

Paris. L’exposition « Philip-Lorca diCorcia » à la galerie David Zwirner compte parmi les moments phares du printemps. Exceptés son installation conçue pour l’exposition Edward Hopper au Grand Palais en 2012 et les « Polaroids » présentés par sa galerie parisienne en 2019, rares sont les occasions de voir en France les photographies de cet auteur majeur (né en 1951). Il a en effet été l’artisan d’un renouveau de la photographie de rue et de la photographie conceptuelle, à la fin des années 1970, au même titre que Jeff Wall ou John Baldessari.

Cette sélection de onze photographies issues des commandes passées par le magazine de mode W entre 1997 et 2008 avait été découverte en 2011 chez David Zwirner à New York et avait donné lieu au livre Eleven : W Stories 1997-2008 aux éditions Damiani.

L’expérience « W »

La collaboration de Philip-Lorca diCorcia avec ce magazine américain marque son entrée dans le milieu de la mode. Lui qui avait toujours boudé les autres propositions de ce type, il accepta celle de Dennis Freedman à son arrivée à la direction artistique de W : il lui garantissait l’intégrité de ses histoires. La carte blanche qui lui fut offerte pour photographier les dernières créations de mode a donné au photographe new-yorkais d’autres conditions de travail et lui a permis de voyager. Son style n’a rien perdu au passage. São Paulo, Los Angeles, La Havane, Le Caire ou Paris : on retrouve, dans les saynètes imaginées dans leurs moindres détails, la vision au vitriol des codes sociaux des sociétés huppées ou, au contraire, le regard vif sur les solitudes urbaines. Les vêtements griffés y sont davantage des codes couleurs que des signes extérieurs de richesse. La tension, le mystère, la charge érotique sont palpables, y compris dans le portrait d’Isabelle Huppert, l’unique « célébrité » que Philip-Lorca diCorcia a photographié pour cette série.

On retrouve aussi tout son sens de la composition, de l’usage de la couleur et de la lumière, sans oublier ses références dont son indéfectible attachement à Hopper et au cinéma américain. Jaillissent aussi de ses clichés ses propres questionnements sur la photographie, dans ses notions de vrai et de faux, de paraître et de réel, de réalité et de fiction… Photographie à partir de 30 000 $ (26 776 €) en édition de 15.

Philip-Lorca diCorcia,
jusqu’au 5 juillet, Galerie David Zwirner, 108, rue Vieille-du-Temple, 75003 Paris.

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Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°548 du 19 juin 2020, avec le titre suivant : Philip-Lorca diCorcia, la griffe d’un œil

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