Foire & Salon

FOIRE DE PHOTOGRAPHIE

Paris Photo 2018 confirme son leadership

Par Christine Coste · Le Journal des Arts

Le 14 novembre 2018 - 875 mots

PARIS

La bonne tenue de la 22e édition, que ce soit sur le plan des offres ou des ventes, atteste de la solidité de sa formule.

Paris. L’édition 2018 de Paris Photo n’a pas failli à la réputation de la foire. « Le niveau de qualité a été exceptionnel », relève Jorge Mara, fondateur et directeur de La Ruche, galerie généraliste réputée de Buenos Aires. Pour sa deuxième participation, cet habitué des foires d’art contemporain qui s’apprête à participer aussi à Art Basel Miami Beach affirme y trouver une qualité d’enseignes et d’interlocuteurs rare. Cette édition a« été moins concluante en ventes que celle de l’an dernier », tempère-t-il toutefois, du moins en ce qui le concerne. « Il y a trop de foires ! », dit-il. « Mais les institutions étaient là », note-t-il à l’instar de la plupart de ses confrères, y compris des éditeurs. L’université du Colorado a ainsi acheté au Bec en l’air (Marseille) tous ces livres photo bilingues. Une première pour cette maison d’édition.

L’intérêt pour le médium sous toutes ces formes, périodes ou origines ne s’est pas démenti, ni les grands écarts de prix, allant de 600 euros à plus de un million d’euros pour un Warhol chez Gagosian. La qualité diverse des tirages pour un même Avedon ou Robert Frank a rappelé par ailleurs que la photographie est un multiple.

Le succès de Paris Photo auprès des visiteurs ne faiblit pas, même si d’un stand à l’autre les satisfactions sur les plan des ventes diffèrent. Le dernier jour de la foire a toutefois permis à certains de ne pas repartir trop déçus ou inquiets pour leur bilan 2018, compte tenu du coût élevé des stands. Des artistes référencés mais peu vus ces derniers temps, tels que Marie-Jo Lafontaine, ou des « juniors » comme Felix Dobbert (tous deux chez Caroline Smulders, Paris), ont ainsi rencontré dans les dernières heures de Paris Photo l’intérêt de Sud-Américains. Rosegallery (Santa Monica) a vendu pour sa part jusque dans la dernière demi-heure de la foire.

Les galeries d’art contemporain en quête de nouveaux acheteurs

L’après-foire est caractérisé par un important travail de suivi des contacts établis pour les enseignes qui sera déterminant pour leur bilan. Les galeries d’art contemporain qui participaient pour la première fois à Paris Photo, comme In Situ-Fabienne Leclerc (Paris), ne cachaient pas leur désir d’y trouver de nouveaux collectionneurs, différents de ceux de la Fiac. Ce qui fut le cas le dernier jour, avec des primo-acheteurs pour Lynn Cohen et Constance Nouvel.

Nombre de collectionneurs ou acheteurs demeurent encore sur les circuits de Howard Greenberg (New York), Thomas Zander (Cologne), Hamiltons (Londres), Pace/MacGill (New York), Julian Sander (Cologne) ou Gagosian, et des enseignes comme Gilles Peyroulet & Cie (Paris), Krause (New York), Sage (Paris), Françoise Paviot (Paris) ou Kicken (Berlin) font plus que jamais référence pour la grande qualité de leurs tirages d’époque et leurs exclusifs. D’autre part, des galeries telles que Suzanne Tarasieve (Paris), Anita Beckers (Francfort-sur-le-Main), Rose, Éric Dupont (Paris) ou Lumières des roses (Montreuil) affirment d’édition en édition des partis pris marquants sur des registres différents. Mais des galeries plus « jeunes », de moins de 10 ans, telles que Binome (Paris) ou Jean-Kenta Gauthier (Paris) se disent satisfaites de leurs ventes.

Différentes tendances émergent de cette édition. Plus nombreuses qu’à l’accoutumée, les propositions pointues, élargissant le spectre de la création photographique des années 1970-1980 ou actuelles, ont marqué cette édition au même titre que le corps comme manifeste de revendications ou d’état, le retour aux techniques anciennes revisitées ou à des approches plus picturales. Non sans succès pour le premier solo show consacré par une foire à Joan Lyons (Steven Kasher, New York), à Jorma Puranen (Purdy Hicks, Londres) ou encore à la série « Vingt-quatre heures de la vie d’une femme ordinaire » (1974) de Michel Journiac (Christophe Gaillard, Paris). L’intérêt est aussi vif pour la scène contemporaine et pour certains de ses représentants : Mathieu Pernot, Taysir Batniji, Agnès Geoffray ou Thierry Fontaine… Des photographes qui faisaient leurs premiers pas à Paris Photo, de James Natchwey (Contrasto, Milan) à Julien Magre (Le Réverbère, Lyon), ont trouvé aussi leur « clientèle ».

En dehors de Paris Photo

Reste que le parterre d’enseignes particulièrement dense exige de la part des visiteurs une attention et une curiosité soutenues.

De ce point de vue, le positionnement du salon Approche par son choix limité à 14 travaux spécifiques inédits ou méconnus d’artistes ou de photographes représentés par 13 galeries, d’Erik Dietman (Papillon, Paris) ou Maya Rochat (Seen Fifteen, Londres) à Emmanuelle Fructus ou à la très jeune Marie Clerel (Binome), a séduit. Pour sa deuxième édition organisée dans un hôtel particulier du 1er arrondissement, cette foire nouvelle formule a connu un franc succès auprès des institutions, des collectionneurs en particulier étrangers, mais aussi pour la première fois auprès de galeries. Le parti pris radical des pièces exposées couplé aux prix, rarement supérieurs à 2 700 euros, ne sont certainement pas étrangers à sa bonne réception.

La vente « Modernism » chez Sotheby’s, l’une des trois ventes photo phares de ce deuxième semestre, qui offrait des pièces historiques mais à des prix bien trop élevés, a, elle, fait un flop, rappellant que le marché de la photographie n’est pas celui de l’art contemporain. Il a en été de même pour la vente « Sugimoto » chez Christie’s.

 

 

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Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°511 du 16 novembre 2018, avec le titre suivant : Paris Photo 2018 confirme son leadership

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