Ventes aux enchères

Monnaie sonnante et trébuchante

Une collection de pièces exceptionnelles proposée à Drouot

Par Armelle Malvoisin · Le Journal des Arts

Le 25 octobre 2002 - 652 mots

Une collection numismatique prodigieuse de 293 lots de monnaies françaises, de l’ancienne Gaule à la Convention, sera mis en vente à Drouot le 29 octobre. Cet ensemble appartenant à un grand amateur d’art a été constitué par trois générations de collectionneurs qui ont privilégié la rareté et la qualité de conservation.

PARIS - “Finis coronat opus” (La fin couronne l’œuvre) : le destin d’une collection qui arrive à un haut niveau de qualité est de retourner sur le marché. Ainsi en est-il de cet ensemble important de monnaies françaises en or et en argent qui sera dispersé le 29 octobre à Drouot. Il s’agit de la propriété d’un grand amateur d’art qui a voulu rester anonyme. Mais ce patrimoine, réuni sur près d’un siècle – car provenant en grande partie de la transmission de plusieurs générations d’amateurs – est un florilège des plus beaux fleurons de la numismatique, tant du point de vue historique qu’artistique. Parmi les monnaies offertes, gauloises, mérovingiennes, carolingiennes et royales – de Philippe IV Le Bel à Louis XVI –, certaines sont très rares, d’autres moins, mais tous les lots ont été choisis dans un état de conservation exceptionnel, un critère primordial pour un numismate éclairé. “Ce collectionneur était particulièrement perfectionniste”, souligne l’expert Françoise Berthelot-Vinchon. Or si beaucoup de “superbes” exemplaires mais très peu de “fleur de coin” – qualificatif supérieur équivalent à “neuf” – sont inscrits au luxueux catalogue, c’est que l’expert a aussi voulu être exigeant, tout en reconnaissant que plusieurs lots méritaient cette dernière mention.

Nombre de pièces appartenant à diverses périodes historiques suscitent en effet un grand intérêt, à commencer par quelques exemplaires des 65 monnaies gauloises. Le lot 49, un statère d’or de la région de Paris représentant une tête de toute beauté, une variété intéressante et très rare au décor de cordons perlés, est estimé 32 à 34 000 euros. “On en connaît seulement deux exemplaires, l’un au Musée Dobrée de Nantes, l’autre à la Bibliothèque nationale”, précise l’expert. Deux autres statères d’or inspirés de ceux de Lysimaque, roi de Thrace, et montrant une tête stylisée à l’allure étonnamment surréaliste (lots 59 et 60), sont proposés autour de 12 000 euros. Le monnayage gothique est caractérisé par la représentation du roi en majesté. Pour 14 000 euros, le lot 88, un parisis d’or glorifiant Philippe VI de Valois assis sur un trône à baldaquin, en est un bel exemple. Selon Françoise Berthelot-Vinchon, “sa frappe est très nette et les détails du portrait comme le nez, la bouche et même le sourire sont précis au millimètre près”. Une très belle série sur François Ier (lots 156 à 177) succède à plusieurs Louis remarquables. Notons un buste de Louis XII, roi de France et duc de Milan, sur un double ducat d’or, l’un des premiers portraits de la Renaissance italienne. D’un style très beau, il est estimé 30 000 euros. Mais le clou de la vente revient à un portrait de Louis XIII estimé 75 000 euros, pièce d’hommage de quatre louis d’or (c’est-à-dire un grand module à présenter au roi pour accord en vue d’une émission), réalisée par le graveur Jean Watrin, à l’époque en charge de la réforme monétaire. On connaît peu de pièces semblables à ce spécimen d’une insigne rareté et dont le type fut adopté et vulgarisé jusqu’à Louis XVI.

Cette dispersion – la première moitié, chronologiquement parlant, de la collection – s’imposera certainement dans l’histoire des grandes ventes de monnaies précieuses. La seconde partie qui comprend des séries de pièces importantes du Consulat à la IIIe République, est attendue pour le courant de l’année 2003.

COLLECTION NUMISMATIQUE D’UN AMATEUR D’ART

Vente le 29 octobre à Drouot-Richelieu par Renaud-Giquello & associés, tél. : 01 47 70 48 95 ; expositions : jusqu’au 28 octobre chez les experts, 77 rue de Richelieu, 75002 Paris (tél. : 01 42 97 50 00), le 29 octobre à Drouot-Richelieu de 11h à 12 h.

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Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°157 du 25 octobre 2002, avec le titre suivant : Monnaie sonnante et trébuchante

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