Ventes aux enchères

Art d’après-guerre et contemporain

Londres dans les étoiles

Après l’art moderne au début du mois, l’art contemporain rejoint, à son tour, le firmament

Par Armelle Malvoisin · Le Journal des Arts

Le 3 mars 2010 - 742 mots

LONDRES / ROYAUME-UNI

LONDRES - Une semaine après les ventes londoniennes d’art moderne qui ont porté au sommet la sculpture d’Alberto Giacometti, L’Homme qui marche I, adjugée au prix record de 65 millions de livres sterling (74,2 millions d’euros), les ventes d’art contemporain ont particulièrement brillé à Londres les 10 et 11 février.

Sotheby’s et Christie’s affichent respectivement un taux de réussite de 96 % et 90 % de lots vendus, et de 98,4 % et 96 % en valeur. Avec 54,1 millions de livres sterling (61,5 millions d’euros) de produit de vente, Sotheby’s enregistre un de ses plus forts résultats pour une vente d’art contemporain à Londres. La vacation était solidement construite autour de 49 œuvres du groupe Zéro issues de la collection allemande Lenz Schönberg. En raison de sa fraîcheur sur le marché, de sa qualité, de son état de conservation et de sa provenance, cet ensemble s’est très bien vendu. En tête, F 88 (1961), peinture de feu d’Yves Klein, et Concetto Spaziale, New York 26 (1962), grand cuivre lacéré de Lucio Fontana, ont été respectivement acquis pour 3,2 et 3 millions de livres sterling (3,6 et 3,4 millions d’euros) par des collectionneurs européens.

« Cette vente a aussi contribué à la reconnaissance d’artistes moins connus du groupe Zéro, tels Heinz Mack et Otto Piene pour lesquels des records ont été atteints », souligne Grégoire Billault, directeur du département d’art contemporain chez Sotheby’s France. La collection Lenz a totalisé 23,2 millions de livres sterling (26,4 millions d’euros), le double de l’estimation basse. Hors collection, la plus haute enchère de la vente récompensait une composition de 1983 par Willem de Kooning, partie pour 3,9 millions de livres sterling (4,4 millions d’euros), au-dessus de son estimation haute. Signalons encore Saint Anton (Flat Light) (1995-1996), paysage enneigé de Peter Doig, et Autoportrait au coquard (vers 1978), petite huile sur toile (18,8 x 14,3 cm) de Lucian Freud, emportés pour 2,8 millions de livres sterling (3,2 millions d’euros) chacun, ainsi qu’un Portrait de Léon Kossof (1956) par Frank Auerbach, au fusain et à la craie sur papier, estimé 80 000 livres sterling et envolé à 1 million de livres sterling (1,1 million d’euros).

Belle ambiance
Le lendemain, chez Christie’s, on observait un marché tout aussi fort, avec des prix dépassant les attentes, notamment pour une rare Anthropométrie (1962) de Klein, peinture de feu avec pigments, estimée 2 millions de livres sterling et adjugée 4,1 millions de livres sterling (4,6 millions d’euros). Pour Florence de Botton, directrice internationale du département chez Christie’s, « il y avait une belle ambiance et cela fait plaisir. On sent à nouveau une envie de collectionner l’art de la part de nombreux acheteurs européens disposant d’importantes liquidités.

La qualité des ventes en hausse suscite l’intérêt des amateurs et nous a permis d’obtenir d’excellents résultats ». La vente, qui a totalisé 39,1 millions de livres sterling (44,5 millions d’euros), a été marquée par un record pour Alighiero Boetti avec Ononimo (1973), emporté pour 1 million de livres sterling (1,1 million d’euros), quatre fois l’estimation basse ; un record pour Antoni Tàpies avec Blanc amb signe vermellós (White with Reddish Sign) (1963), adjugé 993 250 livres sterling (1,1 million d’euros), trois fois l’estimation basse ; ou encore un second meilleur prix pour Martin Kippenberger avec Fliegender Tanga (1982-1983), belle œuvre picturale formée de cinq toiles, achetée par le courtier Philippe Ségalot pour 2,5 millions de livres sterling (2,8 millions d’euros), deux fois l’estimation haute.

Mais la plus grande surprise est venue du premier lot de la vacation, Bucky (2007), tableau de Matthew Day Jackson estimé 30 000 livres sterling (34 000 euros). Quinze enchérisseurs ont porté son prix final à 601 250 livres sterling (684 000 euros). Même s’il s’agit du « plus beau tableau de l’artiste » aux dires de connaisseurs, il faut mettre en rapport l’explosion de la cote du peintre émergent avec l’exposition dont il a pu bénéficier à la Pointe de la douane, à Venise (Italie), aux côtés d’artistes plus confirmés de la collection François Pinault. Malgré ces résultats exceptionnels en art d’après-guerre et contemporain, il n’est pas question pour l’instant d’augmenter les volumes de ventes. Chez Sotheby’s comme chez Christie’s, on entend le même son de cloche : « Nous voulons rester sélectifs. »

CHRISTIE’S

Estimation : 26 à 38 millions de livres sterling (30 à 43 millions d’euros)
Résultats : 39,1 millions de livres sterling (44,5 millions d’euros)
Nombre de lots vendus/invendus : 46/5
Lots vendus : 90 %
Pourcentage en valeur : 96 %

SOTHEBY’S

Estimation : 32 à 45 millions de livres sterling (36 à 51 millions d’euros)
Résultats : 54,1 millions de livres sterling (61,5 millions d’euros)
Nombre de lots vendus/invendus : 74/3
Lots vendus : 96 %
Pourcentage en valeur : 98,4 %

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Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°320 du 5 mars 2010, avec le titre suivant : Londres dans les étoiles

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