Loin des soubresauts boursiers

Par Roxana Azimi · Le Journal des Arts

Le 5 octobre 2011 - 494 mots

Ces quinze dernières années, le marché de l’art a toujours semblé immunisé, insubmersible comme déconnecté du monde réel. Les soubresauts boursiers, les aléas financiers n’y ont jamais rien fait.

Lorsque, entre octobre 2002 et janvier 2003, l’indice Dow Jones fléchissait de 4 %, le marché de l’art connaissait une embardée de 7,6 % aux États-Unis. Les attentats du 11 septembre 2001 avaient provoqué l’annulation de la première édition d’Art Basel Miami Beach, mais, au bout de six mois, le monde de l’art s’était ressaisi. Les plaques tectoniques de l’art et de la finance semblent s’être détachées l’une de l’autre, même si certains gros acheteurs, comme Steve Cohen, sont des hedge-funders. Ainsi la vente de charité Artists for Haïti, organisée le 23 septembre par David Zwirner chez Christie’s New York, s’est-elle très bien passée en totalisant 13,7 millions de dollars (10,1 millions d’euros) avec quatre records à la clé. Une mappemonde d’Adel Abdessemed a atteint 350 000 dollars, tandis qu’une toile de Glenn Ligon s’est propulsée à 450 000 dollars. Fort de ces bons résultats, les pronostiqueurs ont désormais les yeux rivés sur les ventes new-yorkaises de novembre, baromètre d’un certain pan du marché. « L’ambiance est bien meilleure aux États-Unis qu’en Europe », observe Alexandre Carel, spécialiste chez Christie’s.

Les ventes de novembre réserveront plus d’intérêt sans doute sur le plan de l’art contemporain, notamment avec une trentaine d’œuvres de la collection du Belge Anton Herbert chez Christie’s, ou quatre tableaux de Clyfford Still vendus par la ville de Denver chez Sotheby’s. La moisson en art moderne semble plus faible, faute de successions intéressantes. Christie’s proposera néanmoins une Danseuse de Degas estimée à 25 millions de dollars. La difficulté à boucler les catalogues n’est certes pas liée au contexte boursier, puisque la majorité des pièces a commencé à être consignée dès le printemps et avant l’été. Si la maison de François Pinault offre une estimation globale de 25 millions de dollars pour la collection Norton, elle ne se résout cependant pas encore à fournir des évaluations individuelles pour les pièces majeures de la collection. « Nous sommes obligatoirement attentifs, nous avons moins de marges de manœuvre pour les estimations », confie Thomas Seydoux, spécialiste chez Christie’s.

La rentrée des maisons de ventes n’est pas celle des galeries. Certes, certaines ont fait florès. Georges-Philippe et Nathalie Vallois (Paris) ont cédé une bonne partie de leur exposition de la rentrée dédiée au Brésilien Henrique Oliveira. « Au-delà du contexte bon ou mauvais, la prise de risque avec un artiste nouveau est payante », constate Georges-Philippe Vallois. « Nous sommes optimistes sur notre programme d’artistes et sur la place qu’ils sont en train de prendre, et en même temps, il est difficile de s’abstraire du contexte économique », tempère, pour sa part, Michel Rein (Paris). Mais l’inquiétude taraude surtout les galeries qui n’ont pas été retenues à la Fiac (lire pp. 19 à 34), un salon synonyme d’un chiffre d’affaires important pour les enseignes françaises.  Roxana Azimi

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°354 du 7 octobre 2011, avec le titre suivant : Loin des soubresauts boursiers

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