États-Unis - Foire & Salon

Les nouveaux visages de l’Armory Show

Par Capucine Moulas, correspondante à New York · lejournaldesarts.fr

Le 9 mars 2018 - 728 mots

NEW YORK / ETATS-UNIS

Inaugurée jeudi au milieu de la tempête de neige, la foire organisée par la nouvelle directrice Nicole Berry, se veut plus prospective.

Nicole Berry, directrice de l’Armory Show
Nicole Berry, directrice de l’Armory Show
Photo Justin Barbin, 2018
Courtesy The Armory Show

« C’est amusant, on dirait que l’on parle d’un musée », relève en souriant Tom Finkelpearl, des services culturels de la ville de New York, entre les élégantes cloisons blanches du Pier 92, l’une des deux longues jetées qui, avec sa voisine Pier 94, accueille l’Armory Show du 8 au 11 mars à New York. En ce mercredi 7 mars, coup d’envoi pour les VIP et la presse de cette grand’messe de l’art contemporain, tous les yeux sont tournés vers le nouveau visage de l’Armory : Nicole Berry, promue à la tête de la foire au mois de novembre, après le départ de son prédécesseur, Ben Genocchio –que personne ne mentionne– suspecté de harcèlement sexuel.

Les défis sont multiples pour la nouvelle directrice exécutive. Comment rester incontournable dans un monde de l’art où foisonnent les foires ? Comment être original sans oublier les lois du marché ? Nicole Berry, cheveux platine portés très courts, robe blanche et longue veste noire, prononce un discours consensuel et, comme le notait Tom Finkelpearl, résolument tourné vers les sections conçues par les commissaires d’exposition. Premier changement : le nombre d’exposants a été réduit de 210 l’an dernier à 198 sur le site Pier 94, pour étendre l’espace des stands et « mettre l’accent sur la qualité et l’expérience », explique la directrice.

Pièces monumentales et nouveaux visages
Parmi les autres nouveautés, l’Armory Show accueille pour la première fois un forum d’une journée entière le 9 mars, consacré aux commissaires d’exposition. Les œuvres monumentales sont aussi à l’honneur dans cette édition, avec les 15 créations de la section « Platform », semées à travers la foire et pensées par la commissaire Jen Mergel. « C’est la première fois que cette section est aussi vivante, en mouvement », observe-t-elle. « Nous voulions vraiment créer une interaction entre le public et les supports, sans que cela soit limité à l’échelle d’un stand. Nous voulions engager les visiteurs avec l’art. »

Autre affirmation : l’Armory Show fait cette année la part belle aux nouveaux artistes, en étendant de 50 % l’exposition « Focus », conçue par le commissaire Gabriel Ritter sur le thème du corps influencé par la technologie. « Focus » compte 28 galeries, contre 12 l’an dernier. « Dans le contexte d’une foire d’art, il y a toujours une sorte d’urgence à trouver le meilleur, le plus tendance. Ici, je trouve plus intéressant de voir les gens découvrir quelque chose de nouveau pour eux, qui n’est d’ailleurs pas nécessairement nouveau dans l’histoire artistique. Les œuvres dans cette présentation datent de 1970 jusqu’à nos jours », détaille Gabriel Ritter.

Les jeunes galeries s’éveillent
Sur le vaste espace du Pier 94, où se pressent les premiers visiteurs, les galeries de moins de dix ans s’exposent dans la partie « Present » de la foire. Alex Mor, co-directeur de la galerie parisienne Mor Charpentier compte parmi ces jeunes galeries. « On vit des moments compliqués et les galeries ont parfois tendance à présenter des choses plus conservatrices. Mais cette année, on a l’impression que certaines se sont lâchées, qu’elles sont sorties de leurs zones de confort pour présenter des projets qui vont très loin, des installations difficiles, une seule pièce, des solos shows, ou des œuvres monumentales. »

Louise Stefanii, commissaire « de la jeune génération » basée à New York, est elle aussi agréablement surprise : « Il y a une évolution dans la qualité des pièces. L'Armory avait la réputation de présenter beaucoup d'œuvres pop, faciles d'accès. Mais les galeries commencent à ramener des artistes plus intellectuels. » 

En cette journée d’avant-première, le ciel new-yorkais, agité par une tempête de neige, n’y met cependant pas du sien. Malgré le mauvais temps, « on a déjà des réservations en cours et on a quand même vu des gens importants, y compris des Européens. Pourtant je sais que de nombreux collectionneurs qui devaient venir ont eu leurs vols annulés », observe Georges-Philippe Vallois, de la galerie parisienne Georges-Philippe & Nathalie Vallois. Il regrette toutefois « quelques absences de jeunes confrères français intéressants, comme Valentin ou Godin, par exemple ». Dans cette atmosphère chaleureuse malgré la grisaille, les galeristes se tiennent prêts à accueillir les 65 000 visiteurs qui se pressent chaque année aux portes de la foire.

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