Les ventes publiques chutent malgré quelques records, confirmant un tassement du marché face aux incertitudes mondiales.

Signe révélateur, plusieurs maisons de vente ont décidé cette année de ne pas communiquer leur bilan du premier semestre, dont Aguttes, Artcurial et Bonhams, qui figurent habituellement parmi les cinq premières. Les huit autres plus importants opérateurs (qui représentent plus de la moitié des ventes aux enchères d’œuvres d’art en France) totalisent 416,5 millions d’euros, contre 511 l’an passé soit une baisse de 18,5 %. C’est moins qu’en 2023 et 2022, mais plus qu’en 2019 – période pré-Covid.
Christie’s conserve la première place malgré une baisse de 26 %. La maison de la famille Pinault n’a pas eu de collection comparable à celle de Barbier-Mueller, qui avait rapporté 73 millions d’euros. Son lot le plus cher vendu pour ce premier semestre est Jane Avril au Divan Japonais, de Henri de Toulouse-Lautrec (5,3 M €).
En deuxième position, Sotheby’s atteint 109 millions d’euros, en baisse de 18 % par rapport à 2024, avec une vente en moins (23 contre 24). En revanche, c’est elle qui a vendu l’œuvre la plus chère du semestre en France, Le Bar aux autruches de François-Xavier Lalanne, adjugée 11,1 millions d’euros le 20 mai.
Millon vient en troisième position avec un total de 52 millions d’euros. La maison de ventes affiche, elle, une progression de 13 %. « La greffe italienne prend magnifiquement », souligne Alexandre Millon – bien que le chiffre de Il Ponte, la maison italienne rachetée par Millon en septembre dernier, ne soit pas inclus – ; cela a contribué à élargir la clientèle en France.
Piasa, en quatrième position, accuse une baisse de 32 %, due au report à octobre prochain de la deuxième vente de la collection Kahn. Les maisons Ader, Osenat et Tajan enregistrent également un recul. Seul Giquello enregistre une forte hausse, de 49 %. La vente du sabre de Napoléon pour 4,7 millions d’euros à Drouot le 22 mai dernier n’y est pas étrangère.
Ce repli s’inscrit dans un contexte global de contraction du marché de l’art. Plusieurs facteurs permettent d’éclairer cette baisse. D’abord, le ralentissement économique mondial – conjugué à la stagnation française – combiné à une instabilité géopolitique persistante (conflit en Ukraine, à Gaza, en Iran, tensions en mer de Chine, guerre des tarifs douaniers avec Trump…) renforce la prudence des collectionneurs. Sur le segment haut de gamme, les acheteurs internationaux se sont montrés plus sélectifs, notamment en raison de la remontée des taux d’intérêt et de la volatilité des marchés financiers.
Acheteurs prudents mais aussi vendeurs prudents. Le calendrier des ventes a été moins riche en lots majeurs et grandes collections. Seules deux collections ont dépassé les 10 millions : Niomar Moniz Sodré Bittencourt (11,4 M €) chez Sotheby’s et Onzea-Govaerts (10,05 M €) chez Christie’s. Paris a souffert d’un manque de pièces « blockbusters » susceptibles d’attirer les collectionneurs internationaux. À cela s’ajoute une fragmentation du marché qui se poursuit : la multiplication des ventes en ligne dilue l’offre et l’attention des acheteurs, sans toujours garantir la qualité. Enfin, la concurrence entre maisons de vente s’accentue, avec une surenchère sur les estimations qui peut décourager vendeurs et acheteurs.
| Produit d'adjudication | 2019 | 2022 | 2023 | 2024 | 2025 | 2025 vs 2024 |
| Christie's | 85 M€ | 300,5 M€ | 114 M€ | 203 M€ | 150 M€ | -26,1 % |
| Sotheby's | 123 M€ | 165 M€ | 153 M€ | 133 M€ | 109 M€ | -18 % |
| Millon | 24,2 M€ | 49,7 M€ | 45,6 M€ | 45,9 M€ | 52 M€ | 13,3 % |
| Piasa | 13 M€ | 24 M€ | 32 M€ | 37 M€ | 25 M€ | -32,4 % |
| Ader | 19 M€ | 28 M€ | 32,5 M€ | 26 M€ | 24 M€ | -7,7 % |
| Giquello | 13 M€ | 7,4 M€ | 13,9 M€ | 15 M€ | 22,3 M€ | 48,7 % |
| Osenat | 10,2 M€ | 20 M€ | 21,7 M€ | 36,5 M€ | 21,2 M€ | -41,9 % |
| Tajan | 20 M€ | 17,4 M€ | 17 M€ | 14,5 M€ | 13 M€ | -10,3 % |
| Total | 307,4 M€ | 612 M€ | 429,7 M€ | 510,9 M€ | 416,5 M€ | -18,5 % |
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Les enchères en France ont plongé de 18,5 % au premier semestre
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