Le court calendrier du second semestre et la pâleur des ventes annoncées ne vont pas aider à compenser la chute de 16 % des ventes au premier semestre
France. Au premier semestre 2025, le chiffre d’affaires des neuf premières maisons de ventes en France – à l’exclusion d’Aguttes et Bonhams Cornette de Saint-Cyr qui communiquent désormais leurs chiffres uniquement en fin d’année – a chuté de 16,3 % (soit 526,5 M€ contre 628,4 en 2024). Ces opérateurs représentent plus de la moitié des ventes publiques. En cause, le ralentissement économique mondial – conjugué à la stagnation française –, l’instabilité géopolitique persistante (conflit en Ukraine, à Gaza, en Iran, tensions en mer de Chine, guerre des tarifs douaniers avec Trump…) qui ont renforcé la prudence des collectionneurs – tout comme des vendeurs – notamment sur le segment haut de gamme. La multiplication des ventes en ligne diluant l’offre (donc l’attention des acheteurs) et une concurrence entre opérateurs toujours plus vive, engendrant des estimations dissuasives, ont fait le reste. Pour preuve, peu de lots majeurs et grandes collections ont dépassé les 12 millions d’euros, contrairement aux années passées.
Le second semestre va-t-il pouvoir rattraper le premier ? Cela semble difficile. En effet, cette seconde partie d’année est plus courte – il ne se passe pas grand-chose entre la mi-juillet et la mi-septembre. Aussi, difficile de rivaliser avec le premier semestre qui tourne à plein régime pendant six mois. Les chiffres le prouvent : les neuf opérateurs concernés ont tous enregistré des bilans moins élevés au second semestre entre 2019 et 2024 – hormis Sotheby’s qui a dispersé des collections d’envergure. À titre d’exemple, Christie’s a engrangé 203 millions d’euros au premier semestre 2024, contre 177 millions au second semestre. Il en va de même à Drouot, quand Millon affiche un résultat de 46 millions au premier semestre 2024, contre 39,5 au second.
Des ventes attendues en marge des grandes foires
Pour autant, de grands rendez-vous sont attendus à l’automne, en marge des foires organisées à Paris. Il y aura un premier temps fort en parallèle du salon FAB Paris (20-24 septembre) et des Journées du patrimoine (20 et 21 septembre), avec, entre autres, la collection d’arts d’Afrique, d’Amérique et d’Océanie d’Antonio Seguí chez Millon (219 lots, est. 760 000 €) à Drouot, le 22 septembre ; la collection de La Malouinière du Bos, demeure du XVIIIe située près de Saint-Malo, le 23 septembre chez Artcurial (280 lots, est. 1,5 à 2 M€) ; la collection d’Art Brut et Neuve Invention d’Antoine de Galbert chez Piasa, le 24 septembre (210 lots, est. 2 à 2,7 M€) ou encore la collection Daniel Abadie d’art moderne et contemporain (80 lots, est. 2,5 à 3,8 M€), le 30 septembre chez Christie’s.
En octobre, à l’occasion d’Art Basel Paris, les maisons de vente programment leurs vacations d’art des XXe et XXIe siècles – espérant la venue des collectionneurs internationaux. Le 23 octobre, Christie’s disperse une collection particulière européenne, composée d’une quarantaine d’œuvres dont La Passerelle Debilly de Paul Signac (est. 4 à 6 M€). Piasa orchestre le 15 octobre la seconde partie de la collection Kahn (est. 1,5 M€) – la première ayant rapporté 7,3 M€. Sotheby’s, quant à elle disperse, le 6 octobre, la collection de l’homme d’affaires américain et co-fondateur du fonds d’investissement Rhône Group, Robert Agostinelli, tandis qu’elle orchestre le 24 octobre ses traditionnelles ventes Modernités et Surrealism and Its Legacy.
Fin novembre et jusqu’à mi-décembre, ce sont les vacations traditionnelles de fin d’année qui sont organisées. Le point culminant sera la vente de David contemplant la tête de Goliath de Guido Reni, une œuvre du XVIIe siècle, disparue depuis plus de deux siècles (est. : 2 à 4 M€), le 25 novembre chez Artcurial, en collaboration avec Millon. À Orléans, c’est un autre tableau redécouvert, de Laurent de La Hyre cette fois, Le Banquet des Lapithes – qui sera vendu le 15 novembre (est. 500 000 à 800 000 €). Sotheby’s, elle, disperse le 5 novembre la collection de Manny Davidson (plus de 500 lots estimés à plus de 15 M€), tandis que Christie’s vend courant décembre la collection Stern d’arts anciens (350 lots, est. 2,5 à 4 M€). Mais pour l’heure, aucune collection d’envergure n’a été annoncée – telle que celle des Lalanne (91,3 M€) et la collection Ribes (23 M€) dispersées chez Sotheby’s fin 2019 ; celle de Paul Haim vendue chez Christie’s en octobre 2020 (20,6 M€), celle de Dorothée Lalanne (81 M€) en octobre 2021 chez Sotheby’s, la collection Al Thani de l’Hôtel Lambert en octobre 2022 chez Sotheby’s ou encore la collection Titze (28 M€) chez Christie’s en octobre 2023.
Aussi, à moins d’une bonne nouvelle géopolitique hautement hypothétique et d’un rebond inattendu de la croissance mondiale, les mesures d’austérité annoncées pour le budget 2026 devraient continuer à plomber l’ambiance.

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Les ventes publiques toujours à la peine
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°660 du 5 septembre 2025, avec le titre suivant : Les ventes publiques toujours à la peine





