Foire & Salon

DESSIN ANCIEN ET MODERNE

Le Salon du dessin, une édition très internationale

Par Marie Potard · Le Journal des Arts

Le 21 mars 2018 - 1058 mots

PARIS

Le Salon consacré exclusivement aux œuvres sur papier, une spécialité française, accueille cette année davantage de galeries étrangères.

Vue du stand de la galerie Michel Descours (Lyon) lors du vernissage du Salon du dessin au Palais Brongniart à Paris, le 20 mars 2018.
Vue du stand de la galerie Michel Descours (Lyon) lors du vernissage du Salon du dessin au Palais Brongniart à Paris, le 20 mars 2018.
Photo Ludosane

Paris. Bien ancré dans le calendrier culturel, le Salon du dessin, qui existe depuis maintenant vingt-sept ans, est devenu « LE » rendez-vous des amateurs de belles feuilles du monde entier. Programmé du 21 au 26 mars au Palais Brongniart, il s’accompagne d’une multitude d’événements qui se déroulent lors de la semaine du dessin. Du 20 au 27 mars, une trentaine d’institutions ouvrent en effet les portes de leurs cabinets d’arts graphiques. Mais les marchands de la capitale veulent aussi leur part du gâteau : une quinzaine de galeries du Quartier Art Drouot s’associent pour présenter à ces dates leurs découvertes tandis que les maisons de ventes organisent des vacations, ainsi chez Christie’s, Sotheby’s, Artcurial, Leclère, Joron-Derem, Ader-Nordmann ou encore Thierry de Maigret. Les professionnels auraient tort de ne pas en profiter car s’il existe une tension sur l’offre, en revanche la demande est importante et le marché, soutenu.

Dans le cadre du Salon, ce sont 39 marchands qui se réunissent dans l’univers intime et feutré du palais de la Bourse, un chiffre immuable puisque l’espace n’est pas extensible. Parmi les chanceux, plus de la moitié sont étrangers, soit 20 contre 19 français. Cette (relative) domination étrangère ne s’était pas produite depuis 2015. « D’une manière générale, le ratio d’exposants étrangers est de un sur deux. Certaines années, ils sont plus nombreux que les Français, mais cela est lié aux candidatures reçues et sélectionnées plus qu’à une véritable volonté de changer la répartition géographique des participants », explique Louis de Bayser, aux manettes de la manifestation. Mais c’est un fait, les cinq nouveaux venus sont tous étrangers : Lowell Libson & Jonny Yarker Ltd (Londres), Rosenberg & Co. (New York), Annemarie Verna (Zurich), Omer Tiroche (Londres) et Onno van Seggelen (Rotterdam). « C’est un grand honneur pour moi car le Salon est reconnu comme le plus prestigieux au monde pour les dessins », confie Onno van Seggelen. Les deux galeries qui effectuent leur retour sont également étrangères : Le Claire Kunst (Hambourg) et Stephen Ongpin (Londres). Parmi celles qui ne sont pas revenues, signalons les français Damien Boquet et Vincent Lécuyer ou encore l’italien Carlo Virgilio.

« S’ouvrir à une autre clientèle »

Déterminé à conquérir un nouveau public – défi de toute manifestation artistique –, le Salon du dessin lance des initiatives. Pour la première fois cette année, une conférence est donnée par un conservateur qui détaille la collection de dessins de l’institution où il officie. C’est Olivier Meslay, directeur du Clark Art Institute (Massachusetts), qui se livre le premier à l’exercice. Autre invitation inédite, le Salon reçoit une exposition de 38 dessins et maquettes de diadèmes de la maison Chaumet. « Le but est de cajoler les clients fidèles, mais aussi de s’ouvrir à une autre clientèle qui ne connaît pas forcément notre manifestation », souligne Louis de Bayser.

Pour le visiteur, plus de 1 000 œuvres sont à découvrir, affichées de 3 000 à 600 000 ou 700 000 euros – quelques-unes pouvant dépasser le million. La variété de l’offre est infinie : toutes les écoles de toutes les époques sont représentées, que ce soit sous la forme de paysages, de portraits, d’académies mais aussi de scènes de genre ou historiques ; tantôt au pastel ou à la sanguine, au fusain ou bien aux crayons de couleur, à la plume, à l’encre, à l’aquarelle. La proportion de feuilles anciennes est d’environ 45 % pour 55 % d’œuvres modernes.

Parmi les œuvres anciennes, il faut voir la Tête de saint Jean-Baptiste, vers 1520, une sanguine réalisée par l’un des élèves les plus connus de Léonard de Vinci, Cesare Da Sesto (galerie de Bayser, Paris). Cette étude préparatoire pour le tableau Salomé conservé au Kunsthistorisches Museum de Vienne est évaluée en « centaine de milliers d’euros ». Autre étude préparatoire à la sanguine, une figure de la femme de Potiphar pour le tableau Joseph et la femme de Putiphar, 1649, du Guerchin (National Gallery of Art, Washington), exposée par le new-yorkais Mark Brady (140 000 €). Emmanuel Marty de Cambiaire (Paris) montre une Tête d’ange de Guido Reni, un carton préparatoire à taille réelle pour L’Annonciation, 1621, dans l’église San Pietro in Valle de Fano. « Ces cartons sont rares car utilisés par les artistes et peu ont survécu », précise le marchand. Ne pas manquer non plus chez Didier Aaron L’Amour dictant une lettre à une jeune fille, encre et lavis, par Greuze (1725-1805), montré lors de l’exposition de référence de l’artiste au Musée des beaux-arts de Dijon en 1977 (70 000 €). Autre œuvre remarquable, chez Le Claire Kunst, le Portrait du peintre Cesar Arbasía, vers 1798, par Goya, issu d’une série de portraits dessinés par l’artiste pour illustrer le Dictionnaire des peintres espagnols par Juan Augustín Ceán Bermúdez (entre 340 000 et 400 000 €).

Constable à Paris

Du côté du XIXe siècle, il faut s’attarder sur le stand de la nouvelle recrue : la galerie Lowell Libson & Jonny Yarker vient avec un groupe de 10 dessins de Constable, parmi lesquels Le Porche de l’église à East Bergholt, vers 1814 (78 000 €). « Il est particulièrement approprié que nous apportions des œuvres de John Constable à Paris, la seule ville où il a connu un réel succès de son vivant », observe Jonny Yarker. Également à découvrir, l’aquarelle de Gustave Doré Clairière dans une forêt (Plombières), 1875 (galerie Paul Prouté, Paris), ou un pastel de Degas, Paysage à Louveciennes, vers 1885, chez Ditesheim & Maffei (Neuchâtel).

Dans la catégorie des œuvres modernes figurent plusieurs images visuellement saisissantes. C’est le cas d’Une martyre (Baudelaire), 1913, d’André Devambez, une aquarelle gouachée représentant une tête coupée aux yeux révulsés inspirée du poème de Baudelaire, déjà réservée par un fidèle client de la galerie Talabardon & Gautier (Paris). Autre vision surprenante, Six études du masque mortuaire de Napoléon, 1906, par Richard Müller (18 000 €), à la galerie Dr. Moeller & Cie (Hambourg), qui publie un catalogue d’une trentaine de ses dessins, « la première publication en quinze ans sur cet artiste un peu oublié mais dessinateur génial », souligne le marchand. Sans oublier Le Chat noir, un fusain de Manuel Orazi (1860-1934) (Mathieu Néouze, Paris) ; Étude pour la Mise au tombeau, 1953, de Paul Delvaux (Reginart Collections, Genève) ou bien Constellations, de Jean Arp, vers 1953, à la galerie Berès (autour de 70 000 €).

Salon du dessin

Du 21 au 26 mars, Palais Brongniart, place de la Bourse, 75002 Paris, www.salondudessin.com

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Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°497 du 16 mars 2018, avec le titre suivant : Le Salon du dessin, une édition très internationale

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