Le renouveau, maître mot de la Biennale des antiquaires

Par Marie Potard · L'ŒIL

Le 16 août 2016 - 605 mots

L’événement le plus attendu des amateurs d’art est de retour dans une version désormais annualisée qui met en avant des nouveautés tout en devant faire face à une actualité difficile.

La Biennale des antiquaires, l’événement phare de la rentrée, se tient au Grand Palais du 10 au 18 septembre. Depuis deux ans, le Syndicat national des antiquaires (SNA), organisateur du rendez-vous, tente de donner un nouveau visage au salon parisien créé en 1956 qui deviendra annuel en 2017. « Cette édition marque un renouveau, nous avons donc dû investir, mais le coût sera lissé sur trois années », explique Dominique Chevalier, à la tête du SNA. Premier changement remarquable, la manifestation s’est étoffée : 119 participants contre 89 en 2014 (  34 %). Parmi eux, 115 antiquaires et seulement quatre maisons de haute joaillerie (contre 14 en 2014). Dominique Chevalier s’y était engagé : « Nous redonnerons aux antiquaires la place qui leur revient. C’est pour eux que nous organisons la Biennale ! » Aussi, Dior, Cartier et Chanel ne font plus partie du voyage et sont remplacés par Boghossian Jewels ou encore Cindy Chao. Autre évolution, les marchands étrangers reviennent en force avec 14 pays invités : « 40 % de marchands étrangers, cela n’est jamais arrivé dans l’histoire de la Biennale », souligne même Jean-Daniel Compain, transfuge de Reed Expositions, fraîchement recruté en tant que directeur général de la Biennale pour conseiller le syndicat. Outre les 74 exposants français, 14 proviennent du Royaume-Uni, à l’instar de Aktis Gallery ou Richard Green, sept d’Italie, deux des États-Unis, etc.

Le nouvel esprit de la Biennale
Participant du lourd budget – 10 à 12 millions d’euros –, et tout à fait inédit, deux expositions muséales sont organisées dans le salon d’honneur du Grand Palais, qui accueille aussi 11 exposants. La première présentation, intitulée « Un siècle d’élégance française, chefs-d’œuvre du XVIIIe siècle », regroupe 35 pièces provenant du Musée de l’Ermitage (Saint-Pétersbourg) tandis que la seconde réunit 23 pièces issues du Mobilier national, des années 1940 jusqu’à nos jours, soit « les antiquités du futur » comme se plaît à le répéter Dominique Chevalier.

La Fondation de la haute horlogerie est également conviée : « La conquête du temps » présente une centaine de pièces ayant marqué la maîtrise de la mesure du temps. Pour créer le lien entre l’écrin merveilleux que constitue le Grand Palais et les chefs-d’œuvre qui y sont exposés, le SNA a fait appel à une scénographe (Nathalie Crinière) et non, comme auparavant, à un décorateur. « Un décorateur veut mettre sa marque alors qu’un scénographe garde à l’esprit ce qu’il doit révéler, en l’occurrence, les objets », explique Dominique Chevalier. Quatre portes « pharaoniques » devraient notamment impressionner les visiteurs. Un vetting [vérification des pièces] renforcé, composé d’historiens d’art, restaurateurs, marchands et experts et un partenariat avec Art Analysis (analyses scientifiques) ­­– une première ­­– devrait également contribuer au renouveau de la Biennale des antiquaires.

La mauvaise affaire
Pourtant, ces avancées positives ont été contrebalancées par quelques déconvenues (divorce avec Reed Expositions, refus de participation de certains marchands et joaillier…) et voilà que, seulement deux mois avant l’ouverture de l’événement, l’affaire des faux meubles XVIIIe éclate et rejaillit sur le salon. Deux de ses exposants historiques n’y seront pas : l’antiquaire Laurent Kraemer, mis en examen, a renoncé à y participer ; quant à la Galerie Aaron, dont l’un des salariés, Bill Pallot, a été placé en détention provisoire, sa suspension a été confirmée par le SNA. À l’heure où nous mettons sous presse, la galerie étudie les voies de recours à sa disposition pour contester cette décision. « C’est l’image de la Biennale, de toute la profession, mais aussi de Paris qui est en jeu. À nous maintenant de faire nos preuves et d’avancer. Tous ensemble ! », lance Jean-Daniel Compain.   

28e Biennale des antiquaires

du 10 au 18 septembre 2016. Grand Palais, 3, avenue du Général-Eisenhower, Paris-8e. Ouvert de 11 h à 20 h, nocturne le jeudi 15 septembre jusqu’à 23 h. Tarifs : 35 et 20 €. www.biennale-paris.com

Cet article a été publié dans L'ŒIL n°693 du 1 septembre 2016, avec le titre suivant : Le renouveau, maître mot de la Biennale des antiquaires

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