Foire & Salon

Le design à St-Art

Par Alexia Lanta Maestrati · L'ŒIL

Le 15 novembre 2019 - 775 mots

STRASBOURG

À Strasbourg, la foire d’art contemporain inaugure pour la première fois un secteur consacré au design. Pensée comme une initiation, la section accueille une dizaine d’enseignes et une exposition sur les assises.

Patricia Houg, la directrice artistique de la foire St-Art à Strasbourg © Photo Alexia Lanta Maestrati pour Le Journal des Arts
Patricia Houg, la directrice artistique de la foire St-Art à Strasbourg
© Photo Alexia Lanta Maestrati pour Le Journal des Arts, 14 novembre 2019

Collectionner - Du 15 au 17 novembre 2019, St-Art ouvre les portes de sa 24e édition, relogée temporairement dans le Parc des expositions. Alternative aux mastodontes internationaux, la foire d’art contemporain rassemble une soixantaine d’enseignes, majoritairement françaises, venues avec des signatures connues de la Figuration narrative (Hervé Di Rosa, Combas, Erró) ou de l’art urbain – une tradition à Strasbourg – avec C215 ou Speedy Graphito, au côté des talents émergents Theresa Möller et Grégory Watin. Si la formule demeure inchangée, la grande nouveauté de cette édition est l’ouverture d’un secteur consacré au design. Cette nouvelle section, dotée d’une surface de 200 m2, explore la frontière ténue entre art contemporain et design. « Il y a beaucoup d’artistes dont l’œuvre se situe à la frontière du design, qui s’y sont intéressés ou qui ont détourné l’œuvre. Cela commence par le ready-made et l’appropriation. Au point de vue du marché français, ce domaine est une préoccupation plutôt récente », souligne Patricia Houg, directrice artistique de St-Art.

Un parcours initiatique

La visite prend la forme d’une initiation au design, qui commence avec l’exposition « Design et art, les liens du temps » autour de l’assise. On y découvre en premier lieu des rééditions de signatures identifiables comme le fauteuil de salon de Jean Prouvé de 1939 ou la chaise CH24 de Hans J. Wegner, célèbre pour avoir été choisie par Kennedy en 1960 pour le débat présidentiel le confrontant à Nixon. La seconde salle offre une réflexion sur la place des assises dans la peinture, notamment dans l’œuvre de Berthe Morisot et de Van Gogh. Le même propos anime les enseignes présentes dans la section marchande où une dizaine de galeries proposent des pièces allant de 1 000 à 10 000 euros. La limite entre art et design est d’autant plus fine que certaines galeries, à l’instar de Clara Scremini Gallery, habituellement présente dans le secteur général de St-Art, rejoignent la section design ou que l’ancien galeriste d’art contemporain Steven Riff se lance dans le design avec sa nouvelle structure The Sloughis.

FOCUS

4 000 € chacune
1_Martin Hlubucek
Le long des allées, les médiums sont variés et la Clara Scremini Gallery propose un travail autour du verre. Les pièces de l’artiste tchèque Martin Hlubucek sont faites de formes épurées. Ses contenants jouent avec la couleur et les lumières. Comme ici avec Industra, elles sont directement inspirées des toiles du peintre italien Giorgio Morandi, tant pour l’utilisation d’un quasi-monochrome que pour leur précision. À St-Art, elles dialoguent avec les flacons de Louis Thompson, dont le travail autour de l’équilibre entre le plein et le vide, le solide et le liquide, est d’abord pensé comme un travail de sculpture.
 

7 500 €
2_Man Ray
Si St-Art se positionne comme une foire de découverte centrée sur les nouvelles créations, elle n’en présente pas moins quelques valeurs sûres. En témoigne le stand de The Sloughis (Paris), où est montrée cette assise de Man Ray de 1971. Le Témoin reprend les codes du surréalisme, notamment l’œil, symbole si cher à l’artiste américain. Figure du dadaïsme et du surréalisme, Man Ray a brouillé les frontières avec un art radical. Sur le stand de The Sloughis, l’œuvre est entourée d’autres grands noms comme François-Xavier Lalanne ou Giacomo Balla.
 

1 200 €
3_Christopher
St-Art propose aussi de découvrir le design de latitudes plus lointaines. Ce fauteuil à pattes de lion, accompagné de sa table, est inspiré du Kenya, et en particulier de la ville de Nairobi. Son nom, Jua Kali,« soleil brûlant » en swahili, fait référence aux artisans et aux ateliers à ciel ouvert dans les rues chaudes de la capitale. Faite de matériaux de récupération, de mabatis, des tôles provenant de vieux barils de pétrole, l’assise rappelle l’urgence écologique. « Au Kenya, le recyclage n’est pas vraiment un choix, mais souvent la seule option », souligne la Galerie L’Équipée.
 

3 500 €
4_Guillaume Bounoure, Chloé Genevaux
La galerie strasbourgeoise Decorde consacre son stand aux travaux du duo d’architectes de formation qui, depuis 2006, expérimente le pli et crée des sculptures dans des matières diverses, allant du carton au papier jusqu’à l’aluminium. À St-Art, on découvre notamment leur travail autour de l’aluminium, où le jeu de lumière donne l’impression au public d’être confronté à un miroir. « Cette harmonie sous-jacente aux formes est un thème classique pour l’architecture et la sculpture. L’expression par de simples tôles pliées à froid, sans aucun motif ou décor autre que le pli, rattache ces formes de sculptures à la modernité », explique le duo.

« St-Art »,
du 15 au 17 novembre 2019, Parc des expositions, Hall 1, rue Fritz-Kieffer, Strasbourg (67), www.st-art.com

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Cet article a été publié dans L'ŒIL n°728 du 1 novembre 2019, avec le titre suivant : Le design à St-Art

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