Belgique - Foire & Salon

ANTIQUAIRES

L’art ancien revient en force à la Brafa

Par Marie Potard · Le Journal des Arts

Le 15 janvier 2025 - 718 mots

Critiquée par le passé pour avoir accordé une trop grande place à l’art moderne, la foire bruxelloise opère aujourd’hui un rééquilibrage en faveur de l’ancien.

Bruxelles. La Brafa est l’une des manifestations les plus appréciées des collectionneurs, tant pour son ambiance conviviale que pour son éclectisme. Le mélange des spécialités – elles ne sont pas rangées par secteur – permet au visiteur de pouvoir contempler une sculpture africaine, puis, à quelques mètres de là, un tableau flamand, en passant par un bijou Art Nouveau ou une tapisserie ancienne. Mais si la foire belge a toujours prôné l’éclectisme, elle ne peut pas faire fi des évolutions et exigences du marché. Aussi, elle avait eu tendance ces dernières années à compter une majorité de galeries spécialisées en art moderne, l’art contemporain restant toujours cantonné à environ 10 % des stands. Or, cette année, la part des arts anciens et celle du XXe siècle tendent à s’équilibrer.

Ainsi, les galeries spécialisées en art moderne et contemporain sont au nombre de 56, contre 63 entre 2024 – 10 étant exclusivement dévolues à l’art contemporain. Parmi les œuvres qu’elles ont apportées, relevons en particulier : Femme nue à la lampe, vers 1900, de Pierre Bonnard (Taménaga, Paris) ; Venise, palais et gondoliers sur le Grand Canal, vers 1909, d’Henri Martin chez Stern Pissarro (Londres ; 450 000 à 500 000 €) ; Untitled, 1960, de Karel Appel (Boulakia, Londres) ou encore Composition féminine, 2006, de George Condo (Galerie von Vertes, Zürich).

Viennent s’ajouter 12 stands spécialisés en design, dont celui de la galerie BG Arts (Saint-Ouen-sur-Seine), qui dévoile un Paravent Cygnes et nénuphars, vers 1932, de Jean Dunand, à quatre panneaux laqués noir, ivoire et or, ou bien celui de Gokelaere & Robinson (Knokke-le-Zoute, Paris) venu avec une lampe de table, 1955, de Max Ingrand.

Un buste d’après Canova

Les arts anciens sont représentés par une soixantaine d’exposants, montrant des tableaux anciens, comme chez De Jonckheere (Genève) avec La Tour de Babel, 1604, d’Abel Grimmer [voir ill.] ; Un apôtre, vers 1635, de Ribera chez Giammarco Cappuzzo Fine Art (Londres), mais aussi de la sculpture européenne à l’exemple d’un grand crucifix en bois, vers 1490, Venise, attribué à Michele Linder de Hambourg (Mearini Fine Art, Pérouse), ou de Napoléon sous les traits de Mars le pacificateur, 1812, de Francesco et Luigi Righetti, réduction d’un modèle en marbre réalisé par Antonio Canova aujourd’hui exposé dans la cage d’escalier d’Apsley House, la résidence londonienne du duc de Wellington.

Plusieurs stands exposent du mobilier ancien, même si les antiquaires « à l’ancienne » se font plus rares. Ainsi en est-il chez Costermans (Bruxelles), mais aussi Hoffmans Antiques (Stockholm), qui dévoile une paire de fauteuils gustaviens d’Ephraim Stahl, Stockholm, vers 1810, à décor de tête de griffons et pieds arrière en sabre (35 000 €). À ne pas manquer, la visite de la galerie Marc Maison (Saint-Ouen), qui crée à nouveau la surprise avec un stand consacré à l’égyptomanie au XIXe siècle. La pièce phare de cette exposition est un lit monumental de style Ramsès, conçu par l’ébéniste Louis Malard et présenté à l’Exposition universelle de Paris en 1899 [voir ill.].

Les objets d’art sont également présents sur de nombreux stands : une paire de candélabres, attribués à Claude Galle, époque Empire, à la galerie belge de Potter d’Indoye (38 000 €) ; un présentoir de la fin du XVIe témoignant de la sophistication artistique et du savoir-faire des artisans portugais de l’époque (J. Baptista, Lisbonne) ; ou encore un diadème Art déco, 1909, en diamants, réalisé par la Maison Chaumet à l’occasion du mariage de la fille du comte et de la comtesse de Heeren (Epoque Fine Jewels, Courtrai).

Hormis pour les arts d’Afrique et d’Océanie, qui recensent cinq exposants – bien que ce secteur ait pu comprendre auparavant une dizaine de marchands –, les disciplines extra-européennes sont plutôt sous-représentées. C’est le cas des arts d’Asie, qui, depuis plusieurs années maintenant, sont seulement visibles sur le stand de la galerie Hioco (Paris). Même constat pour l’archéologie, avec un seul représentant en la matière, le marchand italien Valerio Turchi (Rome) ; pour sa première participation, il est venu avec une Tête de Vénus, en marbre, Grèce, fin de la période hellénistique-début de la période romaine (Ier siècle av. J.-C.- IIe siècle apr. J.-C.), provenant de la collection d’Edmond Cormier-Thierry-Delanou (1879-1960).

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Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°647 du 17 janvier 2025, avec le titre suivant : L’art ancien revient en force à la Brafa

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