Italie - Patrimoine

La plus ancienne abbaye de Toscane est à vendre

Par Olivier Tosseri, correspondant en Italie · lejournaldesarts.fr

Le 24 novembre 2023 - 496 mots

SIENNE / ITALIE

Créé en 730 le monastère bénédictin est aujourd’hui sur le marché immobilier pour un prix qui dépassera 10 millions d’euros.

Monastère Badia di sant'Eugenio dans les environs de Sienne. Courtesy Immobiliare.it
Monastère Badia di sant'Eugenio dans les environs de Sienne.

Valoriser le patrimoine historique et culturel est le mantra du ministère italien de la Culture ces dernières années. Une injonction à laquelle le marché immobilier est prompt à répondre. Il évalue ainsi à plus de dix millions d’euros la Badia Sant’Eugenio, la plus ancienne abbaye toscane située à quelques encablures de Sienne.

Sa vente a été confiée à l’agence Lionard Luxury Real Estate spécialisée dans les biens immobiliers de luxe parmi lesquels châteaux, villas et donc les monastères. Celui de Sant’Eugenio remplit tous les critères. Pas seulement pour le magnifique paysage dans lequel il est niché au milieu des collines toscanes.

Son histoire est prestigieuse et couvre plus d’un millénaire. Fondée en 730, l’abbaye est donnée l’année suivante par l’intendant royal lombard Warnifredo aux moines bénédictins. En 1270 les troupes du roi de Sicile Charles d’Anjou y campent avant de s’emparer de Sienne. En 1553, elle est fortifiée par le condottiere florentin Pietro Strozzi qui deviendra Maréchal de France. Les moines bénédictins y demeurent jusqu’en 1786. L’abbaye est alors progressivement abandonnée. Fortement endommagée par un tremblement de terre en 1798, la tourmente révolutionnaire et napoléonienne s’abat ensuite sur elle. Les ordres religieux sont expulsés et les biens ecclésiastiques sont vendus. En 1812 les comtes Griccioli la rachètent. Ils la conserveront jusqu’en 1932.

La propriété est impressionnante. Les bâtiments d’une superficie de 6 200 m² sont situés dans un domaine de près d’un hectare. L’annonce de Lionard Luxury Real Estate exalte la beauté architecturale des lieux qui plonge les visiteurs en pleine Renaissance. Un cloître avec son puits et un grand jardin, « caractérisé par des arcs en plein cintre avec des colonnes de grès surmontées de chapiteaux raffinés ». L’abbaye abrite également « une fascinante chapelle dont les voûtes sont ornées de fresques, décorées de médaillons et de grotesques réalisés par un artiste siennois de la fin du XVIe siècle ». Elle est naturellement inscrite au catalogue du patrimoine culturel architectural et paysager de la Surintendance de l’Archéologie, des Beaux-Arts et du Paysage pour les provinces de Sienne, Grosseto et Arezzo. 

L’abbaye appartenait depuis 1932 à la Congregazione delle Figlie della Carità di San Vincenzo de’ Paoli. Les religieuses l’utilisaient comme maison de repos mais aussi d’accueil pour les migrants. Elles veulent s’en séparer et au regard de son prix l’abbaye devrait intéresser un riche acquéreur américain ou du Moyen-Orient. 

La presse transalpine déplore « la prochaine perte d’un autre bijou de famille de la péninsule ». Avec parfois la bénédiction du gouvernement italien. En 2009 une loi imposait aux services publics d'effectuer un recensement du patrimoine immobilier à disposition sur la péninsule avant la création en 2013 de l'Invimit (Investimenti Immobiliari Italiani). Sa mission consiste à réduire l’immense dette publique en vendant des biens prestigieux à l’abandon. L'Observatoire des comptes publics estimait qu'en étant valorisés ou cédés, des centaines d'immeubles, bâtisses historiques ou châteaux pourraient générer 12 milliards d'euros de recettes
 

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