Ventes aux enchères

La Madone de Brando retirée d’une vente aux enchères

Par Louise Wagon · lejournaldesarts.fr

Le 11 avril 2023 - 460 mots

Le tableau est réclamé par l’État qui affirme qu’il appartient au domaine public, ce que contestent l’étude et son conseil.

Simone da Firenze et Rocco di Bartolommeo, Madone de Brando  (détail), c. 1500, 198 x 94 cm. Domaine public
Simone da Firenze et Rocco di Bartolommeo, Madone de Brando (détail), c. 1500, 198 x 94 cm.

Estimé entre 200 000 et 300 000 euros, La Madone de Brando, attribué aux artistes italiens Simone da Firenze et Rocco di Bartolomeo, a été retiré du catalogue de la vente qui s’est tenue le 31 mars 2023, à l’Hôtel de Drouot, à Paris.

La collectivité de Corse avait provisionné 300 000 à 400 000 euros, par l’intermédiaire de la Fondation du patrimoine, afin de tenter d’acquérir le tableau. Mais, le maire de Brando présumant que le retable appartient au domaine public – le rendant dès lors inaliénable et imprescriptible – a obtenu le retrait du tableau de la vente sur décision du ministère de la Culture. La commune, la collectivité territoriale de Corse et le ministère de la Culture affirment que la vente du tableau est illicite et qu’il appartient à l’État puisqu’il se trouvait dans le couvent franciscain de Brando. 

Cette présomption est contestée par le commissaire-priseur De Baecque et son conseil, le cabinet De Baecque (le frère du commissaire-priseur), qui affirment que la vente était parfaitement légale, en s’appuyant sur les archives conservées par la famille propriétaire du tableau depuis 1839. La maison de ventes a mis le panneau sous séquestre en invitant la commune, la collectivité territoriale de Corse et l’État à justifier les motifs de cette demande en restitution. « Dans le cas contraire, la décision sera contestée en justice et la responsabilité de l’État comme de la commune seront mises en cause », indique le conseil dans un communiqué. 

Ce panneau de retable du XVIe siècle montre Marie assise sur un trône et entourée d’anges musiciens, l’Enfant Jésus sur ses genoux tient un chardonneret, symbole de la Passion. Le tableau provient du Couvent Saint-François de Brando abandonné après la révolution. 

Le 30 mai 1806 est promulgué un décret qui déclare que les biens des églises paroissiales tombent dans le domaine public des communes, tandis que les biens des églises désacralisées sont affectés aux fabriques paroissiales qui avaient dès lors le droit de vendre lesdits biens. 

C’est dans ce cadre que le tableau a été vendu pour un prix de 600 francs or, en 1839. Cette vente a été autorisée par la délibération du conseil de fabrique, approuvée par le maire de Brando, appuyée par l’évêque d’Ajaccio, ainsi que par les habitants de la commune en vue de se procurer des ressources pour l’entretien de leur église. Le cabinet De Baecque souligne dans son communiqué que « les archives documentent le fait que l’État décide d’interdire les ventes futures, mais décide de ne pas remettre en cause la vente de la Madone de Brando. Cette vente reçoit donc a posteriori l’aval du Préfet, du sous-préfet et du ministre de l’Intérieur ».

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