Salon

La foire ArtRio tient ses promesses

Le Journal des Arts

Le 3 octobre 2012 - 569 mots

Public, ventes, reconnaissance sont au rendez-vous de la seconde édition de la foire d’art contemporain de Rio qui confirme l’optimisme de l’an dernier.

RIO DE JANEIRO - Larry Gagosian a pris le rendez-vous au sérieux : outre son espace de vente, dans lequel on croise des œuvres de Baselitz, Wahrol et Damien Hirst, il a privatisé un immense hall pour exposer dix sculptures monumentales (Serra, Calder, Giacometti, Kusama). « Cadeau, explique-t-il, pour fêter [sa] première présence au Brésil ». À l’autre bout, côté sortie, les galeries du second marché brésilien et quelques étrangers plus modestes peinent à exister.

Entre les deux, le cœur de la foire gagne son pari. De larges allées, en bordure de mer, révèlent un bon niveau global. L’accrochage de  la galerie Sonnabend (Robert Morris, Jeff Koons et Carlito Carvalhosa) illustre le changement, par rapport à 2011 : en dehors des stars et des Brésiliens, point de salut. On retrouve notamment les artistes sud-américains présents à la biennale de São Paulo (Thiago Rocha Pitta, Sandra Vásquez de La Horra, Eduardo Stupía), les valeurs sûres locales (Vik Muniz, Adriana Varejão) et les tops du moment : Tomás Saraceno (trois galeries), Anri Sala (chez Kaikai Kiki), Olafur Eliasson (belle Parabolic light chez Neugerriemschneider). En revanche, la France brille par son absence : ni galerie parisienne, ni artiste français, à l’exception donc du franco-albanais Anri Sala.

Le parcours « hors les murs » est réussi : Ernesto Neto, Andy Goldworthy, Jaume Plensa investissent la ville, les institutions ont vernis ou prolongé les expositions phares de l’année Giacometti au Museu de Arte Moderna de Rio, Antony Gormley au Centro Cultural Banco do Brasil. Enfin, la collaboration avec la biennale de São Paulo fonctionne : les collectionneurs, curateurs et art advisors (conseillers en art) internationaux ont fait d’une pierre deux coups, comme l’espéraient les organisateurs.

Bien sûr, la seconde édition est encore celle de l’apprentissage : la foule mal contrôlée le week-end (74 000 visiteurs sur quatre jours) a contraint certaines galeries à limiter les entrées, voire à fermer ; en revanche la conférence de Jay Levenson, directeur du MoMA, fut annulée faute de participants ; plus ennuyeux, le flou sur la fiscalité (voir ci-dessus) a été pointé du doigt par les étrangers (White cube). Mais de l’avis général et en dépit des doutes sur les chiffres communiqués (objectif annoncé de 60 millions d’euros de ventes), la tendance, dimanche soir, était bonne. Un Wahrol se serait vendu chez Gagosian autour de 5 millions de dollars. Le galeriste Stephen Friedman venait pour « faire un arbitrage entre ArtRio et SP Arte » (la foire de São Paulo), d’autres pour évaluer le marché avec ceux de Bogota et Buenos Aires. Avantage Rio, semble-t-il. Les galeries cariocas, plus petites telles Luciana Caravello, Gustavo Rebello, Ronie Mesquita, semblaient comblées. Quelques grandes galeries de São Paulo, comme Vermelho, étaient plus mesurées – de bonnes ventes, mais pas de nouveaux collectionneurs –, confirmant que les marchés des deux villes se confondent encore largement. L’avenir devra dire si la croissance de la foire est endogène ou si l’émergence d’ArtRio se fait, malgré la biennale, au détriment de SP Arte.

ArtRio est bien lancée, et les prochains Jeux Olympiques devraient contribuer à consolider les infrastructures de la ville. Ne reste plus, aux galeries françaises, qu’à prendre la vague dans le bon tempo.

Art Rio

Chaque année mi septembre, Mauá Pier, 10, Rodrigues Alves Avenue, Mauá Square, Rio de Janeiro, Brasil.

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°376 du 5 octobre 2012, avec le titre suivant : La foire ArtRio tient ses promesses

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