La céramique d’hier et d’aujourd’hui a son marché

Paris. Le vernissage, qui s’est tenu dans les galeries du Carré Rive Gauche du 16 au 20 septembre, a réuni, dès l’ouverture, un flux soutenu de visiteurs jusqu’en soirée, parmi lesquels un nombre inhabituel de conservateurs français et étrangers. Plusieurs marchands ont souligné la présence de collectionneurs venus des Pays-Bas, de Belgique ou d’Italie, et même de musées étrangers comme le Princessehof de Leeuwarden, qui avait organisé un voyage autour de la manifestation. Laurence Vauclair, qui a vu défiler beaucoup de monde autour de son exposition « Des vignes à la manufacture », a reçu la visite de Céline Paul, directrice du département du patrimoine et des collections de l’établissement public Cité de la céramique - Sèvres & Limoges, mais également des musées de Fontainebleau ou encore des arts décoratifs. La galeriste a conclu plusieurs ventes, entre 500 et 10 000 euros.

Chez Dragesco-Cramoisan, la fréquentation constante s’est traduite par l’envoi de nombreux dossiers et par des ventes, dont une rare assiette en porcelaine de Vincennes. La galerie exposait notamment une bouquetière en faïence de Chantilly vers 1740-1745 (5 900 €), mise en perspective avec un exemplaire prêté par le musée de Rouen, ainsi qu’une paire de vases en cristallo-cérame de 1816 figurant le duc et la duchesse de Berry (25 000 €). Un centre de table en porcelaine de Sèvres de 1859, proposé à plusieurs dizaines de milliers d’euros, a attiré l’attention des visiteurs. Pour Didier Cramoisan, « la demande se concentre sur les pièces singulières, dotées d’une provenance historique et en parfait état, tandis que les objets plus communs rencontrent davantage de résistance ».

À la galerie François-Xavier Chamagne, la céramique contemporaine était représentée par l’artiste brestoise Hortense Le Calvez, dont le travail explore les contraintes physiques des fluides. La galerie a suscité l’intérêt des Amis de Sèvres, tandis que plusieurs pièces ont trouvé preneurs, pour des prix compris entre 1 000 et 5 000 euros.

Patrick Mathé (galerie Méduse Toujours, Andresy), récemment installé en tant que marchand, consacrait une large présentation à Ernest Chaplet, figure de l’Art nouveau, avec plus de soixante pièces. Parmi elles, un masque symboliste réalisé avec le sculpteur Jean-Désiré Ringel d’Illzach, La Hantise (exposé au Salon de 1891, ex-collection Félix Bracquemond), pièce historique de l’exposition. Les prix s’échelonnaient de 1 000 à 20 000 euros, avec plusieurs ventes à la clé. L’exposition a attiré des conservateurs du MAD et des collectionneurs venus des États-Unis, des Pays-Bas et de Belgique, confirmant l’intérêt international pour cette spécialité.

Julie Béalu notait, elle aussi, un afflux dès le matin du vernissage. Sa galerie présentait une paire de vases de Meissen, portant la marque AR (Auguste Rex), 1728-1730 (55 000 €), qui a retenu l’attention de plusieurs collectionneurs. Des ventes ont été conclues, notamment pour des pièces hispano-moresques et des porcelaines de Sèvres, avec des prix allant de 1 500 à 6 500 euros. Un musée français s’est par ailleurs positionné sur un ensemble de faïences de la manufacture des Islettes, dont une assiette dite « à la girafe ».

L’édition confirme ainsi la vitalité relative du marché de la céramique : dynamisme de l’offre, présence accrue des conservateurs et élargissement du public étranger. Les marchands ont insisté sur le plaisir manifeste des visiteurs à parcourir les galeries, facteur essentiel de la réussite de cette manifestation qui s’impose, année après année, comme une vitrine stratégique pour la spécialité.