Une foire de qualité, un nombre de visiteurs en hausse, de nombreuses ventes et des Belges acheteurs : la bonne recette pour une édition anniversaire réussie.
Bruxelles. La Brafa Art Fair, qui a refermé ses portes le dimanche 2 février, reste une fête. Elle célébrait cette année ses 70 ans dans la joie et la bonne humeur, avec à son bord 130 exposants venus de 16 pays différents et une clientèle cosmopolite composée de Belges, Français, Italiens, Anglais, Allemands, Hollandais et même d’Américains. Surtout, elle a enregistré une fréquentation record avec 72 000 visiteurs accueillis. « Le lundi, nous avons eu la visite de plus de 10 000 personnes. Et il y a même eu des jours où il y avait presque trop de monde pour travailler », a confirmé Arnaud Costermans, vice-président chargé des antiquités et des maîtres anciens. « J’ai rencontré de nouveaux clients et je dois dire que j’en rencontre de plus en plus et de plus en plus jeunes, [âgés] entre 30 et 40 ans », a rapporté Klaas Muller, le nouveau président de la Brafa.
« Ce qui intéresse les clients, ce n’est pas tellement le sujet, mais la qualité. Même un tableau religieux, s’il est de bonne qualité, se vend bien. En fait, les collectionneurs sont attirés par l’image : même si c’est un artiste anonyme ou un petit maître mais qu’il est de très grande qualité, ils sont tentés de préférer ce genre d’œuvre à une œuvre signée d’un grand maître mais de piètre qualité », observe Klaas Muller.
Le Marseillais Alexis Pentcheff s’est dit satisfait de cette édition. Il a vendu une vingtaine de tableaux, pour des prix compris entre 2 000 et 130 000 euros : des Gaston Suisse (1896-1988), beaucoup d’œuvres de François Aubrun (1934-2009), un Paul Jouve (1878-1973) et un Alfred Lombard (1884-1973) – Printemps à Eguilles (vers 1907), « que j’aurais pu vendre quinze fois parce que très beau et très rare car la plupart de ses tableaux fauves sont dans des musées. Je l’ai vendu tout de suite à un collectionneur français » (en dessous de 50 000 €). La tendance générale ? « Quand c’est beau et au prix du marché, ça se vend ! », a répondu le marchand.
« Il y a un intérêt grandissant pour le mobilier ancien. Les gens s’y intéressent, posent des questions. Ça attire l’attention. Ils sont sensibles à la qualité, au temps de travail passé », a constaté par ailleurs Arnaud Costermans. Sa galerie bruxelloise a ainsi vendu des œuvres à des prix compris entre 30 000 et 250 000 euros, dont une petite table de Charles Topino d’époque Louis XV ou une bibliothèque en marqueterie Boulle du XVIIe, achetée par un particulier étranger.
La galerie Univers du bronze (Paris) a attiré les regards avec des œuvres d’Hubert Le Gall. « Les Belges ont toujours été très en avance en matière de design et ont donc été très réceptifs à ce genre de créations », a indiqué Alain Richarme. Parmi la dizaine de pièces vendues figurent le cabinet Éternel printemps (2024), du designer, vendu pour 350 000 euros, qui va rejoindre un hôtel particulier en Belgique.
La durée relativement longue de la foire – elle couvre deux week-ends – incite des exposants à faire des efforts de scénographie et leurs stands retiennent toute l’attention. C’était le cas, chez Marc Maison (Paris), de son lit de style « rhamsèsien » (proposé à 660 000 € avec les deux chaises et la banquette) de Louis Malard, dévoilé à l’Exposition universelle de 1889. En hommage à l’égyptomanie, le stand avait été réalisé en collaboration avec le décorateur Michael Coorengel : ses parois étaient recouvertes de véritable pierre sculptée en bas relief de motifs caractéristiques de l’art de l’Égypte antique. « J’ai rencontré quatre personnes qui étaient intéressées, l’une d’entre elles m’a même fait une offre, que j’ai finalement refusée », a rapporté Daisy Maison, qui a trouvé la foire très belle, décorée avec goût. Elle n’était pas la seule.
Harold t’Kint de Roodenbeke (Bruxelles) a aussi suscité un vif intérêt avec son stand qui reconstituait l’atelier de Pol Bury et une trentaine de pièces vendues (sur 70) : « J’ai vendu tous les jours ! » Succès également pour Patrick et Édouard Derom (Bruxelles), qui ont fait un carton avec un mur consacré à Léon Spilliaert : 4 œuvres sur papier sur 8 ont été vendues, notamment à des collectionneurs de l’artiste, l’un étant belge et un autre, américain, pour des prix compris entre 150 000 et 480 000 euros. La Verrière du même Spilliaert restait encore à saisir (1,2 M€) mais Oscar de Vos (Laethem-Saint-Matin) a cédé la Faneuse (1896) d’Émile Claus (autour de 1 M€).
La galerie Artimo Fine Arts (Bruxelles) a également séduit les collectionneurs. « Cette année, nous fêtons nos 40 ans alors nous avons sorti des pièces majeures, que nous montrions pour la première fois », a rappelé Georges Van Cauwenbergh. Sur les quinze pièces présentées, dix ont trouvé preneur. Thomas Deprez (Bruxelles), de son côté, a vendu très vite à un collectionneur privé non européen l’une des pièces les plus remarquées de cette édition : L’Humanité (av.1906, [voir ill.]), une sculpture monumentale en marbre de Pierre Braecke (prix à 6 chiffres), qui garnissait l’entrée de l’hôtel Aubecq dessiné par Victor Horta (démonté en 1950) : « J’aurais aimé que les musées fédéraux se mobilisent. »
« L’an passé, j’avais vendu des choses à plus petit prix, mais cette année, ce sont les œuvres autour de 100 000 euros qui ont trouvé preneur en premier et ce sont des Belges qui ont acheté. Ils sont très acheteurs. Ils soutiennent vraiment leur foire », a commenté Florence Chibret-Plaussu (Galerie de la Présidence, Paris), qui s’est séparée, entre autres, d’un dessin de Matisse. Ce que le marchand d’art asiatique Christophe Hioco a confirmé : « Toute la Belgique vient, et avec un esprit acheteur ! »
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À la Brafa, des marchands satisfaits
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°649 du 14 février 2025, avec le titre suivant : À la Brafa, des marchands satisfaits