Foire & Salon

Impériale Art Basel

Par Stéphane Renault · Le Journal des Arts

Le 6 juin 2018 - 943 mots

BALE / SUISSE

L’édition 2018 de la plus importante foire d’art moderne et contemporain du globe se déroule du 14 au 17 juin, entraînant dans son sillage de multiples événements, foires « off » et expositions dans les musées de la ville.

Bâle. À Art Basel, baromètre du marché de l’art mondial, les années se suivent et ne se ressemblent pas. Pour ce nouveau millésime, 290 galeries de 35 pays, avec un fort contingent d’enseignes européennes mais aussi d’Amérique du Nord et du Sud, d’Asie et d’Afrique, présenteront les œuvres modernes et contemporaines de près de 4 000 artistes.

Incontournable dans l’agenda du monde de l’art, ce rendez-vous reste fidèle aux principaux marqueurs que sont ses différents secteurs : « Unlimited », dévolu aux pièces monumentales ; « Galleries », le saint des saints ; « Feature », consacré aux artistes établis et historiques, et « Statements », où le solo show d’un des artistes émergents présentés se voit décerner le Baloise Art Prize. S’y ajoutent la programmation de films d’artistes, les rencontres avec les acteurs du monde de l’art dans le cadre des « Conversations », Design Miami/Basel (45 galeries pour cette 13e édition, [lire p. 34]). Sans oublier « Parcours », l’exposition hors les murs dans le centre-ville historique, à l’écart de cette concentration annuelle d’œuvres d’art unique au monde au sein du Messe dessiné par les architectes Herzog & de Meuron.

Les visiteurs, collectionneurs mais aussi artistes, commissaires, directeurs de musée, critiques, profiteront cette fois encore des manifestations satellites que draine la foire, de Photo Basel (lire p. 34) à Liste. Cette dernière a sélectionné pour ce millésime 79 galeries venues de 32 pays, dont 15 nouveaux exposants. La petite foire est l’un des viviers où découvrir de nouveaux noms, véritable tremplin pour les jeunes galeries qui profitent de l’internationalisation éphémère de la ville durant cette intense « Art Week ».

Ces repères solidement installés ont contribué à fidéliser une clientèle de collectionneurs internationaux toujours plus nombreux. Sur la carte de la jet-set, Art Basel est l’endroit où il faut être vu. Chaque édition voit défiler environ 60 000 visiteurs, attirés autant par la dimension mondaine, « lifestyle » de l’événement que par l’offre pléthorique, exceptionnelle par la qualité des œuvres comme par leur extrême diversité. Des pièces historiques à la création la plus contemporaine, des grands noms inscrits dans l’histoire de l’art à la jeune garde montante. Telle est la force de la Foire de Bâle, qui s’est hissée à la première place, inégalée à ce jour, en essaimant à Miami Beach (en 2002) et à Hongkong (en 2013), à la conquête des marchés émergents sud-américains et asiatiques (lire p. 36 à 39).

Fondamentaux et tendances

Avoir pressenti les évolutions du marché et su s’y adapter n’est pas la moindre des qualités de la manifestation, ajoutée à une organisation au cordeau. En renforçant la représentation des galeries d’art moderne, et les stands historiques, Art Basel a très vite compris que les amateurs d’art contemporain, si curieux et audacieux soient-ils, sont aussi en quête de repères – et de valeurs sûres. En cause, les phénomènes de mode, les fluctuations des cotes et les carrières de plus en plus météoriques de jeunes artistes à peine encensés, sitôt jetés aux oubliettes. Cette transversalité du marché répond à un besoin de mise en perspective des générations, partant du postulat que les nouveaux talents s’inspirent toujours en partie de leurs prédécesseurs, ne serait-ce qu’à leurs débuts, pour les citer ou mieux rompre avec leur influence. Le goût a évolué, la tendance est désormais au mélange des genres entre artistes établis, émergents… et design. Tout en accentuant son offre moderne et historique, Art Basel continue de faire la part belle à la création contemporaine, sa raison d’être. En 1974 déjà, quatre ans seulement après sa création par le trio de galeristes bâlois Ernst Beyeler, Trudi Bruckner et Balz Hilt, la foire lançait un secteur dévolu aux nouvelles tendances et à la promotion de jeunes artistes.

Une riche programmation muséale

À Bâle, la semaine de la foire est l’occasion de parcourir les musées dont la ville est richement pourvue. Le Schaulager présente la plus importante rétrospective consacrée à Bruce Nauman depuis deux décennies, « Disappearing Acts », qui voyagera ensuite au MoMA, à New York. La confrontation entre Alberto Giacometti et Francis Bacon est au cœur de l’exposition d’été de la Fondation Beyeler, laquelle dévoile en parallèle à la gare centrale de Zurich GaiaMotherTree, une installation publique monumentale de l’artiste brésilien Ernesto Neto.

Le Kunstmuseum Basel, qui possède l’une des collections d’art municipales les plus anciennes au monde, présente « Theaster Gates : The Black Madonna » et la première exposition monographique européenne du peintre américain Sam Gilliam, intitulée « The Music of Color ». On pourra également y voir « War Games » , un dialogue entre Martha Rosler et Hito Steyerl, et une rétrospective d’œuvres sur papier de Maria Lassnig explorant les nuances de la perception de son propre corps.

Une visite à la Kunsthalle permettra d’apprécier les œuvres de l’artiste néo-zélandais Luke Willis Thompson et de l’Allemande Raphaela Vogel. Le Kunsthaus Baselland propose quant à lui trois expositions de femmes artistes internationalement reconnues : Naama Tsabar, Rochelle Feinstein et Rossella Biscotti.

Au Musée Tinguely, on ira découvrir « Too early to panic », un cabinet de curiosité des artistes suisses Gerda Steiner et Jörg Lenzlinger, et « Traces », une série de photographies de Gauri Gill pour laquelle l’artiste a travaillé en étroite collaboration avec des communautés du désert dans l’ouest du Rajasthan.

Enfin, parallèlement à une présentation de prises de vues architecturales signées Bas Princen, le Vitra Design Museum n’oublie pas, avec « Night Fever. Designing Club Culture 1960-Today », que la paisible Bâle devient durant cette semaine de l’année le théâtre de soirées mémorables.

Art Basel 2018
du 14 au 17 juin, Messe Basel, Messeplatz 10, Bâle.

Thématiques

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°503 du 8 juin 2018, avec le titre suivant : Impériale Art Basel

Tous les articles dans Marché

Le Journal des Arts.fr

Inscription newsletter

Recevez quotidiennement l'essentiel de l'actualité de l'art et de son marché.

En kiosque