Foire & Salon

Comment les foires satellites tournent autour de Bâle

Par Elisabetta Lazzaro et Nathalie Moureau · Le Journal des Arts

Le 12 juin 2018 - 827 mots

BALE / SUISSE

Les galeries participant aux foires « off » Liste, Volta et Scope ne connaissent pas les mêmes évolutions que le « in ».

La foire « off » Volta à Bâle
La foire « off » Volta à Bâle
© Volta, 2017

Bâle. Liste est fréquemment présentée comme étant l’antichambre d’Art Basel. Si l’on retrouve plusieurs habitués de Bâle dans les éditions passées de Liste tel David Zwirner en 1996, Contemporary Fine Arts (Berlin) en 1998, Perrotin en 1999, la doxa est-elle pour autant méritée ? Ce rôle de passeur incombe-t-il également à d’autres foires satellites comme Volta et Scope, lesquelles, sans bénéficier de la réputation de Liste, ont résisté à l’épreuve du temps et réussi à décliner leur nom en marque ? Volta, qui fête en 2018 ses 13 ans, a en effet créé une foire miroir à New York trois ans après sa naissance à Bâle. De façon symétrique, Scope est l’émanation d’une foire établie dans un hôtel new-yorkais quelques années plus tôt par un jeune galeriste. Très rapidement après sa création en 2002, Scope a essaimé en se greffant sur les grandes foires internationales : Miami puis Bâle en 2007.

Liste, la foire satellite à laquelle les galeries sont fidèles

La constance n’est pas ce qui caractérise la plupart des exposants de Scope. Sur l’ensemble des galeries ayant participé à la foire entre 2014 et 2017, plus de 70 % ne comptabilisent qu’une participation, 18 % deux. Volta se trouve dans une situation similaire, 58 % des galeries n’ont participé qu’une seule fois. Ce fort taux de renouvellement laisse présager d’une insatisfaction des galeries participantes – ou d’une inconstance du jury de sélection. La situation de Liste tranche avec celle de ses consœurs, puisque, sur la période, presque 30 % des galeries ont réitéré leur présence chaque année, et 25 % ont été présentes trois fois sur les quatre années.

Lorsqu’une galerie déserte l’une des foires satellites, c’est très rarement en faveur d’une de ses consœurs. Sur l’ensemble des 452 galeries qui ont participé aux trois satellites entre 2014 et 2017, seules 8 galeries sont passées au cours de la période d’une foire à l’autre (parmi les françaises, on pourra relever Charlot, Dukan et l’Inlassable). Notons que les passages s’effectuent exclusivement entre Scope et Volta, aucun mouvement n’a été constaté entre Liste et l’un des deux autres satellites.

Les passages d’une foire satellite à l’événement central Art Basel (voire l’inverse), sans être la règle, sont assez fréquents. Parmi l’ensemble des galeries ayant participé au moins une fois aux foires satellites sur une période de quatre ans, 41 galeries (soit 9 %) ont été concernées par de tels transferts. Pour une majorité écrasante, ces mouvements concernent Liste. Diverses trajectoires sont possibles et même si la présence à Liste précède la plus souvent celle à Art Basel, le mouvement s’opère de temps en temps en sens inverse. Par exemple, la galerie française Marcelle Alix, après une participation en 2015 à Art Basel dans la section « Statements », figure à Liste en 2016 mais réintègre Bâle en 2017, au sein du secteur « Feature ». En 2018, la galerie rejoint à nouveau Liste. Liste pourrait être une solution de repli lorsqu’une galerie se voit écartée d’Art Basel.

Hong Kong, une destination possible pour les galeries de Volta

Art Basel Miami et Art Basel Hong Kong sont également des destinations que convoitent les galeries participant aux foires satellites. Parmi elles, 38 ont fréquenté au moins une fois Art Basel Miami Beach entre 2014 et 2017. Une fois de plus, ce sont essentiellement les galeries participant à Liste qui sont concernées. Les doublons avec « Hong Kong » sont un peu moins fréquents, avec 24 cas observés et, fait singulier, la foire satellite n’apparaît plus comme un préalable à la participation à Hong Kong, puisque l’on observe des coparticipations aux deux foires au cours d’une même année. La jeunesse d’Art Basel Hong Kong peut expliquer ce phénomène, la foire tendant jusqu’à présent à se montrer moins sélective que Miami ou Bâle.

Bien que Liste ne se soit pour l’heure pas érigée en marque comme Volta et Scope, elle offre une réelle alternative à Art Basel, et ce n’est pas sans raison qu’elle a fêté allègrement ses 20 ans en 2015 dans le monde concurrentiel des foires où la pérennité n’est pas nécessairement la règle.

Voir la liste des galeries ayant transité entre une foire satellite et Art Basel entre 2014 et 2017.

Nationalité des galeries fréquentant les trois foires satellites
 
L’origine géographique de galeries fréquentant les foires satellites se différencie assez nettement de celle des galeries d’Art Basel. Alors qu’à Bâle le plus gros contingent de galeries est de loin celui des américaines (26,2 %), à Liste la proportion d’enseignes américaines, qui oscille autour de 11-12 %, est similaire à celle des galeries allemandes et britanniques. Scope et Volta offrent encore d’autres visages : tandis que Scope est très tournée vers la scène allemande, avec une galerie sur quatre d’origine germanique, Volta accueille une proportion élevée de galeries américaines (18,3 %) sans toutefois les favoriser autant qu’Art Basel. Sur l’ensemble des trois foires satellites, la proportion de galerie française varie peu et avoisine les 10 %.

Image retirée.

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Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°503 du 8 juin 2018, avec le titre suivant : Comment les foires satellites tournent autour de Bâle

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