Biennale

Entre objet et œuvre d’art la frontière s’amincit

Par Alexia Lanta Maestrati · L'ŒIL

Le 25 avril 2019 - 739 mots

La 4e édition de la biennale Révélations met à l’honneur les objets d’art sans fonction utilitaire. L’occasion de nous pencher sur les tendances de l’artisanat d’art, longtemps considéré comme ringard.

Collectionner -  Sculpture en tissage de crin de cheval de Rita Soto, œuvre en textile de Josefina Concha, bijoux en papier d’Ana Hagopian ou encore orfèvrerie très épurée de Jiang Zao sont autant d’objets d’art à découvrir à la biennale Révélations, qui se tiendra au Grand Palais du 23 au 26 mai. Auparavant fortement prononcée, la frontière entre objet d’art et œuvre d’art contemporain est de plus en plus ténue. D’un côté, cette 4e édition de la Biennale internationale des métiers d’art et de création présente plus de 50 % d’objets d’art sans fonction utilitaire ; de l’autre, l’art contemporain remet les savoir-faire au goût du jour. Une des tendances majeures de l’exposition d’art contemporain « Jeunes Artistes en Europe. Les métamorphoses », actuellement à la Fondation Cartier, marque d’ailleurs le retour à des techniques artisanales comme la céramique, la broderie ou la marqueterie chez une nouvelle génération d’artistes.Sur le marché de l’art contemporain, comme sur celui des métiers d’art, la céramique connaît une véritable percée. Par exemple, à la Fiac, le médium était présent cette année sur plus de vingt-cinq stands. Et la différence de prix entre une œuvre d’art et un objet d’art en céramique est parfois difficilement justifiable. Certains artistes d’art contemporain atteignent des sommets, comme le Britannique Grayson Perry, dont le record pour un vase (I Want to Be an Artist) est de 632 750 livres sterling (717 285 euros) en 2017 chez Christie’s Londres, quand les œuvres des créateurs présents à Révélations peinent à dépasser quelques milliers d’euros. « Le débat entre artisanat d’art et art contemporain est encore très vif, car il s’agit d’un débat économique. Il y a des œuvres d’art contemporain discutables dispendieuses, alors que de somptueuses céramiques contemporaines ont un coût relativement bas. La revalorisation est compliquée, surtout lorsqu’il y a une notion utilitaire », constate Charlotte du Vivier Lebrun, consultante en céramique contemporaine qui organise à Drouot la vente Manière Matière consacrée aux arts décoratifs contemporains.

Estimé entre 700 et 800 €

1_Karen Gossart Alors que les traditionnels paniers en osier ne sont plus tellement au goût du jour, les sculptures en vannerie font une percée depuis trois ans. Certaines œuvres seront montrées à Révélations, d’autres, comme la sculpture L’Oseraie de l’île de Karen Gossart, sont en vente à Drouot. L’hôtel des ventes organise en effet, en parallèle de la biennale, une vente aux enchères intitulée Manière Matière consacrée aux arts décoratifs contemporains. La vacation réunit 140 lots, bijoux, meubles ou objets décoratifs de 80 créateurs, estimés de 300 à 20 000 euros.

En vente le samedi 25 mai 2019 à Drouot

7 862 €

2_Léa Schroeder Après le Chili en 2017, le Luxembourg est l’invité d’honneur de la biennale. L’artisanat est ancré dans la culture et l’économie du pays, puisqu’il représente 30 % de son PIB. Le Couple céleste,œuvre en faïence de Léa Schroeder, représente un couple d’oiseaux s’entremêlant dans un rendu délicat et poétique. La céramique est fortement présente, mais, forte de la richesse de la création luxembourgeoise, Révélations présente également des œuvres faites de bois, de verre ou de textile.
En vente à Révélations

 

Vendu

3_Hanne Friis Le textile est une tendance du salon qu'on retrouve aussi chez les artistes d’art contemporain, comme dans les œuvres de Sheila Hicks montrées au Centre Pompidou en 2018. Ici, la Norvégienne âgée de 47 ans, Hanne Friis, joue avec les tissus, et notamment avec le jean. Sous forme d’installation monumentale, son œuvre se situe d’une manière abstraite entre ordre et chaos, avec des zones très travaillées entremêlées à d’autres laissées à l’état brut. Vendue avant même l’ouverture de la biennale, son œuvre a été choisie cette année pour faire la couverture du catalogue de Révélations. D’autres pièces similaires sont disponibles sur le salon, pour des prix allant de 18 000 à 26 000 euros.

Révélations

18 000 €

4_Marion Verboom Une jeune génération d’artistes contemporains place les savoir-faire au cœur de sa pratique. L’œuvre de Marion Verboom explore la texture de différentes matières. Leur superposition lui permet d’observer comment les matières se répondent entre elles, et comment la lumière intervient. Cette verticalité nous parle également du temps, de l’accumulation, et fait référence à l’histoire de l’art. La plasticienne française est en ce moment exposée à la Fondation Cartier.

En vente à la Galerie Jérôme Poggi

Thématiques

Cet article a été publié dans L'ŒIL n°723 du 1 mai 2019, avec le titre suivant : Entre objet et œuvre d’art la frontière s’amincit

Tous les articles dans Marché

Le Journal des Arts.fr

Inscription newsletter

Recevez quotidiennement l'essentiel de l'actualité de l'art et de son marché.

En kiosque