À l’occasion de la Paris Art Week, la maison de ventes a fait confiance au geste artistique de Stéphane Thidet pour personnaliser la façade de son hôtel particulier.
Il a drapé le théâtre Graslin, à Nantes, d’un déluge d’eau en cascade (Rideau), hypnotisé le public par le chuchotement inlassable d’une chute de sable (Bruit rose), dévié le cours de la Seine sous les voûtes de la Conciergerie (Détournement)… Les installations de Stéphane Thidet (né en 1974) jouent avec les éléments – l’eau en particulier –, mais aussi avec les limites, qu’il aime à faire reculer, du vraisemblable. En ce moment, son œuvre spatiale OSCAR, arrimée à l’extérieur de la Station spatiale internationale, finit de composer « la première œuvre sonore créée en symbiose avec et dans le milieu spatial ». Plus près de nous, bien qu’il faille aussi lever les yeux, on retrouve le travail de Stéphane Thidet à Paris, sur la façade de Christie’s, à l’angle de l’avenue Matignon et de la rue de Ponthieu. La maison de ventes aux enchères a en effet passé commande à l’artiste (représenté par la Galerie Aline Vidal) d’une intervention in situ dans son hôtel particulier du 8e arrondissement. Intitulée Le Fil rouge, l’œuvre, qui relie par un trait graphique les garde-corps en fer forgé des balcons, a été dévoilée quelques jours avant le coup d’envoi de la Paris Art Week, qui voit les collectionneurs affluer vers la capitale pour la foire Art Basel et ses événements satellites. La maison avait déjà fait appel l’an dernier à Felice Varini (né en 1952) qui avait métamorphosé son architecture intérieure et jusqu’aux fenêtres du bâtiment en y apposant des motifs de disques évidés excentriques et colorés. Même si la mise en place de ce fil rouge tressé d’1,5 km de long (confectionné par une usine textile française) a relevé de la voltige, et si sa présence peut sembler incongrue, le geste de Stéphane Thidet est sobre et conceptuel. Que signifie ce lien écarlate tendu en façade ? Il fait référence à l’activité de haute couture des sœurs Callot, qui exercèrent à cette adresse au début du XXe siècle et dont les robes du soir richement brodées étaient prisées d’une clientèle cosmopolite (par la suite, l’activité de la griffe périclita et tomba dans l’oubli). Le fil rouge, qui renvoie à celui de la destinée, comporte aussi une signification ésotérique, qui n’aura pas échappé à cet artiste manipulateur de symboles et d’auras. À chacun de trouver, dans cette installation, un écho personnel pour fabriquer à partir de son image son propre souvenir.
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Christie’s s’habille d’un fil rouge
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans L'ŒIL n°790 du 1 novembre 2025, avec le titre suivant : Christie’s s’habille d’un fil rouge






