Ventes aux enchères

Art impressionniste et moderne

Christie's plane sur les grandes ventes d’art impressionniste et moderne de Londres

L’ambitieuse Christie’s dans la bataille

Par Marie Potard · Le Journal des Arts

Le 29 janvier 2014 - 795 mots

Traditionnellement, à Londres, Christie’s domine les grandes ventes et cette fois encore frappe fort avec une estimation basse globale jusque-là jamais atteinte.

LONDRES - L’année débute avec les grandes ventes d’art impressionniste et moderne, et Londres ouvre le bal. L’occasion aussi pour Christie’s et Sotheby’s de se livrer bataille, à grands coups de collections privées, prestigieuses, inédites et d’estimations poussées, dans un marché dynamique, mais encore dans l’expectative pour 2014.

Christie’s domine largement, avec des estimations plus importantes que sa concurrente mais surtout, « une fourchette d’estimation totale qui n’a jamais été aussi élevée ( 40 % par rapport à février 2013). La vente est plus puissante, plus fournie que celle de l’an passé », commente Olivier Camu, vice-président du département art impressionniste et moderne. Une importante collection suisse, qui reste hélas non nommée, fera sans doute la différence. Les œuvres qui en sont issues n’ont jamais été vues sur le marché puisqu’achetées directement auprès des artistes ou offerts par eux à la famille. Telle Nature morte à la nappe à carreaux, de Juan Gris, estimée 12 à 18 millions de livres, « très rythmique, en parfait état et dans la même collection depuis 1972 », selon Olivier Camu ; Composition n° 2 en bleu et jaune de Piet Mondrian (est. 8 à 12 millions de livres) et Solitude de Carlo Carrà, de 1917 (est. 2,5 à 3,5 millions de livres). L’œuvre bénéficiant de la plus haute estimation de la vacation est Femme au costume turc dans un fauteuil (1955) de Picasso, représentant Jacqueline Roque, conservée dans une collection privée depuis 50 ans (est. 15 à 20 millions de livres). Citons également Église de Varengeville, soleil couchant de Claude Monet, tout en contraste de lumière (est. 4 à 7 millions de livres) ; un tableau atypique de Magritte, Les chasseurs au bord de la nuit, 1928 (est. 6 à 9 millions de livres), « un tableau sombre, qui fait peur et fascine comme une nouvelle d’Edgar Allan Poe, à rapprocher des Jours gigantesques, vendu 7,2 millions de livres en juin 2012 à Londres. Voyons si l’intérêt récemment accru du public envers les œuvres précoces de Magritte, se confirme », lance Olivier Camu. 85 tableaux de Miró seront dispersés dans la semaine, sur décision de la République du Portugal. Il s’agit de la plus grande collection d’œuvres de l’artiste à passer en vente.

Pissarro et la collection Krugier,les atouts Sotheby’s
Dans sa vente du soir, Sotheby’s propose 90 lots pour une estimation de 93 à 132 millions de livres (contre 137 à 200 chez Christie’s). Elle reste dans sa fourchette habituelle, mais avec trente œuvres de plus que l’an passé. Pour Aurélie Vandevoorde, directrice du département art impressionniste et moderne de Paris, « c’est une vente très spécifique, avec deux forces en présence, un Pissarro important et la collection Krugier, mais aussi des estimations raisonnables ». Boulevard Montmartre, matinée de printemps (1897) de Camille Pissarro, estimé 7 à 10 millions de livres, devrait séduire les amateurs à plus d’un titre : il provient de la collection de l’industriel Max Silberberg, dont très peu d’œuvres se retrouvent sur le marché, il est issu de la série iconique des boulevards et a été peint à l’époque où l’artiste est au sommet de son art. Quant à la dispersion de la collection personnelle du marchand d’art Jan Krugier – Christie’s ayant vendu son stock de marchand en novembre à New York avec un succès mitigé – « il s’agit d’œuvres très caractéristiques de son goût personnel, très peu connues du public, contrairement à son stock », indique Aurélie Vandevoorde. Parmi elles, une sculpture d’Alberto Giacometti, Homme traversant une place par un matin de soleil, (est. 3 à 5 millions de livres). D’autres œuvres méritent d’être citées, comme Boléro violet de Matisse, représentant la princesse Hélène Galitzine, l’un des modèles préférés du peintre à cette période (est. 6,5 à 8,5 millions de livres) ; et deux tableaux représentatifs de leur œuvre, L’Homme est en mer de Vincent van Gogh, estimé de façon juste à 8 millions de livres, et Le Beau monde de Magritte (est. 4 à 6 millions de livres).

Note

(1) Tous les prix hors frais sauf indications contraires<

CHRISTIE’S - ART IMPRESSIONNISTE ET MODERNE (VENTE DU SOIR) ET ART DES SURREALISTES

Le 4 février, 19h, Christie’s King Street, Londres, Angleterre, tél.01 40 76 85 88, www.christies.com

Expert : Olivier Camu
Estimation : 137 à 200 millions de £ (166 à 242,5 millions d’€)
Nombre de lots : 103

SOTHEBY’S - ART IMPRESSIONNISTE MODERNE ET SURREALISTE (VENTE DU SOIR)

Le 5 février, 19h, Sotheby’s, 34-35, New Bond Street, Londres, Angleterre, tél.01 53 05 53 05, www.sothebys.com

Expert : Helena Newman
Estimation : 93 à 132 millions de £ (112,7 à 160 millions d’€)
Nombre de lots : 90

Titre original de l'article du Jda : "L’ambitieuse Christie’s dans la bataille"

Légende Photo :
Piet Mondrian, Composition n°II en bleu et jaune, 1930, huile sur toile, 50,5 x 50,2 cm, estimation : 8 000 000-12 000 000 £, vente du 5 février, Christie's, Londres. © Christie's Images Ltd.

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Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°406 du 31 janvier 2014, avec le titre suivant : Christie's plane sur les grandes ventes d’art impressionniste et moderne de Londres

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