Foire & Salon

Une Biennale Paris… en ligne

Christie’s et l’ex-Biennale des antiquaires fricotent en ligne 

Par Marie Potard · L'ŒIL

Le 25 septembre 2020 - 1045 mots

PARIS

Annulée pour cause de Covid-19, la Biennale Paris n’a pas dit son dernier mot : ses exposants mettent en vente chez Christie’s quelques-unes de leurs œuvres.

Casque japonais Za-boshi kabuto, XIXe siècle, fer, cuivre, laque et cuir. © Galerie Jean-Christophe Charbonnier, Paris
Casque japonais « Za-boshi kabuto », XIXe siècle, fer, cuivre, laque et cuir.
© Galerie Jean-Christophe Charbonnier, Paris

Marché -  Face à la crise sanitaire qui touche le monde entier depuis le début de l’année 2020, le Syndicat national des antiquaires (SNA), organisateur de la Biennale Paris, ex-Biennale des antiquaires, décidait mi-mai d’annuler l’édition 2020 qui devait se tenir au Grand Palais du 17 au 21 septembre 2020. À la place, c’est une vente aux enchères en ligne organisée conjointement par le SNA et Christie’s qui a été concoctée, du 24 septembre au 8 octobre. « J’ai constaté que les ventes en ligne fonctionnaient. Alors, après en avoir discuté avec le SNA, je me suis entretenu avec Guillaume Cerutti, le P-DG de Christie’s Monde afin d’organiser une vente en ligne qui permettrait de donner de la visibilité aux antiquaires et aux marchands. Tout s’est décidé très vite », raconte Georges De Jonckheere, le président de la manifestation. « Cette association est une grande nouveauté, mais elle correspond à l’évolution de la société. Cela n’aurait pu se faire il y a vingt ans », commente, à son tour, Anisabelle Berès-Montanari, présidente du SNA. Et Guillaume Cerutti d’ajouter : « Même si ce partenariat entre une maison de ventes et un salon est loin d’être évident, je dis tout de même : “Enfin !” Car, sans les antiquaires, les ventes publiques n’existeraient pas. »

Un pont vers les galeries

Résultat, 42 marchands ont rejoint l’aventure, chacun mettant en vente une, deux ou trois œuvres – soit au total 91 lots pour une estimation de 7 à 10 millions d’euros. Parmi les galeries qui ont inscrit une ou plusieurs pièces à la vacation figurent notamment Aveline, Léage, Jean-Christophe Charbonnier, Anthony Meyer, Steinitz, Mitterrand, Haboldt, Gisèle Croës, Perrotin ou encore Florence de Voldère. Un large panel de spécialités est donc représenté : art ancien, archéologie, design, art d’Asie, arts premiers, art contemporain… Par souci d’équité, les œuvres mises aux enchères sont présentées par ordre alphabétique (nom du marchand). Quant aux frais de vente, côté acheteurs, ce sont les frais classiques de la maison, sans commission vendeur.

Pierre-Auguste Renoir, Pommes dans un plat et panier, vers 1900, huile sur toile, 18 x 32 cm. © Galerie Hélène Bailly, Paris
Pierre-Auguste Renoir, Pommes dans un plat et panier, vers 1900, huile sur toile, 18 x 32 cm.
© Galerie Hélène Bailly, Paris

Fait inédit, les œuvres sont exposées chez les marchands et non pas chez Christie’s – à quelques rares exceptions près pour les marchands étrangers qui n’ont pas souhaité exposer chez un confrère ou une consœur. Un vernissage dans les galeries participant à l’opération est prévu pour le 28 septembre. « L’idée de la vente est d’inciter les collectionneurs à se rendre dans les galeries », explique Cécile Verdier, présidente de Christie’s Paris. C’est pourquoi une carte interactive visible sur le site Internet de Christie’s permet de situer chacune des œuvres dans chacune des galeries.

Est. 15 000 à 20 000 €

Ce casque en fer naturel (voir illustration ci-dessus), comportant 16 plaques de forme koshozan, possède un bol orné de wakidate (ornements latéraux) en cuivre doré dont la forme évoque la représentation stylisée des ailes d’une oie. Il porte un maedate (ornement frontal) propre à la province de Kaga. Son armoirie, de type katabami (oxalis), était utilisée par plusieurs familles de daimyô. Rattaché à l’école Kojima (branche des Myochin de Kaga fondée par Munehide dans le dernier quart du XVIIIe), le travail de forge et la qualité de la patine du casque évoquent le travail de Munetaka, le second maître de l’école.

 

Casque japonais « Za-boshi kabuto »,

XIXe siècle, fer, cuivre, laque et cuir. Galerie Jean-Christophe Charbonnier, Paris.

Est. 250 000 à 400 000 €

Belle-sœur du peintre Jean-Honoré Fragonard (1732-1806), Marguerite Gérard le rejoint à Paris au milieu des années 1770 et devient son élève puis sa collaboratrice. Connue comme portraitiste, elle s’illustre aussi avec talent dans la peinture de genre. Dans l’œuvre présentée ici, envoyée au Salon de 1808, l’artiste reprend son style de jeunesse : les motifs « hollandisants » (facture lisse, élégants jeux d’ombres et de lumière…) et les tonalités plus chaudes, dans une mise en scène plaisante et mélancolique. Elle a également apporté un soin particulier au rendu chatoyant du satin.

 

Marguerite Gérard, Jeune Femme venant de recevoir une lettre de son époux

1808, huile sur toile, 62 x 51 cm. Galerie Alexis Bordes, Paris.

Est. 150 000 à 250 000 €

Longtemps resté dans l’ombre de son frère Alberto, Diego Giacometti est désormais presque aussi célèbre. Alors que son aîné s’installe à Paris, Diego le rejoint à 25 ans et devient son assistant. Les deux frères vont ainsi entamer une collaboration étroite, partageant le même atelier. Le Chat maître d’hôtel (à l’origine le modèle a été commandé par le galeriste Aimé Maegtht pour nourrir les oiseaux au sein de sa fondation de Saint-Paul-de-Vence créée en 1964) est d’ailleurs le fruit d’une création conjointe : Alberto s’est chargé du dessin et Diego de la sculpture.

 

Diego Giacometti, Chat maître d’hôtel

vers 1977, bronze à patine brun-vert, marqué L. Thinot, fondeur, Paris. 29 cm. Galerie Berès, Paris.

Est. 100 000 à 150 000 €

La Galerie Sarti, qui se consacre à la peinture ancienne, est aussi connue pour sa spécialité de tableaux primitifs italiens (XIIIe-XVe siècle). Elle présente ici un panneau richement coloré, dans un état de conservation impeccable, attribué au peintre florentin Neri di Bicci, dernier héritier de la célèbre dynastie établie par Lorenzo di Bicci (vers 1350-1427). Son style a été fortement façonné par les traditions de la peinture médiévale sur fond d’or, apprise auprès de son grand-père et de son père.

 

Neri di Bicci, L’Ascension du Christ

vers 1475-1480, tempera et or sur panneau. 95 x 57 cm. Galerie G. Sarti, Paris.

Est. 200 000 à 300 000 €

Ce guéridon impérial néoclassique est l’œuvre d’Heinrich Gambs (1765-1831), un élève de David Roentgen, d’après un dessin d’Andreï Voronikhine, architecte personnel du comte Alexandrovitch Stroganov. Il bénéficie d’un pedigree en or, puisqu’il a été offert par le tsar Alexandre Ier au roi et à la reine de Prusse pour le palais de Unter den Linden à Berlin. Le travail de la malachite a très probablement été fait par la manufacture impériale de Peterhof. Ce guéridon fait partie d’un ensemble de meubles comprenant un miroir et deux guéridons ainsi que deux vases et deux lampes.

 

Heinrich Gambs, Guéridon impérial russe

vers 1803, en placage d’acajou et bronze doré, plateau en malachite, 79 cm x 55 cm. Galerie Neuse, Brême.

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Cet article a été publié dans L'ŒIL n°737 du 1 octobre 2020, avec le titre suivant : Une Biennale Paris… en ligne

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