Bataille judiciaire à New York autour du Nez de Giacometti

Le Nez d’Alberto Giacometti, sculpture dont huit variantes ont été réalisées en 1947 et 1964, représentant un nez qui s’allonge, évoquant entre autres Pinocchio, est au cœur d’une bataille de milliardaires. L’entrepreneur chinois spécialisé dans la cryptomonnaie Justin Sun, 34 ans, et le dirigeant américain du secteur du divertissement David Geffen, 82 ans, s’accusent mutuellement devant un tribunal fédéral de New York, chacun revendiquant être le propriétaire légitime de l’œuvre.

Lors de la vente aux enchères de la collection Macklowe à New York en 2021, Justin Sun, fondateur de la plateforme cryptographique Tron à Singapour, a payé 78,4 millions de dollars (environ 72 millions d’euros) pour Le Nez. L’année suivante, David Geffen a acheté la sculpture, ainsi que deux tableaux anonymes, pour 10,5 millions de dollars (environ 9,6 millions d’euros).

Justin Sun a aussitôt intenté un procès, affirmant que son conseiller en art avait vendu la sculpture sans son autorisation, en falsifiant des documents et en inventant un avocat chinois fictif pour conclure la transaction. En réponse, David Geffen a poursuivi Justin Sun en justice, l’accusant d’avoir inventé cette histoire à propos de son conseiller parce qu’il aurait été déçu que son lot n’ait pas suscité d’offres élevées.

Selon l’avocate new-yorkaise Jana Farmer, l’affaire s’annonce complexe : « les versions des deux pourraient être vraies ». Si le conseiller en art a effectivement vendu la sculpture sans l’autorisation de Justin Sun, ce dernier pourrait être considéré comme le propriétaire légitime. À l’inverse, David Geffen pourrait être le propriétaire s’il est établi qu’il n’avait pas connaissance d’une fraude de la part du conseiller.

Ce n’est pas la première fois que Justin Sun se retrouve dans l’actualité. Celui qui avait acheté en 2024 la célèbre banane scotchée de Maurizio Cattelan pour 6,2 millions de dollars (environ 5,7 millions d’euros) – avant de la manger – avait aussi été accusé en 2023 d’avoir artificiellement gonflé la valeur de ses jetons cryptographiques.