Foire & Salon

Art Up! égale à elle-même

Par Anne-Cécile Sanchez · Le Journal des Arts

Le 28 février 2018 - 753 mots

LILLE

C’est jour d’affluence à Art Up !, au premier étage de Lille Grand Palais.

En ce samedi 17 février, les enfants galopent dans les allées, les couples encombrés de poussettes déambulent avec langueur, les ados font des selfies devant les œuvres les plus tapageuses : gros succès, sur le stand de la galerie Bel Air Fine Art, pour les sculptures hyperréalistes de Carole A. Feuerman, artiste new-yorkaise qui s’est fait une spécialité des nageuses en bonnet de bain doré ou pailleté. Sa gymnaste en maillot perchée sur une sphère rouge cerise (Monumental Quan, 2016) accueille les visiteurs devant la billetterie. Une odeur de gaufres et de crêpes flotte dans l’air, c’est la fête, le bar à champagne ne désemplit pas. « L’atmosphère est conviviale, voire festive les premiers soirs. C’est devenu un rendez-vous prisé des entreprises qui y organisent des événements : “the place to be” », constate en souriant Emmanuel Provost de la galerie Provost-Hacker. Après 32 000 visiteurs en 2017, 37 000 entrées ont été comptabilisées cette année. « La foire est devenue tellement attractive que les gens viennent s’y promener », résume Stéphane Bicocchi, de la Art To Be Gallery, président de l’association des galeries de la métropole lilloise. Membre du comité de sélection, il revendique pour Art Up ! « une offre plurielle ».

Une centaine de galeries sont réunies, aux deux tiers françaises. On compte dix-sept enseignes belges, une galerie grecque, une autre du Danemark. Un Japonais a fait le voyage : Naoki Kirito poursuit depuis plusieurs années le rêve d’ouvrir, un jour, une adresse dans l’Hexagone. Pour l’instant, il tente de faire découvrir au visiteur les encres et gouaches sur papier de Toshio Takabayashi, proposées entre 850 et 1 200 euros. Il a apposé un point rouge près de l’une d’elles.
 

Street art, animaux et toiles très colorées

Les tendances de cette 11e édition ? On note d’un stand à l’autre une forte représentation de crânes, déclinés dans différentes matières et teintes chromatiques, certains parfois agrémentés d’un nez de clown en métal réfléchissant. Faut-il voir dans cette variation sur la notion de vanité l’influence de Damien Hirst ? Le thème animalier est également très présent : peintures de gorilles et de félins, sculptures de pingouins dans un esprit néo-Pompon, ou bien ours tagué de couleurs vives. Car le graffiti s’impose ; le street art est une passion lilloise sur laquelle misent depuis quelques années nombre de galeries. On croise donc beaucoup de lettrages multicolores signés de graffeurs inconnus pour quelques rares Speedy Graphito et JonOne de bonne tenue, comme ceux de la galerie Provost-Hacker. Avec une vingtaine d’œuvres vendues, ce « local de l’étape » dont l’espace occupe 100 mètres carrés, se félicite des bons résultats obtenus sur cette édition. Tout en constatant que son Berthe, beau portrait défiguré peint par Gael Davrinche, n’attire pas les foules. Celles-ci semblent lui préférer, plus loin, Jorge Colomina, en majesté sur le stand de la galerie Be-Espace qui a écoulé une quinzaine de toiles de ce peintre « imprégné de Picasso ». Une aubaine pour le marchand autrefois situé « près de la place des Vosges » et dont Art Up ! reste aujourd’hui l’une des principales vitrines. Dans un genre plus sobre, la formule du solo show réussit également à la galerie Castang Art Project, pilier historique de la foire, venue cette année avec des œuvres de Patrick Loste, dont les pigments naturels reposent le regard ; deux de ses bâches ont trouvé preneurs (7 500 euros chacune), ainsi que des petits formats à 4 400 euros. « La foire se passe bien », estime Roger Castang.

Tous ne partagaient pas la satisfaction du marchand perpignanais. Pour sa première participation, la galerie parisienne Lelia Mordoch, qui avait choisi de mettre en avant les sculptures lumineuses d’Alain le Boucher (de 4 000 à 30 000 euros), a peu vendu. Un léger sentiment de déconvenue planait aussi sur le stand de la galerie Claudine Legrand, qui peinait à promouvoir les tableaux de Francisco Sepulveda et les silhouettes de ballerines à la Degas de Marion Robert. « Nous avons fait un infime pourcentage du chiffre d’affaires que nous réalisons sur les salons en Belgique, alors même que nous présentons des artistes bien identifiés, comme Manu vb Tintoré », déplorait enfin la Belgian Gallery. Malgré une large couverture médiatique, les tableaux de Goran Djurovic, à la galerie Zuid, n’ont pas non plus rencontré l’accueil escompté. « Les seuls acheteurs sont flamands. Les Lillois n’ont peut-être pas le budget ? », s’interroge Stéphane Van Kerckhoven. Ou pas – encore – le regard exercé. Pas sûr que cette édition l’ait beaucoup affûté.

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Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°496 du 2 mars 2018, avec le titre suivant : Art UP ! égale à elle-même

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