Galerie

La galerie Guy Pieters à Saint-Paul de Vence, un petit coin de Belgique

Par Stefan Cornic · lejournaldesarts.fr

Le 4 juillet 2013 - 648 mots

SAINT-PAUL DE VENCE [04.07.13] – Cet été, le galeriste belge Guy Pieters revient avec son épouse Linda au village de Saint-Paul de Vence pour l’ouverture de leur galerie, fermée pendant deux ans : la scène belge à l’honneur.

Accueillis par une pelleteuse de Wim Delvoye située à l’entrée de la galerie encore en travaux, le ton est donné. Il y a bien eu du changement depuis deux ans que la galerie a fermé. « Faire table rase du passé », pour Guy Pieters, personnage jovial et chaleureux, c’est faire appel à un architecte de la région afin de réaménager entièrement la galerie, et constituer une nouvelle équipe pour prendre possession des lieux. Le nouveau directeur Stéphane Van Deun et sa compagne ont d’ailleurs – privilège de la fonction, leurs appartements sur place. De quoi se réveiller tous les matins, en voyant dans le jardin, les sculptures des artistes Jan Fabre, Guillaume Bijl et Jean-Michel Folon, autre belge ayant entretenu un lien fort avec la côte d’azur.

Linda et Guy Pieters sont attachés au village de Saint-Paul, comme l’ont été les Maeght avant eux. C’est ici qu’ils se sont rencontrés, et pour Guy Pieters, qui aime les belles histoires, c’est aussi un état d’esprit de « village d’artistes » qu’il retrouvait. Né à Laethem-Saint-Martin, berceau de l’expressionnisme flamand, le galeriste, qui estime avoir fait son éducation au café de sa grand-mère où il côtoyait les peintres, a retrouvé sur la côte une effervescence et une nouvelle scène artistique. Rencontrer Arman lui avait notamment permis, outre le fait d’appréhender un tout autre marché, d’être introduit auprès de plusieurs Nouveaux réalistes tels que César, Niki de Saint Phalle et Jean Tinguely.

Pour cet été, le choix d’inaugurer ce nouvel espace avec des artistes belges est délibéré : « c’est un moyen pour nous de réaffirmer l’origine de la galerie ».

La galerie, qui se scinde en deux espaces principaux accueille deux expositions à l’étage, l’une dédiée à Jan Fabre, l’autre à Koen Vanmechelen ; le sous-sol, où se trouve l’accès au jardin de sculptures et la réserve (que l’on peut visiter), présente le troisième artiste choisi pour cette exposition inaugurale : Arne Quinze. Mais cet étage présente également d’autres artistes, comme Christo, répondant à une logique plus historique de la galerie. Les volumes y sont plus modestes que les espaces d’exposition du dessus qui permettent des installations plus ambitieuses ou extravagantes.

Jan Fabre a produit des œuvres utilisant à nouveau des ailes de coléoptères, proposant un discours critique du passé colonial belge à travers une série de mosaïques intitulées A tribute to Congo. Entre les tableaux, s’intercalent des crânes tenant dans leur bouche des animaux empaillés, des vanités qui font écho à l’œuvre in situ de Koen Vanmechelen, Protected Paradise. L’artiste s’affaire avec ses assistants pour la préparation de la cage qui accueillera très bientôt deux vautours vivants. Ces symboles de la mort sont confrontés à un mur entier de portraits de ses poulets « cosmopolites », des poules que l’artiste hybride depuis une dizaine d’années. Ces représentations du vivant côtoient dans un même espace (exploité de manière à illustrer l’évolution du progrès), le vivant qui guette, incarné par les vautours, la vie en devenir, les embryons matérialisés par un filet suspendu et rempli de globes dorés, à la fragilité d’un poussin porté par une main sculptée.

S’il cherche à ne pas passer inaperçu par le choix des œuvres exposées cet été dans sa galerie, Guy Pieters contribue en outre à la diffusion d’artistes belges au-delà de Saint-Paul, puisqu’il soutient également le projet d’Arne Quinze, « Hommage à Alexandre Calder », une vaste structure qui occupe le parvis du MAMAC de Nice jusqu’en novembre, ainsi que « Le voyage inédit » de Jean-Michel Folon dans le jardin de la Villa Domergue à Cannes. Un retour en fanfare, pour le galeriste qui fête ses 60 ans, et veut effacer le temps perdu.

Légendes photos

La galerie Guy Pieters à Saint-Paul de Vence - © photos Stefan Cornic / Jda.fr

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