Jennifer Flay : « Nous visons l’excellence »

Par Jean-Christophe Castelain · Le Journal des Arts

Le 4 octobre 2011 - 853 mots

Jennifer Flay, directrice de la Fiac, évoque les nombreux atouts et opportunités d’une foire qui ne cesse de progresser.

Jean-Christophe Castelain : Comment avez-vous géré les contraintes nées du regroupement sur un seul site ?
Jennifer Flay : Nous sommes passés de 194 galeries à 168, et c’était très difficile, car bien que toutes les galeries présentes à la Fiac 2011 sont d’excellentes galeries, toutes les excellentes galeries qui méritent d’être à la Fiac n’y sont pas. En tant que directrice de la foire, c’est évidemment très douloureux à assumer, sur le plan humain et professionnel. Il a fallu être très sévère dans nos choix. Cela a donné lieu à plusieurs réunions de notre comité de sélection, qui ont duré deux fois plus longtemps que les années précédentes. Nous avions décidé de ne plus construire de stands en étage il y a deux ans, car les conditions d’exposition n’étaient pas suffisamment bonnes. De fait, nous avions déjà perdu 730 m². Par ailleurs, construire une tente ou un espace éphémère sur un autre site n’est pas dans l’esprit de la Fiac. Les galeries veulent être au Grand Palais. Nous allons découvrir le Grand Palais dans une configuration inédite et je suis fière que ce soit la Fiac qui inaugure les nouveaux espaces. À terme, je souhaiterais que la manifestation puisse retrouver une configuration pour accueillir 220 galeries. Comme ces dernières aiment le côté « échelle humaine » de la Fiac, nous n’accueillerons jamais 270 exposants.

J.-C. C. : Comment envisagez-vous la circulation vers les nouveaux espaces ?
J. F. : Il y a six escaliers, trois ascenseurs, donc neuf points pour accéder aux étages. Nous avons également mis en place un dispositif signalétique extrêmement efficace, élaboré par le cabinet Bodin. Il n’y aura aucun doute, dès l’entrée dans le Grand Palais, sur les moyens d’accès aux galeries supérieures. Ce sera une évidence.

J.-C. C. : Avez-vous augmenté la jauge, notamment pour le dimanche ?
J. F. Oui, nous avons pu augmenter la jauge à 6 000 entrées à l’instant T. La jauge n’est pas liée à l’espace, mais au nombre de sorties vers l’extérieur. Les mesures édictées par la préfecture de police me rassurent au plus haut point. Nous devons imaginer tous les incidents. Nous avons effectivement beaucoup de monde le dimanche. J’encourage le public à éviter de venir le dimanche après 16 heures. On essaiera, comme l’an dernier, de pallier les difficultés que cela crée et d’augmenter la fluidité des sorties. En 2010, quelques personnes n’ont pas pu rentrer dans le Grand Palais. Nous avons dû rembourser quinze visiteurs.

J.-C. C. : Seriez-vous victime de votre succès ?
J. F.  : Nous sommes toujours très heureux et flattés que cet événement attire autant d’intérêt. Mais il y a plusieurs manières de vivre la Fiac pleinement en plus du Grand Palais. Je veux parler du jardin des Tuileries avec vingt projets de très grande qualité. Nous avons également notre cinéma éphémère (aux Tuileries) qui programme une quarantaine de films d’artistes, et puis il y a, cette année, le Jardin des Plantes qui accueillera une quinzaine d’œuvres. Il y a également la nocturne des galeries :une centaine de galeries ouvrent leurs portes le jeudi soir jusqu’à 22 heures.

J.-C. C. : Vous avez réussi à remonter la Fiac dans le classement de tête des foires. Voyez-vous des menaces ?
J. F. :  Je ne me sens pas du tout dans un sentiment de sécurité. Je ne veux pas baisser un seul instant ma vigilance sur le choix des galeries, dans notre déploiement dans la ville. Je consacre une partie de l’année à regarder ce qui se passe ailleurs et à nous mesurer sans complaisance avec les autres. Nous sommes en veille permanente. Je pense que le monde peut accueillir quelques manifestations de haut niveau. Nous visons l’excellence, pas la dixième place ! Mais il y a aussi des menaces sur lesquelles nous n’avons pas de prise. Je parle évidemment de la crise financière mondiale. Je connais cette situation depuis 2008. Je constate que la Fiac s’est très bien tenue depuis 2008. Aujourd’hui encore, en discutant avec les uns et les autres, il me semble que le marché de l’art résiste. Cela tient à sa qualité de valeur refuge. Il n’y a jamais eu autant de collectionneurs importants du monde entier à signaler leur venue à la Fiac. Ils ne font pas du tourisme. C’est un signe.

J.-C. C. : Avez-vous des projets d’ouverture de foires à l’étranger, comme Art Basel à Hongkong ou Frieze à New York ?
J. F. Je ne cesse de penser aux possibilités de développement de la Fiac et aux opportunités pour accroître son rayonnement. Mais, même si je regarde des zones géographiques avec attention, il n’y a pas à ce jour de projet ailleurs qu’à Paris. Je ne pense pas que l’expansionnisme géographique à tout prix soit la garantie du rayonnement d’une manifestation. Je pense aussi que prétendre créer ou gérer une foire à Séoul, Los Angeles ou Rio de Janeiro, implique une profonde connaissance des conditions de la vie culturelle du pays, de la façon dont les galeries sont organisées entre elles. On ne peut pas faire du colonialisme entrepreneurial.

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°354 du 7 octobre 2011, avec le titre suivant : Jennifer Flay : « Nous visons l’excellence »

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