La Fiac dans un virage

Par Roxana Azimi · Le Journal des Arts

Le 4 octobre 2011 - 868 mots

Alors que la foire parisienne confirme son rayonnement international, elle doit diminuer le nombre de ses exposants, désormais concentrés au Grand Palais.

Cette année, la Foire internationale d’art contemporain (Fiac) connaît un double mouvement, à la fois de resserrage, avec le repli sur le site unique du Grand Palais, et d’internationalisation. « Nous vivons un moment important depuis que le salon avait été obligé de quitter le Grand Palais en 1993 », déclare Jennifer Flay, directrice de l’événement. Le retour aux sources ne s’effectue toutefois pas sans douleur. En quittant la Cour carrée du Louvre, actuellement en travaux, le salon a perdu environ 895 mètres carrés d’exposition, ce qui génère une contraction du nombre d’exposants de 194, en 2010, à 165 cette année malgré l’usage inédit des galeries Courbe et Sud du Grand Palais. « Depuis cinq ans, la Cour carrée fonctionnait très bien, mais les choses sont cycliques, et de plus en plus de galeries désiraient exposer au Grand Palais. Nous aurions pu imaginer construire une tente ailleurs, mais cela ne correspondait pas au désir des artistes », poursuit Jennifer Flay. 

Nombre de galeries françaises recalées
Résultat, les galeries françaises restent pour beaucoup sur le carreau, à l’instar de Dominique Fiat (qui avait pourtant proposé un projet autour de Guy Debord), Renos Xippas, Hussenot, Suzanne Tarasieve ou encore Aline Vidal. Bien qu’un de ses artistes, Damien Cabanes, soit à l’affiche des nommés du prix Marcel Duchamp et qu’il ait récemment déménagé dans un espace plus ambitieux, Éric Dupont (Paris) ne figure pas non plus parmi les heureux élus. Ce, alors même qu’il avait soumis un projet de l’artiste palestinien Taysir Batniji (actuellement visible à la Biennale d’Istanbul), acheté par la Fondation Louis-Vuitton et présent à la Fiac sur le stand de sa galerie allemande Sfeir-Semler… « Si je ne suis pas présent sur la Fiac, c’est parce que les gens ne regardent pas. Ils ne voient pas l’engagement, ils ne regardent que ce qui brille. Il y a quelque chose qui ne va plus. On peut me reprocher de ne pas être assez international, mais comment peut-on devenir international si on me ferme la porte avec de tels projets ? », s’interroge Éric Dupont. « Ce n’est pas la première fois qu’un galeriste représentant un artiste du prix Duchamp n’est pas représenté à la foire. Cela a déjà été le cas avec Jean Brolly quand Adam Adach a été nommé, réplique Jennifer Flay. D’autres galeries, avec de beaux projets, n’ont pas été retenues. Je ne me réjouis pas de ne pas pouvoir accueillir des galeries méritantes qui ont postulé. Mais nous ne pouvons pas aller plus loin dans la configuration actuelle. Nous sommes la foire la plus nationale de toutes les foires internationales, avec 31 % d’exposants français. Nous sommes aussi la foire la plus européenne, avec 73 % d’exposants européens, contre 68 % à Frieze et 66 % à Bâle. » Reste que les enseignes françaises de taille intermédiaire ont été obligées de s’effacer devant quelques galeries branchées étrangères dont certaines, à l’instar de Karma International (Zurich), n’avaient absolument pas fait leurs preuves l’année passée…

Le malheur des uns fait le bonheur des autres et, cette année, le niveau de la manifestation a encore augmenté avec le retour de la Britannique Sadie Coles et l’arrivée des New-Yorkais The Pace Gallery, Friedrich Petzel, Maccarone et Eleven Rivington, ainsi que du Zurichois Gmurzynska. Le salon a surtout réussi à fidéliser des acteurs comme les New-Yorkais Paula Cooper et David Zwirner (lire le JdA no 352, 9 septembre 2011) ou encore le Berlinois Max Hetzler. « Nous connaissons mal le marché français, mis à part les quelques collectionneurs très connus. Ayant moins de clients à Paris qu’à Londres, nous avons opté pour la Fiac plutôt que Frieze comme deuxième foire en Europe. Par ailleurs, en ayant une résidence à Paris, cela s’imposait quasiment de venir », explique Samia Saouma, de la galerie Max Hetzler, de retour avec des œuvres d’Albert Oehlen, Mona Hatoum et Darren Almond.

Il faut dire que le pouvoir d’achat des collectionneurs français a aussi sensiblement évolué. Derrière les hommes d’affaires François Pinault et Bernard Arnault, d’autres amateurs, certes plus modestes, ont émergé. De fait, le salon observe un flux régulier de transactions jusqu’à 300 000 euros. Inauguré cette année, l’étage supérieur du Grand Palais accueillera les Parisiens Bugada & Cargnel, Jocelyn Wolff, la Bruxelloise Catherine Bastide, le Berlinois Guido Baudach ou encore le New-Yorkais Andrew Kreps. Tout en poursuivant la formule des installations au jardin des Tuileries (1er arr.), la Fiac initie aussi un projet hors les murs au Jardin des Plantes (5e arr.) sur le thème de la biodiversité. Au menu, notamment, une intervention de l’artiste Alain Séchas dans les grandes serres et de Mark Dion dans les bâtiments du Muséum.

FIAC

Du 20 au 23 octobre, Grand Palais, avenue Winston-Churchill, 75008 Paris, www.fiac.com, tlj 12h-20h.
Hors les murs : Jardin des Tuileries 7h30-19h30, Jardin des Plantes 7h30-19h

Direction : Jennifer Flay
Nombre d’exposants : 165
Tarif des stands : 465 euros le mètre carré dans la nef et 385 euros le mètre carré à l’étage
Nombre de visiteurs en 2010 : 85 662

Légende Photo :
Vue de la FIAC - © photo Ludosane - 2009

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°354 du 7 octobre 2011, avec le titre suivant : La Fiac dans un virage

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