Remaniement - La valse des ministres de la Culture

Audrey Azoulay, le coup de théâtre du président

Audrey Azoulay remplace Fleur Pellerin, dont le passage Rue de Valois a été bref. Cette spécialiste du cinéma aura à peine plus d’un an pour marquer le ministère de son empreinte

Par Jean-Christophe Castelain · Le Journal des Arts

Le 16 février 2016 - 576 mots

Dans un remaniement surprise, François Hollande a promu sa conseillère culture à la Rue de Valois. Une inconnue du grand public, disposant d’une solide expérience dans les milieux cinématographiques.

PARIS - C’est la surprise du remaniement ministériel intervenu le 11 février. Une double surprise même. D’abord personne ne s’attendait au départ de Fleur Pellerin. Paris bruissait de rumeurs à chacun de ses faux pas, mais après le départ de la garde des Sceaux, Christiane Taubira  que les pronostiqueurs voyaient Rue de Valois, on pensait que François Hollande allait la laisser achever son travail avant la campagne présidentielle. D’autant que « trois ministres de la Culture en trois ans, c’est beaucoup trop », comme l’a dit Jack Lang sur les ondes de France Inter le 15 février. L’autre surprise, c’est sa remplaçante, si peu connue que même l’AFP a peiné à rédiger une biographie un peu consistante à l’annonce de sa nomination. Audrey Azoulay vient directement de l’entourage de François Hollande où elle était sa conseillère culture, à l’instar de Sylvie Hubac nommée à la présidence de la RMN-Grand Palais et qui fut sa directrice de cabinet de 2012 à 2015.

Après un parcours académique exemplaire – Paris-Dauphine, Sciences-Po (Paris), ENA (même promotion que Fleur Pellerin), cette Franco-Marocaine âgée de 43 ans, fille d’un conseiller influent d’Hassan II puis de Mohamed VI, rois successifs du Maroc, entre au ministère de la Culture pour la première fois en 2000, dans l’ancienne direction des médias où elle s'occupe de l’audiovisuel public. Après un passage de trois ans à la Cour des comptes, l’expertise acquise au ministère lui permet de rejoindre en 2006 le Centre national du cinéma et de l’image animée (CNC) où elle gravit en huit ans les échelons, passant du poste de directrice adjointe de l’audiovisuel à celui de directrice financière et juridique puis de directrice générale déléguée. Le CNC est en quelque sorte un petit « ministère de la Culture », dont il dépend, chargé d’administrer le secteur du cinéma, du documentaire et des jeux vidéo, et de financer la création grâce à la taxe perçue sur les billets d’entrée. Cet établissement public emploie 470 agents et gère un budget d’environ 700 millions d’euros.

« Elle ne laisse rien deviner de sa pensée »
Selon un confrère de la presse audiovisuelle, Audrey Azoulay bénéficie d’une plutôt bonne réputation dans les milieux du cinéma où l’on salue la qualité du travail réalisé et sa présence auprès des professionnels. « C’est quelqu’un de remarquablement intelligent, à l’écoute, agréable, mais qui est réservée et se livre peu, elle ne laisse rien deviner de sa pensée », précise de son côté Alain Seban, l’ex-patron du Centre Pompidou qui l’a côtoyée à la direction du développement des médias. En interne, au CNC, on est plus nuancé et l’on pointe de la « rudesse » dans les relations avec ses collaborateurs et parfois de la « superficialité » dans les mondanités.

De l’audiovisuel aux intermittents du spectacle, il n’y a qu’un pas. C’est peut-être en pensant à la négociation de leur convention d'assurance-chômage qui prend fin en juin et au cauchemar des manifestants dans la rue à l’approche de la campagne présidentielle que François Hollande a voulu donner les manettes du ministère à sa conseillère. Prochain rendez-vous, la traditionnelle cérémonie des César, le 26 février, où la nouvelle ministre est chez elle et sera accueillie comme une star, servie par son port élégant. À moins que les intermittents ne viennent gâcher le sacre.

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°451 du 19 février 2016, avec le titre suivant : Audrey Azoulay, le coup de théâtre du président

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