Président du Muséum national d’histoire naturelle

Bruno David : « Je veux moderniser l’image du Muséum »

À la suite du changement de statuts qui a permis de fusionner les postes de président et de directeur général, Bruno David a pris ses fonctions le 1er septembre à la tête du Muséum national d’histoire naturelle (MNHN), en remplacement de Gilles Bœuf et Thomas Grenon.

Cette importante institution de recherche, de conservation et de diffusion administre entre autres le Musée de l’Homme, le Jardin des plantes et toutes ses galeries ou encore le parc zoologique de Paris.

Vous prenez la tête du MNHN – un peu à la surprise générale – alors que le chantier de rénovation du Musée de l’Homme touche à sa fin. Quel regard portez-vous sur cette réouverture ?
D’abord, j’ai conscience d’avoir été l’outsider et non le favori. Mais je pense et j’espère avoir été choisi sur mon seul projet. Je n’ai pas à commenter le bilan de mon prédécesseur. Je garde d’ailleurs d’excellentes relations avec Thomas Grenon et Gilles Bœuf, à qui l’on doit notamment la pleine réussite du chantier du Musée de l’Homme. Quant à mon projet pour le MNHN, je l’ai construit en insistant sur l’interface entre recherche et diffusion. Cette idée entre naturellement en résonance avec un lieu qui a retrouvé son idéal fondateur de « musée-laboratoire ». Ce Musée de l’Homme tout neuf est indéniablement le plus jeune et le plus beau de nos fleurons.

Y a-t-il un musée scientifique qui vous ait marqué, et dont le Musée de l’Homme pourrait s’inspirer pour sa capacité à concilier recherche de pointe et vulgarisation grand public ?
J’ai toujours aimé l’Académie des sciences de San Francisco. Sa nouvelle architecture [par Renzo Piano, NDLR] est un formidable produit d’appel, même si j’apprécie moins sa nouvelle muséographie. Par ailleurs, la Smithsonian Institution de Washington DC reste une référence mondiale sur le plan de la diffusion mais aussi de la recherche de pointe.

Les équipes qui ont conçu le nouveau projet du Musée de l’Homme sont très « franco-françaises ». N’est-ce pas un handicap à l’heure où l’on prétend offrir un regard actualisé sur la recherche scientifique autour de l’Homme ?
C’est l’autre point majeur du projet que je porte pour le Muséum dans son ensemble, et pas uniquement pour le Musée de l’Homme. Une de nos équipes de recherche a été choisie dans le cadre du projet « Stardust » [une étude d’échantillons de la comète Wild 2 confiée par la Nasa à sept laboratoires dans le monde, NDLR]. Il faut être à la hauteur de nos ambitions. La dynamique internationale doit concerner toutes les disciplines, de « Stardust » aux sciences humaines, et toutes les collections. Nous tisserons rapidement des partenariats en dehors de notre sphère directe, avec les grands partenaires internationaux mais aussi avec les musées en régions et nos voisins directs.

Travailler avec le Musée du quai Branly sera-t-il délicat ?
Nous verrons, mais j’aimerais bien entendu pouvoir monter des projets avec les équipes et les collections du Quai Branly. La complémentarité est évidente.

Le budget, d’un montant légèrement supérieur à 4 millions d’euros, semble plus que modeste, en regard des objectifs annoncés de 400 000 visiteurs pour la première année. Pensez-vous qu’une rallonge soit indispensable ?
Non. Là aussi, il faut raisonner à l’échelle du Muséum. Nous n’avons pas de budget autonome affecté au Musée de l’Homme, mais des lignes : environ 3 millions pour le fonctionnement du musée (l’accueil, les coûts fixes du bâtiment, les services) ; environ 1 million pour toute l’activité muséographique en 2016. Notre budget consolidé est très serré, mais celui du Musée de l’Homme est en cohérence avec les autres sites, comme la Grande galerie de l’évolution (env. 650 000 visiteurs par an) ou la galerie de paléontologie (env. 350 000).

Et sur le plan des ressources propres ?
Le Musée de l’Homme est un site exceptionnel, qui a des potentialités pour l’accueil de grands événements prestigieux. Le mécénat doit se développer et irriguer tout le MNHN. Le budget est solidaire.

Outre le nombre de visiteurs, sur quels critères jugerez-vous le succès du Musée de l’Homme dans un an ?
D’abord, je veux moderniser notre image. Si le Muséum parvient à concilier son fabuleux héritage historique avec une image plus moderne dans l’inconscient collectif, alors ce sera une première victoire. Ensuite, dans un an je veux que nous soyons inscrits, et notamment le Musée de l’Homme, dans un réseau de partenaires reconnus et dynamiques. Enfin, la qualité de notre muséographie devra se traduire par la satisfaction de nos visiteurs, tout simplement.

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°443 du 16 octobre 2015, avec le titre suivant : Bruno David : « Je veux moderniser l’image du Muséum »

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