Réouverture

Bordeaux retrouve ses ailes

Le Journal des Arts

Le 2 janvier 2014 - 724 mots

Fermée depuis 2009, l’aile nord du Musée des beaux-arts de Bordeaux rouvre, permettant ainsi un déploiement et une mise en valeur des collections sur les deux lieux.

Depuis bientôt quatre ans, les collections du Musée des beaux-arts de Bordeaux se serraient dans l’une des ailes de l’élégant bâtiment néoclassique construit par Charles Burguet en  1881 dans le jardin de l’hôtel de ville, le Palais Rohan. Si l’aile sud  avait bénéficié d’une restauration voici une vingtaine d’années, l’aile nord, qui rouvre aujourd’hui, était devenue vétuste. Fermée en 2009, elle n’était que partiellement ouverte pour des expositions temporaires depuis  2006. C’est donc un espace doublé pour les collections permanentes que le musée inaugure en décembre, avec 2 400  m2 répartis sur les deux ailes. L’aile nord a bénéficié d’une réorganisation complète  : une tranchée a dû être creusée au sol pour créer un chauffage géothermique relié à l’hôtel de ville, les verrières naturelles ont été réhabilitées, la scénographie et le parcours repensés. L’aile sud a également été rafraîchie, avec des cimaises redéployées.

Le chantier, commencé en juin  2011, aura coûté  860 000  euros, le prix de la cohérence retrouvée pour accrocher 332 œuvres. «  Cette disposition du musée, avec les deux ailes utilisées pour les beaux-arts, n’a pratiquement jamais été réalisée  », souligne José de Los Llanos nommé à la tête du musée en janvier dernier. De fait, le musée a toujours souffert de son exiguïté, abritant jusqu’en 1955 les collections d’arts décoratifs et jusqu’en 1987 celles du Musée d’Aquitaine.

Le parcours chronologique commence dans l’aile sud, qui présente les œuvres du XVe  siècle à 1815. Ici, quarante nouvelles œuvres parmi les 156  présentées illustrent une histoire de l’art au gré de l’histoire et de l’enrichissement de l’institution. Du premier envoi de l’État en 1803, un grand retable du Pérugin répond au Tarquin et Lucrèce de Titien  : Napoléon a été généreux avec Bordeaux lors de la création du musée. Celui-ci dispose d’un incroyable fonds hollandais du XVIIe, grâce à l’achat de l’ancienne collection Lacaze en 1829 avec le soutien du roi Charles  X  : Van Ruysdael, Ter Brugghen, Frans Hals entrent alors au musée. Dans la nouvelle muséographie, Marc Favreau, conservateur chargé des peintures anciennes, a décidé de présenter ces œuvres dans un accrochage resserré «  à la manière d’une collection d’amateur  »  : l’effet est saisissant. Les chefs-d’œuvre rythment un parcours élégant  : parmi eux, le Portrait de Richard Robinson de Joshua Reynolds, sur la liste des Musées nationaux récupération (MNR), a enfin la place qu’il mérite, de même que Le Martyre de saint Georges de Rubens. Seule ombre au tableau  : par manque de temps, les équipes n’ont pas encore mis en place de médiation écrite.

Il manque toujours 2 000  m2

Dans l’aile nord, la visite se poursuit à la césure de 1815  : après une antichambre à la gloire de la Restauration, Delacroix intervient avec l’œuvre emblématique du musée, La Grèce sur les ruines de Missolonghi  : le tableau se détache du fond rouge des cimaises, accompagné de La Chasse aux lions, détruite partiellement dans un incendie en  1870. Dans cette aile, la part belle est faite aux artistes nés à Bordeaux  : Bouguereau, fils de négociants en vins de la ville, étonne avec Le Jour des morts, tandis que Rosa Bonheur déploie une Foulaison du blé en Camargue monumentale quoique inachevée.

Le parcours offre de belles séquences sur Odilon Redon, André Lhote et Albert Marquet, bien représentés et expliqués par un nombre honorable de cartels détaillés. Dans cette galerie de 80 mètres de long, les espaces sont rythmés par des sculptures, placées au centre des salles en enfilade et éclairées par la lumière zénithale des verrières retrouvées. «  Il faudrait 2 000 m2 de plus pour les collections  : nous montrons 350 œuvres, il en faudrait 700 », estime José de Los Llanos qui énumère  : «  il faudrait que l’aile sud reprenne une lumière naturelle et un sol en parquet  ». Des chantiers prochainement à l’étude à la mairie, où l’on évoque «  un vaste projet d’extension du musée  ». Un projet dont l’actuel directeur n’aura pas la charge  : après un an passé à la tête du musée, il a annoncé en octobre son intention de regagner Paris à la fin de l’année. Son court mandat aura tout de même marqué une étape importante dans l’histoire de l’établissement.

Légende photo

Le Musée des Beaux-Arts, Bordeaux. © Photo : F. Encuentra/MBA

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°404 du 3 janvier 2014, avec le titre suivant : Bordeaux retrouve ses ailes

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