Consensus culturel

Le palmarès artistique des villes produit par le Journal des Arts confirme que le dynamisme culturel est bien une affaire de volonté municipale qui transcende tous les clivages et déterminismes. Au passage, il bouscule quelques idées reçues. Ainsi, les villes du Sud, favorisées par leur climat, ne sont pas moins culturelles que celles du Nord – Bordeaux (2e) et Marseille (6e) en témoignent. Les villes dirigées par des municipalités de droite ne sont pas moins intéressées par le patrimoine et la création que les villes de gauche ; outre Bordeaux et Marseille, Nancy (4e) ou Nice (7e) en font la démonstration, tandis que Grenoble (31e) est à la traîne. Autre préjugé battu en brèche : la vie culturelle n’est pas toujours corrélée avec la situation économique. Certes, Perpignan, avec ses 32 % d’habitants qualifiés de « pauvres » par l’Observatoire des inégalités (les ménages qui perçoivent moins de 60 % du revenu médian national), figure en avant-dernière position. Mais Strasbourg, avec un taux de 24 % (à comparer avec un taux national de 15 %), est dans le trio de tête de notre classement. Il faut également se méfier des impressions subjectives. Spontanément, on serait tenté de poser la couronne de laurier sur Lille et Nantes, portées par des festivals très médiatisés. Mais ce sont des villes plus « sages », Lyon en tête, qui montent sur les premières places de notre podium. Le magazine L’Express, qui publiait en septembre un classement des « 50 villes où il fait bon vivre », range Lyon en première place et Bordeaux en troisième place dans un sous-classement culturel au sens large (Lille y figure cependant en deuxième position). Il existe dans les grandes villes, et c’est heureux, un consensus qui assure aux programmes culturels une certaine permanence dans la durée, malgré les changements de municipalités. Le débat électoral en la matière perd en intensité et en joutes verbales, mais c’est un moindre mal.