Art moderne

Pélerinage

Le Nord peint par Corot

Par Maureen Marozeau · Le Journal des Arts

Le 29 octobre 2013 - 423 mots

Au Musée de la Chartreuse de Douai, les paysages du Nord apparaissent lumineux sous le pinceau de Corot.

DOUAI (NORD) - La campagne romaine, comme les étangs de Ville-d’Avray ou la forêt de Fontainebleau, offre des paysages indissociables de l’œuvre de Camille Corot (1796-1875). Le Nord de la France, d’Arras à Douai en passant par Boulogne-sur-Mer ou Dunkerque, fut pourtant un territoire que le peintre arpenta à maintes reprises dès 1851, sur invitation d’un admirateur arrageois, Constant Dutilleux. Aboutissement d’un travail de recherche pointilleux, l’exposition du  Musée de la Chartreuse de Douai retrace les différents séjours du peintre sur fond d’amitié indéfectible et d’émulation artistique. Car si la première visite de Corot en Picardie en 1830 ne fut pas concluante, les années 1850 virent éclore à Arras un petit cercle formé par Corot et Dutilleux rejoints par le peintre Charles Desavary et le lithographe Alfred Robaut – qui fut l’historiographe de Corot. Comme l’illustre l’un des moments forts de l’accrochage à Douai (trois versions du Moulin de Saint-Nicolaz-lez-Arras, 1874), les trois peintres plantaient souvent leur chevalet aux mêmes endroits. Et le résultat était pour le moins inégal.

Un pan reconnu de Corot, les clichés verre
Face au talent certain de Dutilleux, et celui moins convaincant de Desavary, la technique irréprochable de Corot l’emporte toujours. À la force poétique de son pinceau, le peintre manipule les espaces, adapte les paysages qu’il a en mémoire pour créer la composition idéale à ses yeux. Ainsi, malgré son industrialisation rampante, l’âpre pays se fait univers arcadien et les paysans y tiennent le rôle de gardiens d’une nature intemporelle. Et pourtant, le ciel laiteux, la luminosité cristalline due à la proximité de la mer et les paysages fouettés par le vent sont reconnaissables entre tous. « Corot. Dans la lumière du Nord » est également l’occasion de découvrir une vingtaine de clichés-verres, qui proviennent à une exception près, d’une collection privée française. Technique élaborée par deux Arrageois, située à mi-chemin entre la gravure et la photographie, le cliché-verre ouvre un pan méconnu de l’œuvre de Corot, un versant expressif et plus sombre, pour ne pas dire dramatique, des plus surprenants.

COROT. Dans la lumière du nord

jusqu’au 6 janvier 2014, Musée de la Chartreuse, 130, rue des Chartreux, 59 500 Douai, tél. 03 27 71 38 80, www.museedelachartreuse.fr, tlj sauf le mardi et les jours fériés, 10h-12h et 14h-18h. Catalogue, Edition Silvana Editoriale, 250 p., 200 ill., 35 €.

Commissariat scientifique : Marie-Paule Botte, historienne de l’art, spécialiste de Constant Dutilleux, directrice du service des publics du musée

Légende photo

Camille Corot, Moulin de Saint Nicolas-lez-Arras, 1874, huile sur toile, Musée d'Orsay, Paris. © Musée d'Orsay

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Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°400 du 1 novembre 2013, avec le titre suivant : Le Nord peint par Corot

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