Entretien

William F. Ruprecht, président du groupe Sotheby’s

Par Armelle Malvoisin · Le Journal des Arts

Le 20 juillet 2007 - 675 mots

« La qualité des œuvres nous importe ».

Vous venez de publier d’excellents résultats pour l’année 2006. Que faut-il retenir ?
Nous avons réalisé le meilleur chiffre d’affaires de l’histoire de Sotheby’s, c’est-à-dire 664,8 millions de dollars (506,5 millions d’euros), soit 29 % par rapport à 2005. Les ventes aux enchères publiques sont en augmentation de 36 % par rapport à 2005 et s’élèvent à 3,75 milliards de dollars. Pour le résultat opérationnel, c’est encore plus spectaculaire puisqu’avec 197,2 millions de dollars nous sommes en progression de 60 % sur l’année 2005. Les dividendes ont pu être à nouveau distribués en 2006.

Quels ont été les domaines forts pour Sotheby’s en 2006 ?
Les ventes d’art impressionniste et moderne, qui ont totalisé 932,4 millions de dollars en 2006, sont en augmentation de 79 %, culminant avec le record mondial de 95,2 millions de dollars pour une œuvre d’art en 2006 obtenu par Dora Maar au chat, de Pablo Picasso. Les ventes d’art contemporain ont rapporté 647 millions de dollars (soit 61 % de progression) sans compter les 70,2 millions de dollars enregistrés pour l’art contemporain asiatique. Et avec 152,4 millions de dollars, les ventes d’art russe enregistrent un taux de croissance de 80 %.

Cependant, votre concurrent Christie’s reste leader mondial avec 54 % de parts de marché. Vous êtes-vous fixé comme objectif de le dépasser ?
Au lieu de nous focaliser sur des parts de marché, nous mesurons notre succès aux relations de confiance établies avec nos clients, à notre intégrité et au fort bénéfice que nous distribuons à nos actionnaires. Nous avons délibérément choisi de vendre près de 70 % de lots en moins que Christie’s et la moyenne de prix d’un lot chez nous est environ deux fois plus élevée que chez notre concurrent. La qualité des œuvres nous importe, pas la quantité. De la même façon, la société Hermès ne se jauge pas vis-à-vis des autres entreprises du secteur du luxe en vantant ses volumes de ventes, mais en se fondant sur son savoir-faire et l’attrait des produits et services qu’elle propose.

Quel avantage y a-t-il à être une société cotée en Bourse ?
Sotheby’s peut utiliser son capital pour faire des acquisitions opportunes. Les collaborateurs de Sotheby’s ont la possibilité d’être actionnaires de la société. Nous pouvons assurer une totale transparence de fonctionnement et prouver que nous sommes un acteur sérieux du marché de l’art. Nous invitons tout un chacun à regarder nos résultats financiers chaque trimestre. Cette transparence rassure notre clientèle et lui permet de prendre des décisions fondées sur des faits plutôt que sur des illusions. Si vous demandez à Christie’s un bilan sur ses pertes et profits, vous ne l’obtiendrez pas.

Comment a démarré l’année 2007 pour le groupe Sotheby’s ?
Au cours des deux premiers mois de l’année, nos ventes sont en moyenne supérieures de 50 % comparativement à la même période en 2006.

Vous organisez peu de ventes à Paris. Considérez-vous Sotheby’s France essentiellement comme un bureau d’exportation vers d’autres lieux de vente ?
Nous avons l’intention de réaliser prochainement des investissements majeurs en France, que nous considérons comme une place importante du marché pour le groupe Sotheby’s.

Pensez-vous, comme Christie’s en 2006, vous lancer dans la retransmission de ventes sur Internet avec la possibilité d’enchérir en direct depuis un ordinateur personnel ?
Ce n’est pas franchement un succès. En presque un an, leur service a seulement engrangé 16 millions de dollars d’enchères par Internet. Plutôt que de promouvoir une technologie à laquelle nos clients sont indifférents, nous proposons aujourd’hui un nouveau service unique en ligne sur notre site (1). Avec « mySotheby’s », nos clients peuvent désormais obtenir sept jours sur sept et vingt-quatre heures sur vingt-quatre des services et des informations personnalisés tels qu’une pré-inscription à une vente aux enchères, une visionneuse d’images en 3D ou encore les résultats des lots dès leur adjudication en salle de ventes. De plus, nous envisageons d’organiser d’ici à la fin de l’année des ventes en ligne, comme nous l’avions fait il y a quelques années, avec une technologie plus élaborée.

(1) www.sothebys.com 

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°255 du 16 mars 2007, avec le titre suivant : William F. Ruprecht, président du groupe Sotheby’s

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