Entretien

Serge de Ganay, président de la Banque Privée Quilvest (Paris), membre du comité consultatif international de Sotheby’s

Par Armelle Malvoisin · Le Journal des Arts

Le 13 février 2008 - 646 mots

« L’art contemporain, art des gens en mouvement »

Vous avez été nommé membre du comité consultatif international de Sotheby’s en septembre 2007. Quel y est votre rôle ?
En nommant un Français au comité consultatif international de Sotheby’s, William Ruprecht, président du groupe Sotheby’s, a souhaité envoyer un signal politique clair pour indiquer que la France devait retrouver une place importante dans la galaxie Sotheby’s. Paris doit devenir la quatrième place à côté de New York, Londres et Hongkong. Paris n’est plus une option ! En outre, ma motivation reste de nature professionnelle. J’ai eu ma propre entreprise de conseil en stratégie, au service de grandes entreprises internationales pendant plus de plus de vingt ans. Aujourd’hui, il s’agit pour moi d’accompagner modestement et amicalement le groupe Sotheby’s dans son développement.

Existe-t-il un service de gestion de patrimoine artistique à la Banque Privée Quilvest ?
Non, nous ne répondons pas à cette demande spécifique. Mais nous validons avec nos clients le principe d’un volet « art » dans leur portefeuille d’actifs. Nous les dirigeons ensuite vers des professionnels de ce domaine. Et, dans le cadre d’un bilan patrimonial, nous suivons la valorisation de leurs actifs artistiques.

Dans quelle mesure la tourmente des marchés financiers peut-elle affecter le marché de l’art ?
A priori, les marchés financiers ne sont pas corrélés au marché de l’art. Cependant, lorsqu’ils s’effondrent ou se dérèglent durablement (c’est-à-dire pendant plus de six mois), toutes les classes d’actifs en pâtissent, y compris l’art. La détérioration de la confiance, elle aussi, a un impact négatif sur le comportement des acheteurs. Heureusement, on observe aujourd’hui que les crises économiques durent moins longtemps et, par conséquent, les acheteurs retrouvent vite les marchés.

Quel est votre point de vue sur la crise financière actuelle ?
Deux analyses coexistent. Selon la plus pessimiste, nous sommes confrontés à une récession économique de longue durée, à l’origine américaine et qui, par effet de contagion, se globalise à l’Europe et aux pays émergents. Pour ma part, j’ai une lecture sensiblement plus positive. Je crois qu’il s’agit essentiellement d’une crise bancaire et de crédits, couplée à un certain ralentissement de l’économie américaine, mais qui devrait se résorber dans les trois à six mois à venir. Pour cela, je me fie aux indicateurs économiques des entreprises, qui sont bons.

L’art peut-il être une valeur refuge ?
Oui, par exemple dans le cadre de la dépréciation monétaire, ce qui est aujourd’hui le cas avec le dollar, qui, je vous le rappelle, est la monnaie de paiement de largement plus de 50 % du marché de l’art. Investir dans l’art comme dans l’or, plutôt que garder des liquidités, permet sûrement aujourd’hui de préserver son capital.

Quelle part de son patrimoine votre clientèle réserve-t-elle à l’art ?
En tant que banquier, je crois beaucoup à l’allocation d’actifs, c’est-à-dire à une répartition performante des actifs (actions, obligations, fonds spéculatifs, capital investissement, immobilier...) qui structure la performance sur le long terme. On estime que 5 à 10 % du patrimoine global peuvent être investis dans le domaine artistique. Ces chiffres apparaissent en tout cas dans les fortunes les mieux gérées.

Quel intérêt personnel vouez-vous à l’art ?
Jusqu’à maintenant, il a été principalement motivé par une dynamique familiale. Je suis baigné depuis le plus jeune âge dans l’art du XVIIIe siècle. J’accompagne souvent ma femme à Drouot pour acheter des objets de charme, de toutes époques, au coup de cœur. Enfin, grâce à ma fille Églantine, courtière en art contemporain, je m’initie à présent à l’art des pays émergents (Chine, Inde et Russie) en portant un intérêt particulier à certains artistes tels l’Indienne Rina Banerjee ou le Chinois Zhang Huan. L’art contemporain est pour moi l’art des gens en mouvement qui regardent vers l’avenir.
Aujourd’hui, je compte sur la proximité avec Sotheby’s pour apprendre des différents experts et de leur talent, et ainsi m’immerger encore un peu plus dans ce fabuleux marché de l’art.

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°275 du 15 février 2008, avec le titre suivant : Serge de Ganay, président de la Banque Privée Quilvest (Paris), membre du comité consultatif international de Sotheby’s

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