Mode

Seattle (États-Unis)

Yves Saint Laurent, l’essence du style

Seattle Art Museum jusqu’au 8 janvier 2017

Par Lina Mistretta · L'ŒIL

Le 21 novembre 2016 - 433 mots

PARIS

De l’atmosphère élégante des salons Christian Dior, où il démarra sa carrière, au rustaud punk de la rue, Yves Saint Laurent a su capter l’esprit de son temps avec une acuité de visionnaire.

Depuis la création de sa propre maison de couture en 1962 avec Pierre Bergé, et pendant les quarante-quatre années qui jalonneront sa carrière, il ne cessera d’inventer la garde-robe de la femme moderne. Il présente le caban et le trench-coat dès 1962, le premier smoking pour femme en 1966, puis viennent le tailleur-pantalon, la saharienne d’inspiration militaire qu’il transforme en vêtement fonctionnel : « Je voulais créer une base immuable, pour les hommes et les femmes indifféremment. » Ce furent ensuite le jumpsuit, les tenues en hommage à Mondrian et à Poliakoff et, l’année suivante, dans ses collections Pop Art, le clin d’œil à Andy Warhol et à Tom Wesselmann. Puis la collection russe, l’africaine en hommage au Maroc découvert en 1966, les costumes de scène pour le théâtre et le cinéma… Son éclectisme, son besoin instinctif de s’approprier les idées en les passant par le prisme de son génie créatif, s’avèrent la forme triomphante du modernisme. Il se distingue également en étant le seul couturier de sa génération, dès 1961, à archiver tout son travail : cinq mille vêtements, quinze mille accessoires, autant de croquis, de photographies, de documents dont le Seattle Art Museum (SAM) donne à voir une partie à travers une rétrospective d’envergure.

La scénographie raffinée déroule la carrière du couturier en plongeant le visiteur au cœur du processus de création de la maison de couture. Dans la pénombre tout d’abord, où cartels, vitrines et photos présentent les étapes clés de sa vie et de sa carrière, depuis les adorables collections sur paper dolls que l’adolescent dessinait dans sa chambre en passant par le « petit prince de la mode » de la Maison Dior, jusqu’au « génie du style » pour la postérité. Dans la lumière ensuite, celle des défilés, qui dévoile les vêtements cultissimes de sa renommée, dont la fameuse robe Mondrian et la superbe section Pop Art, où chaque tableau renvoie à son modèle. Dessins annotés, croquis rares, documents, ainsi que des dizaines de modèles dessinés par YSL avec leurs échantillons de tissus, tapissent les vitrines et courent sur les murs. D’autres vitrines scintillent de bijoux, des écrans vidéo animent les défilés mythiques et les séances d’essayages dans l’atelier de création. Enfin, une collection de poupées Barbie portant la griffe YSL effectue, elle aussi, son tour de piste. Ces poupées sont aussi, à leur manière, témoins de leur temps, comme l’était Monsieur Saint Laurent. 

« Yves Saint Laurent. The Perfection of Style »

Seattle Art Museum, 1300 First Avenue, Seattle (États-Unis), www.seattleartmuseum.org

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Cet article a été publié dans L'ŒIL n°696 du 1 décembre 2016, avec le titre suivant : Yves Saint Laurent, l’essence du style

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