Valérie Favre

La peinture comme théâtre

Par Philippe Piguet · L'ŒIL

Le 29 juin 2009 - 363 mots

Il ne faut jamais aborder une exposition de Valérie Favre sous l’angle exclusif de la peinture.

Du moins convient-il d’appréhender celle-ci dans le cadre élargi d’une sorte de dramaturgie. Chez elle, la peinture est un théâtre et chacun de ses actes picturaux sont à considérer au regard d’une réflexion sur la capacité du peintre et de la peinture à occuper plusieurs rôles. Son œuvre est faite tant de décors que de personnages, de prologues que d’épilogues, de narrations que d’interludes, voire d’arrêts sur image. À ce titre, elle a à voir avec une certaine idée du langage et se présente de façon protéiforme.

Comme les mots pour un acteur ou pour un auteur, la peinture est matière à penser, à dire et à fabuler. Avant de choisir de se consacrer exclusivement à la peinture, Valérie Favre, la cinquantaine tout juste, qui est d’origine suisse, mais vit et travaille à Berlin, n’avait d’yeux que pour le théâtre. Si elle a changé de moyen pour s’exprimer, elle demeure fascinée par ce lieu qu’est la scène et ce qui s’y passe dans la lumière. Non seulement la peinture génère la sienne propre mais nombre de ses tableaux en déclinent toutes sortes d’intensités. La lapine, la Pinochiette, l’aigle déchu, les centaures, les majorettes sont les acteurs fétiches d’une comédie picturale qui multiplie les entrées, se joue des modèles historiques ou bien encore s’invente des mythes qui déterminent une nouvelle forme de fiction. Si l’artiste sait aussi s’abandonner au pur et simple délice de la matière et de la couleur, c’est selon un protocole de travail précis et périodique.

Invitée du Carré d’art, Valérie Favre a choisi de présenter en quelque soixante-dix œuvres le caractère profus et divers de sa démarche. Non suivant un canevas linéaire mais en différentes séquences de sorte à bien faire voir que la peinture est un grand tout ouvert et plein de possibles. Une salle exclusivement consacrée à la présentation de ses dessins et projets témoignera par ailleurs de l’effervescence bouillonnante de ses préoccupations, de ses visions et de ses réflexions.

« Valérie Favre – Visions », Carré d’art – musée d’Art contemporain, place de la Maison-Carrée, Nîmes (30), www.carreartmusee.com, jusqu’au 20 septembre.

Cet article a été publié dans L'ŒIL n°615 du 1 juillet 2009, avec le titre suivant : Valérie Favre

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