Versailles (78)

Une fête trop guindée

Château de Versailles jusqu’au 26 mars 2017

Par Isabelle Manca · L'ŒIL

Le 16 janvier 2017 - 331 mots

Quel passionné d’histoire n’a jamais rêvé de se glisser dans la peau d’un courtisan pour vivre un carrousel, un bal ou encore un feu d’artifice tiré sur le canal de Versailles ?

Sur le papier, la nouvelle exposition du château a tout pour plaire. Dernière manifestation de Béatrix Saule, l’emblématique directrice qui vient de tirer sa révérence, elle est le résultat d’années de recherches sur un sujet on ne peut plus réjouissant : la fête et les divertissements à la cour, du Roi-Soleil à la Révolution. Ajoutez à cela une scénographie confiée au talentueux Patrick Hourcade, et l’on ne peut que s’attendre à être émerveillé, transporté par l’exposition. Las, malgré tous ces ingrédients haut de gamme, la recette manque de sel. Si la scénographie restitue bien l’ambiance des différents lieux du divertissement et si le propos parvient à faire ressentir l’ambiguïté de cette fête permanente, les commissaires semblent avoir eu un peu peur de ce sujet léger et n’ont pas osé aller assez loin dans l’immersion et l’évocation. Au final, tout cela est bien sage ; trop sage. La séquence dédiée au théâtre est un exemple révélateur : elle est organisée autour d’un exceptionnel décor à l’italienne restauré pour l’occasion, subtilement éclairé et installé de façon à ce que le public puisse le découvrir sous toutes ses coutures. Ce chef-d’œuvre des frères Slodtz est entouré des précieuses restitutions en images 3D qui ressuscitent avec maestria les lieux de représentation disparus. Or, alors que la salle s’y prête à merveille, à aucun moment on n’entend résonner la moindre note de musique. Idem dans l’espace suivant, abordant la comédie. Quelques tirades judicieusement choisies auraient apporté un brin de vie à ce dialogue guindé entre les portraits de comédiens, musiciens et dramaturges. La déception est d’autant plus franche que, quand le parcours assume l’exubérance et la fantaisie inhérentes à son sujet, il fait des étincelles. Comme le prouvent les sections consacrées au jeu et aux effets du merveilleux, qui sont aussi érudites que ludiques.

« Fêtes et divertissements à la cour »

Château de Versailles, place d’Armes, Versailles (78), www.chateauversailles.fr

Légende Photo :
Vue de l'exposition. © Photo : Château de Versailles/Didier Saulnier

Cet article a été publié dans L'ŒIL n°698 du 1 février 2017, avec le titre suivant : Une fête trop guindée

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