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Une fascination italienne

Par Christine Coste · Le Journal des Arts

Le 24 mars 2015 - 507 mots

Les images de l’Italie de Bernard Plossu dessinent le récit d’une balade hors du temps.

PAREIL - L’Italie, Bernard Plossu  (né en 1945, classé 173e dans Artindex France 2015) la préfère hors saison, sous un ciel gris ou nuageux, plutôt qu’en plein soleil, et en bord de mer plutôt qu’à l’intérieur de ses terres. Ses photographies parlent pour lui. 1970, année du premier voyage, ou 2010, le regard qu’il porte sur le pays n’a pas changé. Images noir et blanc ou en couleur mate au charbon (tirage Fresson), on se laisse porter par l’unité de ton, la narration fluide des clichés rangés dans une intertextualité sensible sans ordre chronologiquement, ni thématique. « En Italie je laisse les photos arriver », dit-il, conduit par ce qu’il voit bien sûr, mais surtout « hanté » par sa littérature, sa peinture et son cinéma qui imprègnent nombre de ses photographies. En exergue du catalogue de l’exposition, la phrase de Carlo Emilio Gadda : « Il regardait au-delà des choses… » est on ne peut mieux choisie.
Rome, Milan, Palerme, Gênes, Lucques, Naples ou Palerme ; Italie du Centre, des Alpes, du littoral ou des îles : Bernard Plossu trace d’une écriture visuelle tendre l’attachement qu’il porte à cette terre tant contée par sa mère durant son enfance. Son propos, il ne l’ancre pas pour autant dans le souvenir. Il n’a par exemple pris aucune photographie d’Urbino, le village de son arrière-grand-mère, visité sans désir de prolonger le séjour. L’intérêt est ailleurs, dans l’évocation d’une présence, d’une peinture de Giorgio Morandi, d’une séquence d’un film de Pasolini.

Instantanés éternels
Une meule de foin isolée sur une terrasse surplombant la mer, un soulier vernis, une nuit de pleine lune à Naples ou à Florence, une route de montagne miroitante, un homme appuyé sur une rambarde ou une femme traversant une place… : comme d’habitude, le récit est modeste. L’économie est sa marque, le petit format « la dimension juste » selon lui « pour voyager dans l’image », les lignes, plans et formes d’un paysage ou de demeures formant dans la miniature un concentré de sens que Laurie Hurwitz, commissaire de l’exposition développe à mi-parcours dans un espace qui lui est propre.

Depuis quarante-cinq ans, la narration de Bernard Plossu sur l’Italie a mis hors champ les changements et les mutations de la modernité vécues par les villes et les paysages qu’il arpente longuement à pied. Passé, présent et futur se tournent autour dans un bain d’encre atemporel. Rome a été en 1970 le premier voyage, et une fresque de Pompéi la première image. Les variations de la fameuse « petite musique plossusienne » sont nombreuses et ses harmoniques douces plus contrastées qu’on ne le croit. Excepté les tirages Fresson, la grande majorité de ceux exposés ont été réalisées par Françoise Nuñez, l’épouse de Bernard Plossu, autre silhouette familière de ses images, autre notation intime et familière de ces séjours en Italie.

Bernard Plossu

Commissariat : Laurie Hurwitz, chargée d’exposition à la Maison européenne de la photographie.
Nombre de photographies : 170

L’Italie de Bernard Plossu

Jusqu’au 5 avril 2015, Maison européenne de la photographie, 5/7 rue de Fourcy, 75004 Paris
www.mep-fr.org
mercredi-dimanche, 11h-20, entrée 8 €
Catalogue coéd. Xavier Barral MEP, 216 p., 39,50 €.

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Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°432 du 27 mars 2015, avec le titre suivant : Une fascination italienne

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