Madrid (Espagne)

Un Kirchner sans complexes

Fondation Mapfre - Jusqu’au 2 septembre 2012

Par Fabien Simode · L'ŒIL

Le 28 juin 2012 - 416 mots

Comment monter une énième exposition Kirchner quand plusieurs ont déjà été proposées ? \"Ces deux dernières années, on dénombre pas moins de dix expositions Kirchner\", a calculé Maria Luisa Barrio, commissaire d’exposition attachée à la Fondation Mapfre, qui a pourtant relevé le défi de préparer une nouvelle rétrospective du peintre expressionniste allemand, la première sur le sol espagnol.

Car, de fait, les chefs-d’œuvre récemment prêtés par les institutions pour d’autres manifestations sont soumis au   repos  … Quand ils ne sont tout simplement pas présentés ailleurs, comme à Quimper cet été où le Nu allongé devant un miroir et L’Artiste Marcella font partie de l’exposition   Die Brücke   [lire p. 144].
Heureusement pour la commissaire espagnole, Ernst Ludwig Kirchner, né en Bavière en 1880, eut le bon goût de produire beaucoup avant de se suicider en 1938, sinon même avec obsession, n’hésitant pas au début des années 1910 à Berlin – sa période la plus radicale et, pour cela, la plus appréciée – à carburer à la cigarette, au café et à l’absinthe pour se tenir éveillé. Résultat, cet autodidacte en peinture, architecte de formation, a légué à sa compagne Erna près de 1 800 peintures, 1 500 gravures et 20 000 dessins, un important fonds de photographies et une soixantaine de sculptures.

De quoi fournir à la Fondation Mapfre l’opportunité de produire une   nouvelle   rétrospective. Ce qu’elle a fait en sollicitant vingt-sept prêteurs, de Washington à Dresde, avec un passage obligé par le Kirchner Museum de Davos. Les cent cinquante-trois prêts obtenus retracent le parcours de l’artiste, du Dressage de chevaux blancs (1908-1909), véritable petit bijou de peinture, à son Atelier à la montagne (1937), vidé de son principal occupant comme pour avertir de sa prochaine disparition.
Il ressort de cette anthologie madrilène un Kirchner expérimentateur, passant volontiers de la technique de la peinture à celle de la gravure, de l’estampe à la sculpture, pour revenir à la peinture. Un artiste obsédé par la création qui puise sa force d’abord chez Van Gogh et Munch, avant d’aller voir après 1925 du côté de Picasso, Léger et Le Corbusier pour son ultime période de production. Cette dernière, la moins innovante et donc la moins connue, n’a pas été évacuée par la Fondation Mapfre. Au contraire, celle-ci a tenu à montrer cette partie délaissée de l’œuvre de celui qui, dans les années 1920, n’a pas hésité à antidater ses premières toiles pour mieux rester dans l’histoire.

Ernst Ludwig Kirchner (1880-1938)

Fondation Mapfre, Paseo de Recoletos 23, Madrid (Espagne), www.exposicionesmapfrearte.com

Cet article a été publié dans L'ŒIL n°648 du 1 juillet 2012, avec le titre suivant : Un Kirchner sans complexes

Tous les articles dans Expositions

Le Journal des Arts.fr

Inscription newsletter

Recevez quotidiennement l'essentiel de l'actualité de l'art et de son marché.

En kiosque