Musée

Rutault, définition/méthode version Bourdelle

Par Philippe Piguet · L'ŒIL

Le 1 janvier 2005 - 373 mots

PARIS

Claude Rutault est peintre. Figure singulière des avant-gardes des années 1970, il a formulé un concept qu’il a désigné du nom de « définition/méthode » et qui préside à la mise en forme de toute son œuvre.

Réduit à sa plus simple expression, ce concept pose pour principe qu’« un tableau est peint de la même couleur que le mur sur lequel il est accroché » ; décliné dans des situations plus complexes, il devient le vecteur d’une appréhension de la peinture, voire de la sculpture, et en interroge le statut, la nature et la fonction. C’est dire si, quoiqu’elle trouve son origine au cœur d’une attitude radicale et conceptuelle, la démarche de Rutault n’en débouche pas moins sur une production d’œuvres d’une grande richesse d’invention. La façon dont l’artiste a répondu à l’invitation d’intervenir dans les espaces du musée Bourdelle en est une éclatante illustration, et le choix qu’il a fait d’y explorer les rapports sculpture/peinture à partir de son concept nous donne l’occasion de revisiter l’œuvre de son hôte. Dans le hall dit des plâtres, par exemple, Claude Rutault a opté pour une forme d’intervention qui privilégie l’horizontale par la dispersion d’un certain nombre de piles de toiles, de hauteurs variables, simplement recouvertes d’une préparation, lesquelles contribuent à souligner l’émergence des sculptures de Bourdelle. Ailleurs, il organise comme une rétrospective des œuvres du maître consacrées à Beethoven en les rassemblant dans une même pièce, toutes recouvertes d’un tissu, avec en guise de cartel une photographie de chacune d’elles avant qu’elles ne soient drapées. À l’entrée du musée, Rutault n’a pas pu résister au plaisir de composer avec L’Héraclès qui est placé dans une niche en y bloquant une pile de toiles qui transforme la figure guerrière sinon en serre-livres, du moins en serre-toiles ! « Les toiles et l’archer », le titre générique que Claude Rutault a donné à son exposition en dit long sur la dimension ludique d’une démarche qui, par-delà son propos critique, au sens le plus fort de ce terme, ne se prive ni de clins d’œil, ni de pirouettes de toutes sortes. Une façon comme une autre de faire œuvre de salubrité sémantique.

« Claude Rutault », PARIS, musée Bourdelle, 18 rue Antoine Bourdelle, XVe, tél. 01 49 54 73 73, 20 janvier-15 mai.

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Cet article a été publié dans L'ŒIL n°565 du 1 janvier 2005, avec le titre suivant : Rutault, définition/méthode version Bourdelle

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