Disparition

Disparition du peintre Claude Rutault 

Par Paul Bérat · lejournaldesarts.fr

Le 30 mai 2022 - 336 mots

L’artiste conceptuel fournissait des modes d’emploi à suivre pour créer ses œuvres d’art. 

Claude Rutault. © Claire Dorn, 2017
Claude Rutault.
© Claire Dorn, 2017
Courtesy Galerie Perrotin

L’artiste peintre français Claude Rutault s’est éteint vendredi dernier à l’âge de 80 ans. Né aux Trois Moutiers (Vienne) en 1941, il vivait et travaillait à Vaucresson (Hauts-de-Seine). 

De nature plutôt discrète, Claude Rutault s’est fait connaître dans les années 1970 avec une pratique artistique inédite. Il ne réalisait pas lui-même ses toiles. Il ne supervisait pas non plus leur production. Il énonçait simplement un ensemble de « définitions/méthodes » à observer pour les créer. A destination de « preneurs en charge » (galeries, collectionneurs, musées…), il leur laissait une sorte de mode d’emploi pour les « actualiser », les rendre vivantes. 

La première toile – mode d’emploi qu’il a conçue, intitulé Toile à l’unité et daté de 1973, avait pour consignes (sans majuscule) : « une toile tendue sur châssis peinte de la même couleur que le mur sur lequel elle est accrochée. Sont utilisables tous les formats disponibles dans le commerce, qu’ils soient carrés, ronds ou ovales ». Liée à son support, l’œuvre est inachevée. Il suffit que le mur sur lequel elle est accrochée change de couleur pour qu’elle change aussi. « L’idée, c’est que l’œuvre ne soit jamais terminée. Elle est toujours provisoire », disait l’artiste peintre. 

Si la notion de peinture provisoire l’a occupé toute sa vie, Claude Rutault s’est aussi investi dans la réalisation d’œuvres pérennes dans d’autres matériaux. Pour le réaménagement du Pavillon Dufour du château de Versailles, il y a quelques années, l’artiste a réalisé une œuvre « - de la peinture, sire… », faite de plaques de marbres taillées de manière irrégulière. 

Représenté par la Galerie Perrotin, le travail du peintre a rejoint les collections de nombreuses institutions culturelles françaises, notamment celles des Fonds régionaux d’art contemporains (FRAC). Il est également exposé de façon permanente au Stedelijk Museum voor Actuele Kunst (SMAK) de Gand et au Musée d’art moderne et contemporain (Mamco) de Genève. En 2019, au Musée Picasso, l’exposition « Picasso-Rutault : grand écart » a permis de faire dialoguer deux artistes, deux œuvres et deux approches singulières de la peinture. 
 

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