À Romainville, 42 possibles talents

Romainville (Seine-Saint-Denis). « À ceux qui se demandent à quoi servent en France les écoles d’art et de design publiques, la réponse est ici ! » Keimis Henni, cofondateur en 2015 avec Anna Labouze de l’association Artagon (Marseille, Paris), a rappelé au moment de son inauguration les enjeux de la première édition d’Art Emergence, organisée avec l’aval de partenaires publics, et le mécénat de partenaires privés, notamment la Fondation Fiminco.

Au centre de cette nouvelle manifestation en soutien à la jeune création, une exposition des projets d’études de 42 artistes et designers diplômés en 2024. Avec pour principe l’équité territoriale, soit seulement un artiste ou un créateur retenu par école. Trois commissaires ont effectué un premier tri parmi plus de 300 dossiers de candidature. Aux visiteurs, amateurs et professionnels, de faire à leur tour leur propre repérage dans l’exposition, intitulée « Double Trouble » qui investit le bâtiment des réserves du Frac Île-de-France et celui de la chaufferie de la Fondation Fiminco.

D’entrée de jeu, il apparaît que le bâtiment du Fonds régional, avec ses plateaux étroits et sa façade vitrée, ce jour-là inondé de soleil, écrase la « mise en perspective curatoriale » revendiquée. Celle-ci est plus perceptible dans l’espace de la Fondation Fiminco où les œuvres respirent mieux. Reste qu’à ce stade de leur parcours prometteur, mais balbutiant, les artistes sont pour la plupart encore imprégnés des influences qui les ont façonnés. Et si l’on peut noter que la notion de décor et d’habitat est récurrente dans les projets présentés, on ignore s’il faut y voir une tendance significative ou par exemple l’écho lointain du confinement.

L’enjeu pour ces talents en herbe ? Faire sortir leur travail de l’école, le soumettre à des regards extérieurs, à de nouveaux questionnements, mais aussi côtoyer d’autres pratiques. L’expérience, parce qu’elle crée également une occasion de rencontres et d’échanges pour toute une génération d’artistes et de commissaires, est sans doute bénéfique. C’est ce que l’on souhaite en tous cas aux participants de cette première édition. Trois week-ends de portes ouvertes d’une trentaine d’ateliers collectifs sont au programme d’un parcours dédié à l’art émergent, tandis qu’un festival se tiendra les 25 et 26 octobre à la Maison des Métallos, troisième volet de la manifestation, dans son versant plus festif.