Qui était vraiment Cléopâtre ?

Celle-ci se déroule comme une enquête menée par les commissaires de l’exposition. Dans un parcours à la scénographie élégante et efficace, les objets de l’exposition – sculptures, bijoux, livres, tableaux ou costumes –, mis en valeur par des murs noirs ou pourpres, racontent la condescendance des contemporains romains face à cette dernière souveraine des Ptolémées qui fut la maîtresse de Jules César et de Marc Antoine. Mais on apprend grâce aux études de l’archéologue Christiane Ziegler, directrice honoraire du département des Antiquités égyptiennes du Louvre, qu’elle ne fut peut-être pas si belle, puisque les hommes de lettres qui l’ont rencontrée évoquent non pas sa beauté, mais la grâce de sa conversation, son humour et les multiples langues qu’elle maîtrisait. Pourtant, elle apparaît dans la peinture occidentale comme une femme fatale, dont le cri au moment de la morsure de serpent par laquelle elle provoque sa mort pour ne pas subir l’humiliation d’être exhibée comme prisonnière d’Octave semble se confondre avec celui d’un orgasme. Avec le cinéma, sa figure se hisse au cours du XXe siècle au rang de mythe, inspirant aujourd’hui encore les artistes contemporaines et féministes. Un riche catalogue prolonge et complète l’exposition menant à la rencontre de cette reine devenue mythique, qui reste cependant largement méconnue.