Histoire

LITTÉRATURE

Proust et le côté de Jeanne Weil

Par Jean-Christophe Castelain · Le Journal des Arts

Le 16 mai 2022 - 379 mots

PARIS

À la recherche des empreintes du judaïsme dans l’œuvre et la vie de Marcel Proust.

Paris. Le Musée d’art et d’histoire du Judaïsme profite des commémorations du centenaire de la mort de Marcel Proust (1871-1922) pour mettre au clair le rapport de l’auteur de La Recherche à sa judéité. Ce qui n’est pas simple. Si sa mère était juive (non pratiquante), son père était catholique, comme lui-même et son frère. C’est d’ailleurs précisément ce qu’il écrit à Robert de Montesquiou dans un rare témoignage sur ses origines juives. On peut comprendre qu’il ne tenait pas particulièrement à rappeler cette filiation dans une société très antisémite, comme l’étaient certains de ses amis tel Lucien Daudet. Mais jusqu’à quel point sa judéité imprègne-t-elle sa pensée et son œuvre ?

Swann, Bloch et Esther

L’exposition tente d’accumuler les indices pour montrer que cette part n’est pas aussi faible qu’on le pense. Ainsi Marcel est-il resté constamment en contact avec sa famille maternelle, les Weil, de grands bourgeois citadins, et ceux-ci ne sont pas étrangers à son engagement public en faveur du capitaine Dreyfus alors que son père était anti-dreyfusard.

Mais les deux personnages principaux juifs de La Recherche ont des destins inverses : Swann revient au judaïsme vers la toute fin de sa vie tandis qu’Albert Bloch s’en éloigne pour se convertir au catholicisme. Quoi qu’il en soit, aucune des deux figures n’a pratiqué la religion juive. Le parcours développe longuement l’intérêt commun de Jeanne et de son fils pour le personnage biblique d’Esther, laquelle avait dissimulé à son époux son identité juive, de même qu’une section entière est consacrée aux Ballets russes dont la relation au sujet est peu explicite.

Visuellement, pour un visiteur peu attentif, les tableaux qui arrêtent le regard évoquent surtout la société de l’époque : les Ballets russes, les plages de Normandie… Au fond, il y a deux manières d’appréhender le parcours. La première est de le considérer comme une forme de biographie de Proust avec un simple fil rouge sur sa judéité. La seconde est de se focaliser sur ce fil rouge, principalement dans la première salle axée sur la généalogie de la famille Weill, et dans la dernière, sur la réception critique de Proust dans les revues sionistes. Dans les deux cas, les amoureux de Proust sont comblés.

Marcel Proust, du côté de la mère,
jusqu’au 28 août, Musée d’art et d’histoire du Judaïsme, hôtel de Saint-Aignan, 71, rue du Temple, 75003 Paris.

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Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°589 du 13 mai 2022, avec le titre suivant : Proust et le côté de Jeanne Weil

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