Pierre Charpin : « Ce prix ne va pas changer ma manière de travailler »

Designer nommé «Â Créateur de l’année 2017 » par le salon Maison & Objet

Par Christian Simenc · Le Journal des Arts

Le 15 février 2017 - 501 mots

Une décennie après avoir été distingué par ce même titre au feu Salon du meuble 2005, le designer Pierre Charpin, 54 ans, est nommé «Â Créateur de l’année 2017 » par le Salon Maison & Objet Paris avec, à la clé, une exposition au sein du salon, dont la dernière édition a eu lieu du 20 au 24 janvier.

Plutôt qu’une mini-rétrospective, Charpin a présenté sa production récente : une pièce unique avec une splendide cloche ; des séries limitées ou diffusées en masse telles les corbeilles pour Alessi ; le fauteuil Slice pour Cinna ; la table Crescendo pour la galerie Kreo, les vases de la manufacture de Sèvres, les boîtes pour Hermès. Un ensemble qui, dans toute sa diversité, a livré une idée précise de l’univers du designer et de son langage formel. Il y revient ici.

Les cartels de votre exposition étaient particulièrement écrits. Pourquoi accorder une telle importance aux mots ?
Lorsque j’élabore un objet, tout est d’abord dessin et forme. Il y a aussi des choses que je ne saisis pas sur le moment. Quand l’objet est fini et que je le regarde, ces choses alors apparaissent. Les mots permettent de décrire cela. Ils peuvent donner quelques clés supplémentaires pour comprendre un objet. Le texte vient toujours après l’objet. Mais chaque objet ne fait pas systématiquement l’objet d’un texte.

Quel que soit le registre, artisanal ou industriel, il est un facteur incompressible : le temps d’élaboration. La nouvelle lampe « PC » pour la firme britannique Wrong London a mis trois ans pour voir le jour. Quelle en est la genèse ?
C’est un projet qui a évolué en cours de route. Au départ, il s’agissait de dessiner une lampe-pince un peu « cheap », en clair : de petite dimension et bon marché. Au fur et à mesure, il nous a été demandé de complexifier l’objet. Le résultat est ce luminaire, style lampe d’architecte, doté d’une technologie sophistiquée comme une source LED ou des bras articulés par des pistons à gaz. Puis, la gamme s’est élargie : outre la lampe-pince, se sont ajoutés une applique, une lampe de bureau et une liseuse. Cet objet, simple comme une image, recèle en réalité une somme de détails, or je voulais que la technologie ne se voie pas. D’où cette couleur unique qui unifie chaque élément, qu’il soit en aluminium, en fonte ou en plastique. Au final, ce n’est presque plus une lampe, juste une silhouette.

Le fabricant français Cinna a décidé de rééditer votre fauteuil « Slice » et le miroir « OM ». Ce prix de « Créateur de l’année 2017 » serait-il un sésame ?
Pour être franc, j’ai été très surpris que l’on me décerne ce prix. C’est une forme de reconnaissance de plus de deux décennies de travail et cela m’a fait plaisir, mais cela ne va pas changer ma manière de travailler. Pour Cinna, ce sont, certes, de bonnes nouvelles. Mais j’ai dessiné le fauteuil Slice en 1996 et le miroir OM en 1998. J’espère que notre collaboration ne se résumera pas à des rééditions, comme les entreprises ont pris l’habitude de le faire avec leurs grands créateurs disparus.

Légende photo

Pierre Charpin. © Photo : Morgane Le Gall.

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°473 du 17 février 2017, avec le titre suivant : Pierre Charpin : « Ce prix ne va pas changer ma manière de travailler »

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