Néoclassicisme

Percier en solo

La première monographie consacrée à Charles Percier révèle une œuvre féconde

Par Élisabeth Santacreu · Le Journal des Arts

Le 10 mai 2017 - 384 mots

FONTAINEBLEAU - Le tandem Percier-Fontaine est bien connu. Architectes, ils ont imaginé de concert la rue de Rivoli et l’arc de triomphe du Carrousel, à Paris.

Pour Bonaparte, ils ont construit les décors éphémères du sacre ; pour Joséphine, ils ont aménagé la Malmaison ainsi que ses appartements privés à Fontainebleau. C’est pourtant au seul Charles Percier (1764-1838) que rend hommage le château-musée de Fontainebleau (Seine-et-Marne) avec cette première exposition monographique, sous le co-commissariat de Jean-Philippe Garric et Vincent Cochet. Coproduite en collaboration avec le Bard Graduate Center de New York qui l’a présentée en 2016, elle ouvre de passionnantes perspectives, développées dans un catalogue qui constitue une somme sur un créateur méconnu.

La présentation du personnage et de ses proches montre l’aura de cet artiste d’origine modeste, lauréat du prix de Rome en 1786, qui forma lui-même plusieurs futurs prix de Rome et membres de l’Institut. De cette lignée témoigne une bague, une intaille romaine qui lui avait été donnée en 1803 par l’architecte Julien David Leroy, transmise jusqu’à aujourd’hui d’architecte en architecte.

Extraordinaire dessinateur, Percier mit son talent au service des projets architecturaux élaborés avec Pierre Fontaine, mais travailla aussi seul, même si ses travaux étaient signés des deux noms. L’exposition montre que, dans l’association avec Fontaine, il était le créateur des formes et Fontaine celui qui permettait l’existence des œuvres, en assurant les relations avec les clients aussi bien que le suivi des chantiers ou des publications.

Le sous-titre, qui mentionne le design, est justifié par la section consacrée aux meubles et objets de décoration : Percier fournissait les dessins aux artisans tels les ébénistes Jacob qui collaboraient avec lui sur la mise au point des meubles puis commercialisaient des séries pour leur propre compte. De même, l’orfèvre Martin Guillaume Biennais réinterprétait ses modèles, ce qu’illustre la comparaison de dessins avec une terrine d’argent appartenant à la Banque de France.
Revenu d’Italie avec de nombreux croquis, continuant longtemps à se constituer une documentation, Percier n’a pas été uniquement inspiré par l’Antiquité. Curieux de la Renaissance française qu’il a côtoyée à Fontainebleau, il a aussi été un précurseur du style troubadour, inspiré par sa découverte du Moyen Âge au côté d’Alexandre Lenoir. C’est un artiste prolifique, complexe et novateur que présente cette exposition, loin du simple pilier du style Empire qu’on a pu voir en lui.

Charles Percier (1764-1838). Architecture et design
Jusqu’au 18 juin, château de Fontainebleau, 77300 Fontainebleau.

Légende Photo
Percier et Fontaine, Planche 44 du recueil Palais, maisons et autres édifices modernes dessinés à Rome, 1798, collection particulière. © Photo D.R.

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°479 du 12 mai 2017, avec le titre suivant : Percier en solo

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