Pasqua, tout en pudeur

Par Philippe Piguet · L'ŒIL

Le 26 juillet 2007 - 266 mots

Plans rapprochés, cadrages serrés, points de vue en contre-plongée, les figures peintes de Philippe Pasqua font appel à un vocabulaire éminemment cinématographique.

Sa façon de nous les donner à voir dans un tel précipité formel contribue à nous les rendre d’évidence familières. Comme s’il s’agissait de faire l’économie d’une présentation. C’est que l’important n’est pas de savoir qui est représenté mais de confronter notre regard à la masse incarnée de la peinture. Les prénoms de Constance ou d’Arthur qui donnent aux tableaux leurs titres ne servent que de prétextes à distinguer l’un de l’autre.

« Ce qui frappe dans la peinture de Philippe Pasqua, c’est une sorte de familiarité spontanée et directe avec ce que l’on pourrait appeler le langage de la chair, l’expressivité du corps », note quelque part Pierre Restany. De fait, c’est bel et bien cette présence immédiate qui importe, cette mise nez à nez avec la peinture qui classe l’art de Pasqua du côté d’un Soutine, d’un Bacon ou d’un Freud. On pourrait même faire appel à Manet quand il affirme que « la peinture n’est autre chose que la peinture, elle n’exprime qu’elle-même ».

La nouvelle livraison de Pasqua, dont les travaux excèdent par leur dimension toute échelle naturaliste, conforte ce qu’il en est de cette qualité essentielle. Pourtant la charge suggestive des motifs qu’elle décline – nu féminin au sexe offert, jeune fille suçant son pouce, femme en position aguichante… –, accuse d’abord la dimension sensuelle et érotique de l’acte pictural.

« Philippe Pasqua – Peinture et dessin », Galerie Rx, 6, avenue Delcassé, Paris VIIIe, tél. 01 45 63 18 78, jusqu’au 21 mai 2007.

Cet article a été publié dans L'ŒIL n°591 du 1 mai 2007, avec le titre suivant : Pasqua, tout en pudeur

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